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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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larmes.
    — Si elle allait mourir... balbutia le page. Si nous ne devions plus la revoir jamais ?...
    Saint-Rémy eut un petit rire qui sonna faux mais passa affectueusement son bras autour des épaules du jeune garçon.
    — Ce que j'aime chez vous c'est votre optimisme ! Vous êtes tous comme ça en Auvergne ? Il est vrai que l'admirable Arnaud de Montsalvy qui est auvergnat lui aussi ne saurait prétendre au titre de roi des joyeux lurons !
    — Vous connaissez messire Arnaud ?
    — J'ai cet honneur pour l'avoir vu combattre deux fois : une fois à Azincourt et une autre fois à Arras en champ clos ! Un rude jouteur, un grand guerrier... et le plus abominable caractère que je connaisse !
    — Qu'il crève ! gronda Gauthier entre ses dents.
    Si dame Catherine en est réduite à risquer sa vie presque chaque jour c'est bien à lui et à lui seul qu'elle le doit...
    —
    Puis, pour passer sa colère, il se remit à tirer furieusement sur les avirons pour regagner le couvent des Augustins.
    —
    Catherine n'avait rien vu, rien entendu de tout ce qui s'était passé depuis qu'on l'avait tirée de l'eau. Le peu de conscience qui lui était revenue s'était vite engloutie dans la mer de souffrance qui avec une incroyable brutalité prenait possession de son corps.
    —
    La chute avait endolori tous ses muscles et chacune des contractions que le processus de délivrance lui imposait la tordait comme sur un grill chauffé au rouge. Son ventre déchiré n'était qu'une douleur aiguë irradiée à l'infini.
    —
    Qu'on la transportât, qu'on la déshabillât, qu'on la nettoyât du sang qui la maculait, qu'on l'installât dans un lit ne changeait rien à sa torture. Elle n'entendait plus, elle ne pensait plus, elle ne raisonnait plus. Elle n'était qu'une masse de souffrance, un animal écartelé. Ce qu'elle endurait était si cruel que le bourreau avec sa hache lui fût peut-être apparu comme l'ange de la délivrance.

    —
    Parfois, à travers les larmes qui brouillaient sa vue, elle percevait une forme noire et blanche qui passait et repassait, s'arrêtait parfois aussi. Elle sentait alors quelque chose de frais qui, sur son visage, remplaçait un instant la brûlure des larmes, ainsi qu'une senteur d'herbe par-dessus l'odeur fade du sang. De temps à autre quand la douleur un moment faisait trêve, elle plongeait dans un sommeil de bête harassée.
    Mais la rémission était courte et, après quelques secondes, lui semblait-il, le bon sommeil disparaissait chassé par les crocs du fauve qui rongeait ses entrailles.
    Cela dura des heures, des heures d'enfer dont la malheureuse pensait, ne jamais voir la fin. Au fond de son esprit exténué une seule pensée parvenait encore à percer : elle était morte et, à cause de son sacrilège, elle était condamnée aux éternels tourments. N'aperçut-elle pas, surgissant des ténèbres, un démon barbu dont les yeux de feu s'abritaient sous des broussailles noires et qui lui tendait le poing ?...
    De toutes ses forces elle voulut le repousser, l'empêcher d'ajouter encore à son supplice mais ses bras furent soudain paralysés tandis qu'une voix grave grondait.
    — Il faut en finir. Elle doit boire cela sinon nous n'arriverons jamais à la délivrer et elle risque de trépasser dans l'heure.
    Les démons - ils étaient au moins trois à présent, - se rapprochèrent. L'un lui serra les bras, l'autre lui pinça le nez et le troisième très certainement voulut lui enfoncer dans le gosier une poire d'angoisse pour faire cesser ses cris désespérés... Mais il n'y eut pas de bâillon, pas de poire cruelle... rien qu'un liquide doux-amer qui coula jusqu'au fond de sa gorge. Et puis il n'y eut plus rien, rien qu'une énorme vague noire qui l'emporta au fond du néant...
    Le paradis chassa l'enfer, la lumière balaya les ténèbres et Catherine revint à la vie dans un rayon de soleil. Tout était blanc autour d'elle : le lit dans lequel elle reposait, le lin qui habillait ses bras, les grands rideaux tirés à travers lesquels filtrait le rayon joyeux qui avait frappé ses yeux. Elle était au cœur d'une coque translucide, au milieu d'un nuage et elle se sentait légère, légère... la lourde nef enlisée dans la vase qu'était hier encore son propre corps avait rompu ses amarres et voguait joyeusement vers la pleine mer...
    Il y eut un froissement léger annonçant une présence au-delà des rideaux. Extasiée, Catherine s'attendait à voir paraître un ange... ce fut une

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