La fabuleuse découverte de le tombe de Toutankhamon

Porchester et son impassible serviteur anglais se débrouiller tout seuls.
    Ce sont sans doute les périls bravés à ces occasions qui donnèrent à Porchester l’amour de la navigation. Lorsqu’il quitta Cambridge, en 1887, il s’embarqua aussitôt sur un yacht pour faire une croisière autour du monde, et l’on peut dire qu’à partir de ce moment-là l’attrait de l’aventure ne cessa jamais de s’exercer sur lui. De Vigo, il partit pour le Cap Vert, les Antilles, fit escale à Pernambouc, pour atteindre Rio, après quarante-deux jours passés dans la solitude des mers tropicales. C’est au cours de ce voyage qu’il acquit la passion de la lecture, qui devait devenir primordiale dans son existence. Si passionné qu’il fût de sport et d’automobile, il avait coutume de dire qu’il resterait volontiers assis dans son fauteuil si seulement, lorsqu’il avait terminé un livre intéressant, un autre lui tombait entre les mains. Le rideau tiré sur ses études académiques, l’étudiant paresseux se lança, avec avidité, à la poursuite de la connaissance, en particulier de l’histoire, dont il étudia certaines périodes avec la méticulosité d’un professeur préparant ses cours.
    La vie sur l’Aphrodite n’était pourtant pas uniquement consacrée à la lecture. Lors d’une tempête, le capitaine gisant inconscient, terrassé par la fièvre, Porchester dut prendre le commandement. La chance ainsi qu’un solide quartier-maître lui permirent d’amener le bateau à bon port. Une autre fois, un des membres de l’équipage se blessa gravement et le médecin du bord fut obligé de l’opérer. Ce fut Porchester qui, le doigt sur le pouls de l’homme, lui administra le chloroforme, avec le calme et l’efficacité d’un anesthésiste professionnel. À Buenos Aires, alors au sommet de sa prospérité, quand la ville pouvait offrir tous les soirs à ses millionnaires deux spectacles de l’opéra italien, le jeune Anglais lia connaissance avec toutes les classes de la communauté, autochtone aussi bien qu’étrangère. Il organisa une fête en l’honneur du président à bord de l’Aphrodite – le premier yacht à jeter l’ancre dans les eaux argentines – et se lia également d’amitié avec des hommes d’affaires, l’amiral de la flotte britannique et les chanteurs de l’opéra italien. Il tirait gloire de ce que cette compagnie lui ait demandé, lors d’une répétition, de remplacer son pianiste manquant. Il ajoutait aussitôt – car il adorait se moquer de lui-même – que l’offre ne se répéta jamais, vu son insistance à suivre son propre rythme plutôt que celui des chanteurs.
    De toutes ces relations et amitiés, la plus précieuse fut sans conteste celle de l’amiral Kennedy, puisque c’est grâce à ses vigoureuses remontrances que Porchester abandonna l’idée de franchir le détroit de Magellan, ce qui, à cette époque de l’année, sur un bateau à voiles, équivalait tout simplement à un suicide. Porchester ne put donc effectuer le tour du monde complet dont il avait rêvé, mais le voyage s’était révélé riche en expériences de toutes sortes pour le jeune homme sorti tout droit du collège.
    De Buenos Aires, Porchester regagna l’Angleterre sans se presser. Plusieurs des pays qu’il visita lui étaient parfaitement inconnus et restent encore peu familiers au touriste moyen. Pendant la Grande Guerre, il fut l’une des rares personnes capables de donner une description de première main de la scène où se déroula la bataille des Falkland. Il avait d’ailleurs prédit que c’était là qu’aurait lieu le combat pour le contrôle de l’Atlantique Sud.
    De ces premiers voyages, il rapporta beaucoup plus, cependant, que des visions de scènes exotiques ou que des données sur la variété de l’espèce humaine. Il eut aussi un aperçu des conditions élémentaires de la vie, lorsque l’homme a besoin de ses mains pour survivre. Bibliophile, collectionneur de porcelaine et de dessins, comme de toutes choses rares et belles, le goût affiné par l’observation et l’étude, c’est pourtant lorsque l’aventure inattendue exigeait une prompte décision et une action rapide qu’il était le plus heureux. Mais il n’avait rien d’un Don Quichotte. Son courage était tout empreint de sang-froid ; il était de ceux pour qui le danger précipite agréablement les battements du pouls.
    Un jour que le jeune homme avait loué une barque pour rallier