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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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de ces dames et s’il est question d’un mariage de l’une ou de l’autre avec le captal… Sans doute apprendrez-vous aussi à combien d’hommes il commande… Je veux tout savoir… Tout !
    – Où vous rejoindrai-je, sire ?
    – Sur le chemin de Reims ou dans cette cité.
    Le prince engloba d’un coup d’œil apparemment dédaigneux les voûtes ombreuses, les flambeaux dont l’or s’échevelait sous des afflux d’air frais, la cheminée où crépitaient des sarments, et les mornes confins de cette salle austère dont il avait fait son refuge. Nul doute qu’il lui substituait les hautes croisées d’ogives de la cathédrale rémoise au tréfonds de laquelle, en quelque coffret pour ainsi dire inaccessible, reposait, dans un velours d’azur semé de lis, la Sainte Ampoule pansue dont le bouchon avait la forme d’une couronne. Et tandis que son attitude exprimait une sorte d’émancipation superbe et définitive, Charles, cinquième du nom, désigna d’un geste bref la porte derrière laquelle deux guisarmiers, quelques moments plus tôt, avaient décroisé leurs armes.
    – Allez, mon ami… Allez !… Si vous ne pouviez me rejoindre, confiez ce que vous aurez appris à Guesclin… Vous saurez, j’en suis sûr, comment nos ennemis se préparent et en quels lieux leurs batailles se réuniront… Mon sacre est pour le dimanche 19, nous sommes le jeudi 9… Vous avez du temps de reste…
    Sacquenville, qui m’est plus loyal et dévoué que son affreux cousin, vous fournira quelques cottes armoriées aux armes du captal ou de ses compères. Vous les revêtirez si besoin est…
    D’une chiquenaude renouvelée, le roi fit sauter deux grains de plâtre ou de mortier qu’il venait d’apercevoir sur son épaule. Allons, il avait encore de la force et savait promptement éloigner les gêneurs.
    – Partez, dit-il, et que Dieu vous assiste !
    *
    –  Je ne comprends rien à toute cette histoire, dit Matthieu en caressant l’encolure de Carbonelle qu’il montait comme il eût monté un palefroi.
    – C’est pourtant simple, dit Tristan. Puisque nous approchons de Vernon, j’ai le temps de t’ouvrir l’esprit.
    – Tu fais bien, ricana Tiercelet qui eût certainement voulu être ailleurs – en Avignon peut-être.
    Tristan se laissa rejoindre par les deux hommes.
    – Voilà, dit-il. Quand le duc de Bourgogne est mort à quinze ans (377) , le roi Jean prétendit être son plus proche parent : il avait épousé la mère du défunt et administrait le duché selon la coutume de Bourgogne. Charles de Navarre représentait, lui, sa grand-mère Marguerite, aînée des filles du duc Robert II de Bourgogne. Il a, lui aussi, de justes prétentions sur ce duché (378) .
    –  Et le captal ?
    – Il a fait partie de l’ambassaderie que Charles avait envoyée au roi de France pour régler ce sujet (379) , mais il savait qu’il échouerait. Alors, le Mauvais s’est allié au roi de Castille, au roi d’Aragon (380) voire à Henri de Trastamare pour guerroyer au mois d’août d’il y a deux ans. Or, le captal tomba malade. Les compagnies qu’il avait réunies ont été dispersées (381) . On a dit que le Mauvais s’était rendu en Avignon lorsque Jean II y était pour faire valoir ses droits au Pape. Je ne l’ai pas vu lorsque j’y séjournais.
    – Et le captal, messire ? insista Paindorge dont le cheval semblait se regimber à force de trop piéter dans la boue des chemins. Qui est-il vraiment ?
    – Par sa grand-mère, Jeanne de Foix, il descend de Robert d’Artois, frère de Saint-Louis. Il est donc apparenté à la famille royale et cousin, issu de germains, de Charles de Navarre. Il est aussi le cousin de Gaston Fébus, comte de Foix. Enfin, par son mariage avec Rose d’Albret, il est le beau-frère d’Arnaud Amanieu dont l’influence, en Langue d’Oc et ailleurs, est importante.
    – Est-il vaillant ?
    – Certes. A Poitiers, il a fait merveille contre nous. L’année suivante, au retour d’une guerre en Prusse où il avait accompagné son cousin, le comte de Foix, il appartenait à cette flote (382) qui a délivré la reine de France dans Meaux assiégé par les Jacques. Il était procureur du roi Édouard III au traité de Brétigny-les-Chartres. C’est avec la permission du roi d’Angleterre qu’il a servi le roi d’Aragon, il y a six ans, puis le roi de Navarre (383) …
    – Ce Grailly est-il bon capitaine ?
    Toujours Paindorge. Allait-il craindre cet homme

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