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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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de la chambre, des linges sur le bras et un bassin à la main.
    — N'est-il pas un peu tôt, messire, pour abandonner une forteresse que vous étiez venu assister ? Le Damoiseau est parti mais il peut revenir.
    — S'il devait revenir, il n'aurait pas brûlé ses cantonnements. Non, j'en suis certain, il ne reviendra pas et Châteauvillain n'a plus rien à craindre. Au surplus, je ne suis pas le capitaine de sa garnison. Je dois rejoindre mon maître...
    Le long visage de l'écuyer s'orna d'un sourire beaucoup trop amène pour être sincère cependant que son sourcil gauche, naturellement plus haut que l'autre, remontait encore d'un bon doigt, lui composant une figure parfaitement hypocrite.
    En ce cas, nous aurions mauvaise grâce à refuser, fît-il d'une voix si onctueuse que ce fut au tour de Catherine de relever légèrement les sourcils. Je crois être l'interprète de dame Catherine en affirmant que nous serions extrêmement heureux de voyager sous votre protection puisque nous allons prendre la même direction. Celle du nord, n'est-ce pas ? Mais... serez-vous prêt à partir après-demain ? Le délai vous paraîtra peut-être un peu court pour remettre en marche une compagnie aussi importante que la vôtre ?
    — Nullement, mon ami, nullement... affirma le baron d'un air protecteur. Je serai prêt car je vais dès à présent veiller à faire plier bagages...
    — Avez-vous perdu l'esprit ? chuchota Catherine indignée dès que le baron, calmé et ravi, eut disparu à l'angle du couloir. Me faire voyager avec ce pompeux imbécile que je ne peux souffrir ? Et pourquoi donc après-demain alors que nous savons, vous et moi...
    — Parce que cette nuit même nous aurons quitté le château ! fit Gauthier paisiblement. Pour peu que dame Ermengarde veuille bien jouer au baron la comédie que je lui indiquerai, nous aurons une bonne avance sur lui quand il s'apercevra de notre départ. Et comme il doit rejoindre le Duc, que le Duc est en Flandres et qu'il s'imagine que nous y allons aussi, il n'aura rien de plus pressé que de nous courir après dans la direction diamétralement opposée à la nôtre.
    Catherine regarda son écuyer avec une surprise où entraient une nuance d'admiration et une autre d'agacement. Il était temps qu'elle redevienne elle-même car, si elle n'y prenait pas garde, ce gamin allait bientôt se mêler de lui dicter sa conduite minute par minute. Un peu vexée et poussée par un démon malin, elle ne lui offrit qu'un sourire réticent.
    — Au fait pourquoi tenez-vous tant que cela à ce que nous refusions l'escorte du baron ? Que sa compagnie m'irrite est une chose mais une autre est qu'il a parfaitement raison quand il dit que la région n'est pas encore très sûre.
    — Raison de plus pour continuer à garder Châteauvillain ! Et puis, si vous voulez le fond de ma pensée, dame Catherine - et je ne serais pas autrement surpris que ce soit aussi le fond de la vôtre, je n'ai pas une confiance illimitée dans le sire de Vandenesse. C'est peut-être à cause de vous mais j'ai souvent eu l'impression qu'il souhaitait voir le siège
    S’éterniser et qu'en tout état de cause, il ne faisait pas grand-chose pour y mettre fin. Visiblement, vivre avec vous lui allait parfaitement...
    La jeune femme garda le silence un instant, pesant dans son 'esprit chacune des paroles de son écuyer. Elles rejoignaient trop bien ses propres pensées pour qu'elle essayât de les réfuter... mais pour rien au monde elle n'en serait convenue de bonne grâce.
    — Ce qu'il y a d'agaçant avec vous, Gauthier de Chazay, c'est que vous avez toujours raison ! Soupira-t-elle.
    Ramassant la traîne de sa robe sur son bras, elle se dirigea d'un pas majestueux vers l'escalier...
    Le surlendemain, alors que l'on approchait de la fin du jour, trois cavaliers remontaient lentement la Grande Rue Notre-Dame, à Dijon, la plus riche de la ville, celle où voisinaient, en un alignement assez fantaisiste, les maisons des commerçants les plus importants.
    Depuis que, dans l'éclat orangé du soleil penchant vers son déclin, Catherine avait découvert, d'une hauteur, le hérissement des innombrables clochers de la ville, semblables aux mâts d'une escadre entassée dans un port, elle n'avait plus prononcé une seule parole et, laissant la bride sur le cou de son cheval, elle s'était laissé porter silencieusement vers les grandes tours d'entrée. Il y avait onze ans qu'elle n'avait foulé le sol de Dijon. L'heure appartenait

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