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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tuez pas, mortdiable !… j’ai une idée… liez-lui sa rapière… bon !… ah ! désarmé !… tenez-le !… ficelez-le-moi ! nous allons rire !…
    En effet, Charles, à ce moment, venait de désarmer Maineville qui, glissant sur le parquet, était tombé sur un genou. Il lui mettait sa pointe sur la gorge et lui disait :
    — Vous rendez-vous, monsieur ?…
    — Je me rends, fit Maineville, pâle du sang qu’il avait perdu, plus pâle encore de honte et de fureur.
    A ce moment, Picouic, revenu de son évanouissement, se relevait, courait à Maineville, saisissant un paquet de cordelettes à nouer les sacs de blé, et en quelques secondes le ficelait proprement. Alors seulement Pardaillan regarda son adversaire qui, écumant, bondissait autour de lui et de sa voix la plus paisible :
    — Et vous disiez donc, mon cher monsieur…
    — Je disais, hurla Bussi-Leclerc, que je vais te clouer à ce mur !
    Pardaillan, d’un battement sec, fit dévier la rapière dont la pointe érafla son pourpoint.
    — Vous parlez de clouer, répondit-il. En effet, vous manœuvrez votre épée comme un clou. Tenez, je vais vous donner une leçon… regardez bien…
    — Misérable ! rugit Bussi-Leclerc…
    A ce moment son épée lui sauta des mains et alla tomber à dix pas. Il voulut courir la ramasser. Mais il se heurta à Picouic qui braquait sur lui un pistolet… Bussi-Leclerc se croisa les bras, baissa la tête et pleura… Il ne pleurait pas la vie qu’il allait perdre sans aucun doute, ni la fortune qu’il perdait plus sûrement si la vie lui était laissée ; il pleurait sa réputation d’invincible maître d’armes vaincu pour la première fois !… Et c’est à peine s’il s’aperçut que Picouic lui ficelait les jambes d’abord, puis les bras… puis le portait et retendait auprès de Maineville.
    — Achevons de dîner, dit Pardaillan qui, ayant rengainé sa rapière, se remit à table. Ah ! ça maître Picouic, à quoi pensez-vous… mon verre est vide…
    — Mais que diable voulez-vous faire de ces deux hommes ? demanda Charles encore tout ému de la bataille, plus ému encore de sa victoire.
    — Vous l’allez voir, car voici le jour qui va se lever… En attendant, porte leur à boire, s’ils ont soif.
    Picouic à qui ces derniers mots s’adressaient obéit. Maineville but d’un trait le verre de vin qui fut présenté à ses lèvres et cria :
    — Merci, monsieur de Pardaillan, quand je vous tiendrai prisonnier, je tâcherai d’avoir aussi du bon vin à vous offrir avant de vous passer par les armes.
    Et Maineville se mit à fredonner une chanson guisarde. Bussi-Leclerc, assombri par sa défaite, désespéré d’avoir trouvé un maître, refusa de boire et, farouche, tourna vers le chevalier des yeux pleins de larmes de rage, en disant :
    — Hâtez-vous de nous occire, monsieur, car tout à l’heure vous allez être assailli par plus de mille hommes d’armes de la Ligue. Vous serez pris. Et je vous jure que je ne vous ferai pas grâce.
    — Eh bien, moi, je vous fais grâce tout de même, dit Pardaillan.
    — Je crois, cher ami, qu’il est temps de nous en aller, dit à ce moment Charles d’Angoulême qui venait de s’approcher de la fenêtre. Voyez…
    Pardaillan alla voir. Aux lueurs de l’aube naissante, il aperçut au pied de la butte une troupe qui se déployait en ordre d’assaut. C’était une longue ligne d’arquebusiers flanquée à gauche et à droite par un double rang d’archers. Au loin, par la porte Saint-Honoré, arrivaient des bandes de bourgeois, la pertuisane au poing, qui hurlaient :
    — Mort aux huguenots ! Vive la Ligue !…
    Le bruit s’était en effet répandu dans la nuit que M. de Guise avait découvert un complot de huguenots et que les misérables parpaillots avaient pu fuir et s’enfermer dans le moulin de Saint-Roch, où le duc en personne se préparait à les enfumer. Guise, furieux de ce zèle qui lui inspirait de vives inquiétudes pour les précieux sacs, dut cependant faire bon visage et accueillir les volontaires, chacun voulant participer à l’assaut du moulin.
    Il résulta de l’ensemble de ces circonstances qu’au soleil levant, il y avait autour de la butte quatre ou cinq mille hommes tant de troupes régulières que de bourgeois belliqueux sans compter une foule de populaire accouru pour voir la bataille. Un grand bruit d’armes entrechoquées et de murmures indistincts montait de cette armée.
    — Diable ! fit

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