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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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groupe mouvant, coloré, magnifique, des chevaliers entourant leur prince.
    Un cavalier plus grand, plus majestueux que les autres prit le devant pour attendre le bourgmestre et ses hommes. Il était trop reconnaissable pour que Catherine n'identifiât pas aussitôt Philippe.
    Armé de pied en cap à l'exception de sa tête couverte d'un chaperon de velours noir tandis que son casque couronné d'or reposait aux mains d'un écuyer, la Toison d'Or brillant superbement sur l'acier mat de l'armure, il arrêta son cheval vêtu d'acier lui aussi, dès qu'il eut franchi les lignes de sa garde, attendant le poing à la hanche que le cortège de Bruges vînt jusqu'à lui. Auprès de lui se tenait seul son écuyer, Huguenin du Blé.
    Van de Walle et ses hommes étaient presque arrivés quand un cri jaillit de la foule qui regardait du haut des murailles.
    — Les Picards ! Nous sommes trahis !...
    Van de Walle entendit, se retourna pour adresser à ses concitoyens un geste d'apaisement mais, en effet, de part et d'autre du chemin, une troupe armée doublait l'entourage ducal, dépassait le cortège des échevins en sens inverse et marchait avec résolution vers la porte de la Bouverie. En même temps, le Duc s'avança lui aussi :
    — Cela m'étonnait aussi que Monseigneur se laisse moquer ainsi par des bourgeois, murmura Saint- Rémy qui, le cou tendu, observait passionnément ce qui se passait hors de la porte. Regardez ! Voilà, à la tête de ceux qui vont nous attaquer, le bâtard de Dam- pierre et le sire de Rochefort ! Ce sont des hommes déterminés.
    — Nous allons être écrasés, souffla Catherine. Nous ne pouvons rester à cette barrière.
    Pour toute réponse, Gauthier la prit par le bras et lui fit monter quelques-unes des marches qui menaient au chemin de ronde.
    — Il ne faut pas trop s'écarter si nous voulons atteindre le Duc dès son entrée, dit-il.
    Un cri de fureur et de crainte lui coupa la parole. Ils eurent juste le temps de se jucher sur l'escalier car la foule qui se pressait à la porte refluait vers l'intérieur de la ville. Là, tout près maintenant, les archers picards avançaient au pas de charge, si proches les uns des autres qu'ils ressemblaient à une barrière de fer.
    Quelqu'un cria :
    — Fermez les portes ! Empêchez-les d'entrer !
    — On ne peut pas abandonner les notables ! cria quelqu'un d'autre.
    — Qu'ils crèvent ! Ils s'arrangeront toujours tandis que nous, nous serons massacrés...
    Des hommes déjà s'attelaient aux mancherons du treuil commandant la herse, d'autres tentaient de remonter l'énorme pont-levis mais il était trop tard. Les Picards étaient là et entamaient le combat pour se frayer un passage. Quand ils parurent sous la porte, ceux qui s'y trouvaient s'enfuirent pour échapper à leurs terribles flèches mais quelques-uns tombèrent. Catherine, horrifiée, vit une femme rouler sous les sabots du cheval du sire de Dampierre qui, paisiblement, passa sur son corps.
    Le Duc à présent avançait sans plus s'arrêter, entouré des notables qui le suppliaient de rappeler ses soldats, de tenir ses promesses. On put l'entendre crier :
    — Je ne me séparerai pas de mes hommes d'armes. Votre cité est traîtresse et je n'ai plus confiance en elle...
    Puis, comme le pas de son cheval résonnait sur les planches du pont-levis Catherine le vit tirer sa grande épée et, désignant les remparts où des bannières aux emblèmes des corporations claquaient dans le vent comme un défi :
    — Voilà la Hollande que je veux soumettre !...
    Une acclamation des chevaliers et des archers picards lui répondit. Il s'engagea sous la voûte au moment précis où une procession du clergé débouchait à son tour devant lui venant de la cathédrale Saint-Sauveur. Une double file de diacres en aubes blanches encadrant un dais sous lequel l'évêque en chape d'or abritait un soleil de pierreries : le Saint- Sacrement. L'évêque salua le prince mais éleva le soleil et Philippe dut, d'abord, descendre de cheval, puis plier le genou devant son Dieu.
    — N'attaquez pas cette bonne ville, Monseigneur, pria l'évêque.
    Elle est malheureuse et souffre d'avoir encouru votre courroux. Vous lui aviez promis...
    — Je n'ai rien promis ! s'écria Philippe avec colère. J'ai demandé à traverser cette maudite cité rebelle et si certains de mes soldats marchent devant moi, je n'ai pas que je sache lancé sur elle mon armée entière.
    — Rappelez vos Picards, seigneur duc. Ils courent déjà

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