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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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chainse, fait d'un lainage léger qui remplaça le doublet.
    3 Torchon, chiffon à nettoyer.
    4 XIIe siècle. Moine de Cluny. Poète qui laisse une œuvre importante en vers. Il semble avoir incarné un idéal monastique rigoureux, ne dédaignant pas la satire morale dans le but de fustiger les vices.
    5 Poème rythmique latin, écrit vers 1280 par Adam de la Bassée, chanoine de Lille.
    6 Livres de recettes.

Abbaye de femmes des Clairets,Perche, février 1308, ce même jour
    Un vent hargneux et glacial sifflait entre les bâtiments de l'abbaye, soulevant des volutes de neige, lorsque Mary de Baskerville pénétra dans la bibliothèque.
    Agnès Ferrand, sœur portière, était, à son habitude, plongée dans une lecture édifiante mais qui, malheureusement, ne lui détordrait pas le jugement.
    – Vous voilà bellement occupée, ma chère sœur, attaqua Mary.
    D'un ton suffisant, l'autre déclama son coutumier couplet :
    – Rien n'équivaut l'érudition. Je le répète à perdre le souffle. Bien sûr, seules les âmes supérieures peuvent apprécier toute la sagesse, toute la perspicacité contenues dans nos vénérables ouvrages.
    – Cela est si pertinent. Malheureusement, elles sont rares, approuva Mary de Baskerville, qui, en l'occurrence, partageait assez la conviction de la portière, à ceci près que l'apothicaire se réjouissait de son intelligence comme d'un don précieux, sans pour autant tenir rigueur à ceux qui avaient été moins bien pourvus.
    – Je crois, chère Mary… Je crois que nous allons nous entendre, concéda Agnès.
    – J'en suis certaine, et cette conviction me fait chaud au cœur, mentit l'Angloise.
    À coquine, coquine et demie, songea-t-elle.Et ne te trompe, vilaine charognarde : je suis bien plus retorse que toi. Il n'est de honte à tromper que lorsque l'on dupe des gens d'honneur. Tu n'en fais pas partie.
    – Justement, reprit-elle. J'ai besoin de vos lumières, ma chère bonne…
    Agnès Ferrand se rengorgea, attendant la suite avec impatience.
    – … Notre mère m'a chargée d'une bien lourde tâche : enquêter sur la mort de Blanche et de Rolande. Laissons, si vous le voulez bien, la seconde de côté pour l'instant. Je m'interroge…
    – Si je puis vous aider, piqua du bec 1 la portière.
    La réputation de grande intelligence de l'apothicaire était montée à ses oreilles, lui déplaisant d'abord fort. Toutefois, si un tel entendement sollicitait son concours, c'était, à n'en point douter, parce que l'Angloise reconnaissait en elle une puissance d'esprit comparable à la sienne. Un beau dédommagement quand toutes ces sottes, ces insignifiantes de l'abbaye l'évitaient. Une revanche savoureuse après l'ignoble décision de cette bécasse de Champlois de l'écarter, non, de la renvoyer, de l'abbaye.
    – Si fait ! Je vous avoue – en confidence – que j'ai formé des doutes au sujet de notre défunte sœur Blanche de Cerfaux. J'ai d'abord ajouté foi au concert d'éloges qui saluait sa perfection. Outre que je me méfie de la trop grande perfection, Blanche a été occise avec une haine qui prouvait que quelqu'un la détestait plus que tout. Alors certes, certains envieux en veulent aux purs de leurs qualités et s'acharnent à les détruire. Toutefois, il s'agit là de cas d'exception, et mon expérience de l'âme humaine est qu'on tient surtout rigueur aux autres du mal qu'ils vous ont fait endurer. Une question me taraude donc : Blanche aurait-elle pu provoquer l'ire de quelqu'un, son désir de vengeance pour une raison fondée ?
    Le petit visage de fouine d'Agnès, aux yeux sans cesse en mouvement, se fripa d'une joie mauvaise. Enfin, elle allait pouvoir vider son fiel à la demande. Elle sauta aussitôt sur l'occasion de jeter son intarissable venin :
    – Votre acuité d'esprit me soulage, ma chère. En effet, je connaissais cette Cerfaux. Elle avait été semainière de porterie, sous mon autorité directe donc.
    – Et qu'en aviez-vous pensé ? insista Mary d'un ton complice.
    – Ah, ma bonne chère… Nous sommes ici dans un lieu où la raison est malvenue, pire, elle est suspecte. Oser proférer des réserves au sujet d'une sœur ou même d'une novice est considéré comme un péché, la marque d'une malveillance acharnée.
    – En ardente défenseuse de la lucidité, j'en conclus donc que vous aviez formé des réserves au sujet de Blanche. Ainsi que je vous l'ai dit, j'ai quelques doutes quant à son tempérament… angélique,

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