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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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les précipiter dans la chambre quand maître Niklaus Barbesaen, chaussetier de son état et chef de l'escouade préposée ce jour-là à la garde, monta du rez-de-chaussée précédant un grand moine en froc noir dont le capuchon, baissé sur le haut visage ne permettait de voir qu'une longue barbe rousse.
    — Que voulez-vous ? fit Gauthier impatiemment. Et qu'est-ce que vous nous amenez là encore ?
    Le chaussetier offusqué considéra le jeune homme avec un franc dégoût.
    — Un saint moine augustin, le frère Jean de la Vraie Croix qui arrive de Cologne où il a longuement prié devant les reliques des Trois Rois, a appris, en regagnant son couvent, le retour de la dame de Brazey dans notre bonne ville. Il dit qu'il a été jadis son confesseur et que...
    — Dame Catherine ne veut voir personne ! Elle a ouï la messe hier, pour la Quasimodo.
    — Mais on m'a dit qu'elle ne s'était pas confessée et n'avait pas communié depuis longtemps, coupa le nouveau venu avec un accent flamand à faire trembler les murs. Or, de mon temps, cette chère dame était fort exacte à tous ses devoirs religieux. Voilà pourquoi j'ai pensé qu'elle serait peut-être heureuse de reprendre ses anciennes habitudes...
    — Si ma maîtresse n'a pas jugé bon de se confesser hier, je ne vois pas pourquoi elle en aurait envie ce matin, riposta Gauthier.
    La discussion menaçant de s'éterniser, maître Barbesaen battit en retraite.
    — Je vous laisse. J'ai à faire en bas... mais vous devriez d'abord demander à cette dame ce qu'elle en pense, mon garçon, maugréa-t-il.
    On n'aime pas beaucoup, céans, les femmes qui refusent de se mettre en règle avec le Seigneur... surtout quand elles sont en péril de mort !
    Le mot tomba aussi brutalement que la hache du bourreau créant un froid et un brusque silence. Tandis que le chaussetier tournait les talons, le moine dit :
    — Vous pouvez toujours lui demander si elle veut voir un moment celui qu'elle appelait son bon frère Jean ?... Si elle refuse, je m'en irai et me contenterai de prier pour elle dans notre chapelle...

    Puis, en homme disposé à patienter, il alla se planter devant un ange d'or et d'azur dû au pinceau prestigieux de Jean Van Eyck et qui illuminait le mur au-dessus d'une crédence. Quelque chose dans son attitude intrigua Gauthier sans qu'il pût démêler ce que cela pouvait bien être. Peut-être cette façon désinvolte de contempler le tableau, les mains nouées derrière le dos en se balançant d'avant en arrière sur des pieds nus chaussés de sandales... ou peut-être le fait que les mains en question étaient étrangement soignées pour être celles d'un pauvre moine voyageur au froc effrangé et rapiécé.
    Sans plus insister, il alla frapper à la porte de Catherine et entra. Il la trouva levée mais plus pâle que jamais. Sa peau fine avait perdu sa belle couleur dorée pour des transparences d'albâtre sous lesquelles se montrait le réseau bleuâtre des veines. Ses grands yeux violets étaient si largement cernés qu'elle avait l'air de porter un masque sur le haut de son visage... Vêtue d'une ample robe de ce blanchet qu'elle avait toujours affectionné, et dont les plis moelleux dissimulaient à la fois sa maigreur et son ventre apparent, elle se tenait assise dans l'embrasure de la fenêtre et regardait au-dehors les branches du saule où se montraient de minuscules pousses vert tendre. Jamais l'écuyer ne lui avait vu visage aussi fatigué...
    Elle ne détourna pas la tête quand Gauthier entra et quand il annonça le visiteur elle se contenta de murmurer :
    — Je ne veux voir personne. Il sera déjà assez pénible de recevoir la femme du bourgmestre.
    — Mais ce moine dit qu'il était votre confesseur, jadis...
    — Quelle sottise ! Je n'ai jamais eu de confesseur attitré. C'est un imposteur simplement...
    — Il dit aussi qu'il était un ami et que...
    Elle haussa les épaules avec un petit rire infiniment triste.
    — Un ami ? Ici ?... En dehors de ce pauvre Van Eyck, je ne vois pas...
    — Vous ne faites pas bien les commissions, mon jeune ami, reprocha du seuil la voix flamande du moine qui était entré sans qu'on l'entendît. Je vous ai dit de demander à dame Catherine si elle voulait bien recevoir celui qu'elle appelait son bon frère Jean...
    Puis brusquement la voix baissa considérablement de ton tandis que le rude accent flamand disparaissait comme par magie.

    — Allons, Catherine ! murmura-t-il. Vous m'avez souvent appelé

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