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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cette fidélité fruste envers un homme qui, cependant, l'avait abandonné. Arnaud possédait décidément le talent de s'attacher les cœurs et les dévouements de ses soldats même quand ils n'étaient que des routiers et qu'il en faisait fi... surtout quand il en faisait fi ! D'ailleurs n'en allait-il pas de même avec ceux qu'il disait aimer ? Catherine ignorait ce que serait leur prochain revoir mais, ce qu'elle savait bien, c'est que ce revoir aurait lieu, qu'il ne pouvait pas en être autrement tant que l'un et l'autre vivraient...
    — Soit ! dit-elle enfin, quand vous serez guéri, allez à Montsalvy, entre Aurillac et Rodez. Je vous donnerai une lettre pour l'abbé Bernard qui, en notre absence, y exerce pleinement les droits seigneuriaux.
    Le blessé montra tant de joie qu'en quittant la chambre, la jeune femme emporta l'impression que sa promesse allait faire davantage pour la guérison du Boiteux que les drogues de Gauthier.
    Dans le couloir, elle trouva Vandenesse qui faisait les cent pas. Il accourut vers elle dès qu'il l'aperçut :
    — Vous êtes restée longtemps, fit-il d'un ton acerbe qui la fit sourire car il donnait la mesure exacte de son attente impatiente.
    J'espère qu'à présent la justice va pouvoir suivre son cours.
    — La justice ? Quelle justice ? La vôtre, baron ? je n'y crois guère.
    J'ai appris de cet homme tout ce que j'en espérais, et plus encore. Je lui ai une vraie reconnaissance. Aussi autant vous dire tout de suite qu'il est désormais sous ma protection.
    Sous une brusque poussée de bile, Vandenesse verdit.
    — Ce qui veut dire ?

    — Que je vous interdis d'y toucher et qu'en cas de... d'accident, vous auriez à en répondre non seulement devant moi mais devant le duc Philippe auquel, grâce à lui, je vais peut-être rendre un grand service.
    Enfin, depuis une demi-heure, il fait partie de ma maison et, si Dieu lui accorde guérison, ce que j'espère, il ne quittera Châteauvillain que pour rejoindre Montsalvy.
    Le baron éclata d'un rire qui évoquait tout ce que l'on voulait sauf la gaieté.
    — À Montsalvy ? chez vous ?... Le loup dans la bergerie autant dire ! Le beau serviteur que vous aurez là ! Et votre époux...
    — Mon époux connaît les hommes infiniment mieux que vous ne l'imaginez, sire baron. Je serais fort étonnée s'il n'acceptait pas celui-là. Quant à Montsalvy, notre fief, il n'a, croyez-moi, rien d'une bergerie peuplée d'agneaux bêlants... Le Boiteux y trouvera sa place...
    A présent, souffrez que je vous donne le bonjour. Vous me pardonnerez de ne pas vous tenir compagnie plus longtemps mais j'ai à faire mes préparatifs de départ.
    — Vous partez ? Où allez-vous ?
    Catherine serra ses mains l'une contre l'autre dans le geste qui lui était familier lorsqu'elle souhaitait se maîtriser. Elle mourait d'envie d'envoyer au diable cet obsédant bonhomme auquel, dans son for intérieur, elle reprochait de n'avoir pas su dégager Châteauvillain assiégé. Il l'avait préservé, évidemment, et c'était déjà quelque chose mais avec un peu plus d'énergie et les forces dont il disposait, il aurait peut- être pu obtenir un meilleur résultat. Cependant, comme il était assez bien en cour alors qu'elle-même ignorait à quelles couleurs elle était habillée dans les souvenirs du duc Philippe, son ancien amant, ce n'était peut-être pas le moment de s'attirer une recrudescence d'inimitié.
    Pardonnez-moi de ne pas vous l'apprendre, dit- elle enfin sans que la douceur de sa voix trahît l'effort... Lorsque je suis arrivée ici, j'étais investie d'une mission. J'ai été empêchée de l'accomplir jusqu'à ce jour mais, puisque la voie est désormais libre, il serait inadmissible de la différer plus longtemps.
    — Une mission ? Vous auriez des secrets ?...
    — Justement : ils ne sont pas miens !

    — En ce cas... et quelle que soit cette mission, vous aurez besoin d'aide. Le pays est loin d'être sûr. Il reste des garnisons anglaises, des routiers. Je ne poserai pas de questions mais je vais avec vous !
    La jeune femme se sentit rougir jusqu'à la racine de ses blonds cheveux. Au Diable l'importun ! Sa fatuité lui interdisait-elle de comprendre qu'elle en avait assez de lui, de sa présence, de ses regards appuyés, de ses galanteries sournoises ? Elle allait peut-être se laisser aller à la colère et dire des choses désagréables lorsque Gauthier, qui était demeuré en arrière pour donner encore quelques soins au blessé, sortit

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