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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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soulever par le col et le secouer jusqu'à ce qu'il parle.
    – Je sais. Je n'ai pas peur.
    Elle déposa un baiser dans son cou.
    Il l'aida à se faufiler par l'ouverture. Elle était si frêle qu'elle ne heurta même pas les parois.
    – Nous l'avons, prévint Évrard.
    Un rire cristallin :
    – Urdin, je ne vois que des contours, des couleurs, mais je sens que c'est beau. Oh, c'est le plus joli endroit que je connaisse. Je vais être si bien ici.
    1 Serviteur laïc qui a la charge des celliers et des caves.
    2 Sorte de vaisselier à plusieurs étagères dont on meuble les chambres, les salles communes ou les cuisines des puissants.
    3 Miroir. L'étamage des glaces date duXVIe siècle. Toutefois, on utilise des miroirs de métal poli depuis l'Antiquité. Dès leXIIIesiècle, on a l'idée d'appliquer des feuilles d'étain derrière des plaques de verre, de sorte à grandement améliorer la réflexion.

Abbaye de femmes des Clairets,Perche, février 1308, le lendemain
    Lèvres pincées, son vilain museau de fouine frémissant d'indignation, Agnès Ferrand avait refusé de s'asseoir à l'invitation de Plaisance de Champlois. L'abbesse avait accepté la pressante requête d'audience de sa fille à contrecœur. Rien de ce qui venait d'Agnès ne pouvait être plaisant, et encore moins lumineux. Elle s'attendait donc à un affrontement larvé, à une joute sournoise où l'autre mettrait un point d'honneur à relever les prétendues faiblesses ou manquements de leur mère. Elle ne fut pas déçue.
    – Votre extrême bonté – qui vous fait honneur, ma mère – vous a encouragée à accepter la présence de… enfin de monstres, de contrefaits entre nos murs.
    – Le chapitre a soutenu cette décision.
    – Le chapitre – qui vous est acquis depuis que vous l'avez remanié – a accordé à ces… êtres une permission d'hébergement jusqu'aux premiers jours de clémence, en échange de leur travail et de votre certitude qu'ils ne pourraient pas nuire. Il m'est pénible de devoir vous rappeler que votre récente générosité au profit de lépreux de la maladrerie de Chartagne* avait failli se solder par notre trépas à toutes ! Dans d'effroyables conditions.
    – Je vous rappelle qu'il ne s'agissait pas de générosité de ma part mais d'un ordre de Rome !
    – De votre parrain, en effet.
    L'agacement gagna Plaisance. Agnès Ferrand soulignait ce détail, avec une perfide instance, à chaque occasion qui se présentait. À l'envie qui rongeait Agnès en permanence s'ajoutait un calcul bien plus trouble : Plaisance, en raison de sa parentèle baptismale, aurait dû parvenir à obtenir des privilèges supplémentaires pour leur monastère. Certes, madame Ferrand était assez intelligente pour ne pas ignorer que le très vague lien de cousinage qui unissait la mère de Plaisance au Saint-Père ne pesait pour rien dans la politique pontificale. Toutefois, le répéter lui permettait de souligner, auprès de toutes les sœurs qui lui prêtaient encore attention, le supposé peu de cas que faisait l'abbesse de leur abbaye. En effet, dans le cas contraire, l'abbesse se serait démenée pour arracher quelques faveurs à son parrain. Plaisance n'avait aucune illusion sur le travail de sape entrepris, depuis son élection, par la sœur portière. Sèche, elle lâcha :
    – D'un parrain dont je vous ai répété que je ne l'avais jamais rencontré, à l'instar de sa multitude de filleuls.
    – Oui, oui, je sais, répondit l'autre d'un petit ton sarcastique.
    Soudain désireuse de se débarrasser de cette présence qui lui pesait, Plaisance demanda :
    – Vous n'avez pas requis urgente audience dans le seul but d'évoquer à nouveau mes liens baptismaux, n'est-ce pas ? Revenons-en à l'objet de votre visite, je vous prie, ma fille.
    Agnès Ferrand se renfrogna encore davantage, adoptant une mine grave et douloureuse, son menton rentrant de désapprobation dans son cou. Plaisance s'en voulut un peu, à peine, de son manque de charité. Toutefois, autant l'admettre : la laideur de la sœur portière allait à merveille avec son esprit acariâtre.
    – Or donc, votre bonté proverbiale vous a suggéré d'accueillir ces contrefaits. Vous n'ignorez pas que des rumeurs circulent à leur sujet. Elles se propagent à la vitesse d'un cheval au galop et ne sont pas de nature à concourir à l'apaisement de notre monastère, déjà fort malmené.
    Et tu t'emploies à les inventer et à les répandre, songea

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