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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Van de Walle ou l'autre bourg mestre Maurice de Varssenare venait lui rendre une très cérémonieuse visite, s'inquiétait de sa santé, de ses besoins mais ne répondait jamais à ses questions lorsqu'elle essayait de savoir où en étaient les pourparlers avec le Duc...
    En foi de quoi, elle avait l'impression que les choses étaient loin de s'arranger car à chacune de leurs visites, elle leur trouvait la mine plus grave et le regard plus inquiet.
    Cela ne la tourmentait pas outre mesure d'ailleurs car elle en venait à éprouver, pour son propre destin, un curieux détachement. Trop de catastrophes s'étaient abattues sur elle depuis qu'elle avait dû quitter sa chère Auvergne. Elles avaient fini par user sa résistance morale et, à présent, la mort, même tragique, même sanglante sous la doloire d'un boucher, prenait lentement les couleurs apaisantes d'une délivrance.
    En quittant la vie, elle entrerait enfin dans le repos éternel, elle serait débarrassée à tout jamais de ce corps qui lui avait donné des joies, certes, mais tellement plus de souffrances, de ce cœur trop souvent mis à la torture par la dureté, l'égoïsme et l'intransigeance d'Arnaud.
    Parfois, la nuit, tandis que les yeux grands ouverts dans l'obscurité elle écoutait couler les heures sans trouver le sommeil, elle cherchait à sonder la vérité de ce cœur. Naguère encore, la seule évocation de son époux suffisait à en accélérer le rythme, à le faire soupirer de bonheur ou se crisper de souffrance. Mais depuis quelque temps il restait étrangement silencieux, comme si, las d'avoir trop crié dans le désert, il avait perdu sa voix...
    Seule, la pensée des enfants, qu'elle ne reverrait sans doute jamais, réussissait à faire renaître le chagrin et le regret mais c'étaient là des sentiments égoïstes car elle savait les petits bien protégés au milieu de toutes ces bonnes gens de Montsalvy qui les adoraient et qu'ils aimaient, auprès de Sara, leur seconde mère, de l'abbé Bernard... et d'Arnaud, dont les sentiments paternels ne pouvaient être mis en doute. Non, en vérité, leur mère ne leur était pas indispensable et elle pouvait mourir en paix, sur cette terre de Flandre qu'elle avait aimée et qui bientôt se refermerait sur elle... Sur elle et sur ce poids chaque jour plus intolérable, qui se gonflait dans les mystérieuses ténèbres de son corps... A cause de cela aussi la mort devenait désirable car la dame de Montsalvy savait bien qu'elle ne pourrait pas survivre à la naissance de l'enfant monstrueux que lui avait infligé un démon pourvu de trop de visages pour n'en montrer qu'un seul.
    Sa grossesse, d'ailleurs, devenait pénible et lui causait des malaises, des dégoûts surtout qu'elle n'avait jamais connus auparavant.
    Jusqu'alors, la vie active, au grand air la plupart du temps, qu'elle avait toujours menée lui avait valu des attentes faciles, à peu près exemptes de désagréments et à la suite de quoi elle mettait ses enfants au monde avec la simplicité des campagnardes.
    Cette fois, les choses s'annonçaient plus difficiles. L'existence confinée ne lui valait rien. Elle perdait l'appétit, maigrissait et chaque matin qui se levait la trouvait plus pâle, et plus profond le cerne de ses yeux... Au point qu'au soir du lundi de Quasimodo, lorsque Louis Van de Walle apparut, Gauthier lui sauta littéralement au visage quand il franchit le seuil de la salle.
    — Si vous avez juré sa mort, il serait plus honnête de le dire tout de suite, sire bourgmestre. Chaque jour qui passe la voit plus faible et je peux vous prédire avec certitude qu'avant peu votre précieux otage vous aura échappé parce que Dieu s'en sera chargé. Que direz-vous alors au duc Philippe ?
    — Puis-je la voir ?
    Certainement pas ! Pour ce soir vous vous contenterez de moi. Elle est au lit depuis hier. J'ajoute qu'elle n'a rien avalé depuis deux jours en dehors d'un peu de lait.

    Un vif mécontentement se peignit sur le visage anguleux du magistrat municipal.
    — Si la comtesse est souffrante pourquoi n'en avoir rien dit ? Nous aurions envoyé aussitôt un médecin...
    — Elle n'a pas besoin de médecin, elle a besoin de respirer, de bouger. Ce n'est pas la maladie qui la tue, c'est votre prison, si dorée soit-elle ! Et je peux vous le dire avec certitude : dans l'état de faiblesse grandissant où je la vois, l'accouchement la tuera si elle ne meurt pas avant.
    — Qu'en savez-vous ? Etes-vous médecin ?
    — Je

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