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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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la colère monte. Parfois, sur le pont voisin, ils apercevaient des cortèges hurlants, brandissant des armes où des bannières de fortune faites d'un parchemin enfilé sur une lance et portant des inscriptions illisibles. L'agitation grandissait, à coup sûr, dans Bruges...
    Ils en eurent la confirmation quand, au soir du 15, Gertrude Van de Walle accourut, rouge, essoufflée et la coiffe de travers.
    — C'est vous que je suis venue voir, dit-elle à Gauthier. Nous venons d'apprendre de terribles nouvelles de Gand. Une grave sédition y a éclaté. Le peuple accuse les échevins de l'avoir trahi, d'avoir donné l'exemple de la retraite devant Calais, cette retraite qui a déchaîné la colère du duc Philippe et, après cela, de n'avoir pas su défendre ses revendications. On dit là-bas que tous les griefs de Monseigneur sont venus de là, qu'il ne pardonnera jamais et que la ville est condamnée...
    — Ont-ils donc eu d'autres nouvelles de Lille ? demanda Catherine qui avait entendu.
    — Oui et non ! Le Duc refuse toujours les privilèges mais il a fait savoir que prochainement il marcherait sur la Hollande, que son armée est prête et ceux de Gand tremblent à présent.

    Malheureusement, quand ils tremblent le sang coule. Deux échevins ont été massacrés aujourd'hui, Gilbert Patteet, qui était un ami de mon époux, et Jacques Dezaghere...
    — C'est cela que vous vouliez me dire ? demanda Gauthier avec un sourire. Cela ne nous concerne en rien. Nous n'avons pas l'honneur de connaître ces messieurs, nous !
    — Mais, malheureux, cela vous concerne plus que vous n'imaginez ! Il n'y a que onze lieues entre Gand et ici. Je gagerais que demain, ou après, l'émeute va également enflammer Bruges et si Bruges prend feu, votre maîtresse sera en grave danger. Il faudra la protéger. Avez-vous des armes ?
    Gauthier ouvrit les mains.
    — Je n'ai que la force de mon bras, l'ardeur de mon courage et la chaleur de ma parole, chère dame ! Quand votre époux nous a conduits ici, il a pris grand soin de nous ôter épées et dagues.
    — Les voici.
    Sans la moindre gêne, Gertrude retroussa sa longue et ample robe, découvrant des jambes dodues, en tira l'épée de Gauthier qu'elle avait fixée à même sa chemise puis fouillant dans une grande poche de toile cousue à ladite chemise en tira trois dagues : celles que l'on avait prises aux jeunes gens et celle de Catherine, la dague à l'épervier.
    — Tenez ! Cachez-les et servez-vous-en le cas échéant... C'est tout ce que je peux faire pour vous.
    — Ce n'est pas si mal ! dit Catherine en prenant les deux mains de la brave femme et en les serrant chaleureusement. Comment avez-vous fait pour les reprendre ?
    — Je n'ai eu aucune peine. Mon époux lui-même me les a données, je me suis seulement chargée de les apporter. Vous voyez, ce n'est pas un si mauvais homme !... A présent, je vous dis adieu. Il veut que les enfants et moi quittions la ville demain, dès l'ouverture des portes.
    Seul mon fils aîné, Josse, restera ici avec son père.
    — Où allez-vous donc ?
    — Mon frère, Vincent de Schotelaere, le capitaine de la ville, possède un domaine du côté de Nieuport. Ce domaine a beaucoup souffert des ravages des Anglais mais nous y serons à l'abri. Ma bellesœur et ses enfants nous accompagnent. Vous n'imaginez pas à quel point je suis désolée de vous laisser dans ce péril. J'aurais... j'aurais tant voulu vous emmener avec nous !...

    Visiblement sincère, elle avait des larmes plein les yeux et Catherine, spontanément, l'embrassa.
    Partez en paix et ne vous tourmentez plus pour moi, dit-elle. J'espère sincèrement ne pas mourir ici. Mais je vous remercie du risque que vous avez pris pour nous porter ces armes. Qui est de garde, en bas, aujourd'hui ?
    — Les huchiers avec maître Mettelgenden que je connais bien, répondit Gertrude Van de Walle. C'est d'ailleurs parce que je le savais que j'ai pu venir. Autrement j'aurais peut-être été fouillée. Vous voyez, je n'ai pas eu grand mérite. Dieu vous garde, dame Catherine
    !... — Dieu vous garde aussi !...
    Quand elle ne fut plus là, Catherine sentit un long frisson courir le long de son dos. La maison, pour une fois entièrement silencieuse, lui paraissait tout à coup menaçante dans la nuit qui venait. Elle alla tendre ses mains aux flammes du foyer et Gauthier vit que ces mains tremblaient. Mais, parce qu'il regardait ses doigts, Catherine s'obligea au sourire.
    — Il fait froid, ce

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