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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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? demanda Gauthier.
    — Il n'y a pas que des vocations volontaires dans les monastères.
    Ceux que l'on y traîne de force n'ont guère de raison de se montrer compréhensifs...
    Bérenger renifla. Destiné dès son plus jeune âge au sacerdoce, il n'avait rien trouvé de mieux en effet que de mettre le feu au couvent où les siens l'avaient conduit. Cet exploit lui permettait de comprendre certains états d'âme.
    Mais on arrivait enfin. La masse imposante du couvent des Augustins se dressa soudain au bord du canal, percée à sa base d'une voûte noire sous laquelle Saint-Rémy engagea résolument le bateau.
    Cela formait un assez large tunnel au milieu duquel on pouvait voir un escalier dont les dernières marches s'enfonçaient dans l'eau. Un reflet de lumière les éclairait.
    Quand le bordage du bateau racla la pierre, l'homme qui se tenait plus haut sur l'escalier et dont la torche éclairait les marches poussa un soupir de soulagement et descendit.
    — Enfin vous voilà !... je craignais tant que vous ne tardiez et n'arriviez après que l'on aura sonné matines car j'aimerais conduire nos hôtes à leurs chambres pendant que le couvent dort encore. Dans un moment tout le monde va se réveiller.
    La belle croix pectorale d'or et de saphirs qui brillait sur la modeste bure noire du froc désignait le nouveau venu comme le prieur des Augustins. Grand, maigre avec un visage creusé en ombres dures par le jeûne et la prière, le père Cyprien de Rayneval n'était certainement pas l'un de ces abbés mondains qui ne visitent leurs monastères que pour en toucher les revenus. Ses yeux vert foncé brillaient d'un feu tout mystique et sa voix profonde était de celles qui entraînent les foules et subjuguent les hommes.
    — Nous voilà en effet ! soupira Saint-Rémy. Nous avons eu un accident. Mme de Montsalvy est tombée du toit dans le canal. On a pu la repêcher mais elle est inconsciente et semble souffrir. Si tu ne veux pas que tes moines apprennent qu'il y a une femme ici, il faut la mettre dans un endroit éloigné où néanmoins il soit possible de la soigner car je crains bien...
    Il n'acheva pas. Gauthier qui soulevait Catherine dans ses bras pour la porter hors de la barque avait du sang sur les mains. Le mouvement d'ailleurs dut accroître la souffrance de la jeune femme qui se tordit avec un long gémissement, manquant échapper aux bras du jeune homme.
    — Mon Dieu ! Elle est blessée ? souffla l'abbé.
    — Blessée, non, répondit Gauthier mais elle est peut-être bien en train de faire une fausse couche...
    L'abbé eut un haut-le-corps.
    — Une... vous en êtes certain ?
    — À peu près, oui... Ce sang et ces douleurs ne trompent pas. Le choc violent qu'elle a subi en touchant l'eau doit en être la cause. Où puis-je la mettre ?
    Il commençait à monter les marches quand le prieur l'arrêta.
    — Il est impossible que cette dame reste ici ! dit-il doucement mais fermement. On peut cacher une femme en bonne santé capable de se contrôler mais il est impossible que je garde ici une femme qui souffre et crie. Le couvent n'est pas assez grand pour qu'on ne l'entende pas de partout.
    Saint-Rémy et les deux garçons se regardèrent avec désespoir.
    — Qu'allons-nous en faire alors ? gémit le roi d'armes. Nous ne pouvons ni la laisser dans ce bateau ni la ramener d'où elle vient ? Tu sais très bien que ce serait la condamner à mort.
    — Je sais, je sais... et crois bien que ce n'est pas de gaieté de cœur que je lui refuse l'accès de notre maison mais ici, elle serait tout autant en danger.
    La colère commençait à gonfler le cœur de Gauthier. Jointe à la fatigue et à l'inquiétude, elle le mit rapidement hors de lui.

    Que dois-je en faire alors, sire prieur ? La rejeter à l'eau afin qu'elle y meure noyée ? Ce serait tellement plus simple : plus d'otage pour Bruges et plus d'ennuis pour qui que ce soit !... Eh bien ! je vous dis, moi, Gauthier de Chazay, que vous allez l'accueillir, lui donner asile, même au fond d'une cave s'il le faut, mais je dois pouvoir la soigner et sur l'heure ! Si nous attendons trop longtemps elle peut se vider de tout son sang... et là encore c'est la mort qui l'attend !
    La main du moine se posa ferme et apaisante sur le bras du jeune homme qui, aidé de Bérenger, retenait Catherine.
    — Calmez-vous !... et reposez-la dans la barque sinon vous risquez, vous, de la lâcher. Je crois que j'ai une idée.
    — Laquelle ? demanda sèchement Saint-Rémy

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