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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
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n’avais pas encore eu ma
liaison amoureuse avec Edwin ; c’est venu ensuite, pas à ce moment-là. Peut-être
que plus tard je me serais méfiée. On connaît mieux son homme quand on a fait l’amour
avec lui… En tout cas, pour préserver la paix des intéressés et faire se tenir
tranquilles ceux qui étaient trop heureux de semer la discorde, j’ai envoyé la
petite en Suisse, dans une école d’horticulture ; elle y est restée et
elle y a appris le jardinage. C’était une école située à Briez, sur le
Thunersee. Si elle y est allée de bon cœur ? Vous savez, transplanter
quelqu’un de Capri en Suisse, ça n’est jamais tellement bon ; mais ça n’a
pas été trop pénible, car Giulietta adorait les jardins.
    La belle-mère a payé pour le tout. Si ça a fini comme ça, c’est
que je m’étais très souvent plainte de ne pas recevoir la pension alimentaire
fixée pour l’enfant. Je l’ai déjà dit, je ne l’avais touchée que la toute
première année, juste au début ; et pourtant ils en avaient de l’argent, ces
Suisses, tandis que moi, tout ce que je gagnais, je le devais à mon travail. Ainsi
donc, Giulietta s’en est allée en Suisse, et le petit Andréa, qui restait avec
moi, est allé en classe.
    C’était un enfant très vivant, il se levait avec autant d’énergie
que le soleil et il brillait tout le jour. Oui, il avait une sorte de
rayonnement ; c’était un enfant très aimé, adoré de tout le monde, jeunes
et vieux. Les gens le recherchaient tout le temps et le voulaient près d’eux ;
alors ils étaient heureux ; c’était comme un talismano.
    J’ajouterai ceci : Ludovico s’était montré un fils
modèle. Quand il était encore à Positano, tout comme quand il a été ensuite au
lycée, il était régulièrement en tête de sa classe, et de même ensuite à l’université.
Il a fait son droit et, en trois ans et demi à peine, fini ses études ; il
était tout prêt à passer son doctorat pour entrer ensuite au barreau. Oui, c’était
un garçon très brillant ; mais Andréa – Andréa, lui, c’était un
rayonnement. Il commença par aller à l’école primaire d’Anacapri, et ensuite au Gymnasium de Capri, chez les moines de la Certosa. Voilà pour mes
enfants… Passons aux hommes, maintenant. Est-ce que pour ça la Dottoressa est
une méchante femme ? Est-ce que ce n’est pas normal, dites ? Je n’étais
pas la grosse dondon que je suis aujourd’hui.
DES HOMMES À LA DOUZAINE
    Au début, Tutino venait toujours un peu à Anacapri, mais ce n’était
pas tellement une sinécure. Régulièrement c’étaient les mêmes scènes, les mêmes
hurlements : «  Me ne vado ! » Je m’en vais ! N’importe
qui pourrait le confirmer ; puis il repartait pour Positano, et quelques
jours après il se montrait de nouveau et ça recommençait ; «  Me ne
vado ! » Ouf a ! Questi Italiani !
    S’il avait honte ? Peuh ! Pas plus que s’il n’était
jamais parti ! Et il avait toujours une bonne raison pour justifier ses
retournements : « J’ai bien le droit de voir mon fils, non ? »
Quand il était là, il jetait parfois un coup d’œil sur les devoirs d’Andréa, il
l’emmenait en promenade. Il s’occupait un peu de lui, c’est vrai. Mais ensuite,
il revenait toujours à la même chanson : il voulait reconnaître Andréa, il
ne voulait plus que l’enfant passe pour un figlio sconosciuto  – un
enfant illégitime.
    Là-dessus est venu se greffer un maître d’école. Oui, c’était
un homme très gentil, qui s’est intéressé à Andréa quand celui-ci était encore
à l’école primaire. Il n’habitait pas très loin de l’endroit où j’avais ma
maison, à Caprile ; il montait souvent nous voir et il restait un moment. Mais
lui non plus n’a pas signifié grand-chose, nein, ce n’était qu’une
relation. Puis j’ai fait une autre connaissance – un certain Desiderio, un
homme d’affaires de Capri… un ours d’homme, gai et heureux ; il
connaissait également mon amie Frieda Schutzl, qui vivait à Anacapri. C’était
elle qui tenait le ménage de Clavel, le bossu fortuné qui dansait avec don
Domenico et qui possédait une villa à Capri. Elle aimait bien Desiderio ; moi
aussi je l’aimais bien, ce fut une histoire sans histoire. Sans une ombre de
jalousie. J’aimais bien descendre avec lui à la Marina Piccola quand j’avais
fini mes visites, avant de remonter à Anacapri.
    Quand Giulietta a été en

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