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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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toutes ne peuvent sortir du cul de ces dames.
    – Nous sommes dimanche, Tiercelet 129 . Il ne serait pas étonnant que le captal, s’il vient, arrive à Vernon ce soir. On lui prépare son repas et celui de ses capitaines.
    – Si les hommes d’armes passent la nuit à l’entour de Vernon, il nous sera malaisé d’entrer… mais on peut toujours essayer.
    – Nous mettrons les cottes que Sacquenville nous a fournies.
    Tristan s’attendait à une approbation. Tiercelet parut mécontent :
    – Je n’ai guère confiance en ce baron. Il aurait dû mener l’assaut de Rolleboise. Il n’a jamais cessé d’atermoyer : il se pouvait que son cousin ait été dans les murs… Nous allons devoir nous aider avec notre tête et nos jambes. Et je ne suis pas sûr que nous réussissions… Laissons à Paindorge et à Matthieu ce qui fait de nous des hommes d’armes. Ne conservons que nos tranchelards et joignons-nous en hâte à ces charrois !
    Deux chariots bâchés, tirés l’un par un cheval, l’autre par des bœufs, venaient d’apparaître sur le chemin du château. Trois femmes rieuses suivaient le premier, cinq hommes entouraient le second.
    Des trouvères, dit Tiercelet. Du service du roi, nous tombons au tinage (386) . J’ai grand-peur qu’ils ne nous acceptent pas, Tristan, même si tu sais chanter et moi faire des tours.
    C’étaient bien des trouvères et des jongleurs. Comme Tiercelet l’avait prévu en se portant à leur rencontre, ils refusèrent d’admettre deux hommes en peine dans leur compagnie. Ils venaient de Mantes. On les avait mandés pour célébrer au château de Vernon, le lundi 13, les féeries de la Pentecôte et dans les arrangements antérieurs à leur venue, ils avaient précisé leur nombre.
Ne crois-tu pas qu’ils vont parler de nous ?
    – Non. Tristan. Ils l’auraient fait si j’avais insisté. Je leur ai dit que nous étions de Meulan… Ils m’ont conseillé de rejoindre le captal…
    – Nullement au château, mais pour guerroyer avec lui !
Tout juste.
    Tiercelet sourit, regarda les murailles et les trouva infranchissables.
    – Alors ? demanda Tristan.
    Le brèche-dent se pinça le nez tout en méditant, sans doute, sur la façon de pénétrer à l’intérieur de l’enceinte. Avant même qu’il eût parlé, Tristan comprit qu’il s’était résigné.
    Nous ne pourrons entrer. Vois, là, sur la cour tine, il y a deux regards 130 . Les femmes qui vivent là peuvent tout craindre du nouveau roi. Le mieux, c’est d’attendre et d’espérer… Si Dieu est avec nous, nous saurons ce que nous voulons savoir hors des murailles… Restons où nous sommes. Au besoin passons-y la nuit… Demain, nous nous rapprocherons des tours portières… Si la Jeanne est amourée du captal, eh bien, elle l’accompagnera hors des murs… Si elle est baveuse 131 , ils paroleront et il est bien rare qu’au moment de se séparer, les gens de cette espèce ne répètent pas ce qu’ils se sont dit… Et puis quoi ? Tu ne vas pas risquer ta vie ou ta santé pour un roi malade ! Tu lui raconteras des sornes et je suis sûr qu’il les prendra pour vraies !
    Cette philosophie, c’était tout Tiercelet. Tristan y souscrivit sans hésitation.
    *
    Le captal arriva lorsque la nuit tombait. Il était précédé de quatre capitaines, suivi de sept autres parmi lesquels un homme aiguillonna l’intérêt de Tristan. Dissimulé dans une roncière auprès de Tiercelet endormi pour de bon, il réveilla son compère d’un coup de coude :
    – Les voilà !… Ils sont une douzaine. Il y a parmi eux quelqu’un que je connais, mais il fait trop sombre pour que je lui donne un nom.
    – Tu le sauras lorsqu’il repartira.
    Le brèche-dent s’agenouilla puis, écartant quelques branchettes :
    –  Oh ! Oh !… Ils étaient attendus et l’on désespérait de les voir !
    Le pont s’était abaissé, la sarrazine relevée. Deux formes claires partaient au-devant des visiteurs, empêchant ceux-ci de mener leurs chevaux jusqu’au seuil de la forteresse.
Quelle liesse ! grommela Tiercelet.
    Les propos et les mouvements des deux dames révélaient une joie, une ferveur qui laissaient augurer une nuit agitée. Elles riaient et battaient des mains. La plus jeune, Blanche, tapotait la senestre d’un homme qui semblait hésiter à descendre de son cheval, cependant que celui que Tristan connaissait riait soudain fort et sans raison.
J’y suis !… Je reconnais sa façon de

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