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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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monsieur, dit Picouic en s’empressant de verser, croyez bien que je ne me permettrais pas de boire du même que vous…
    — Pourquoi, imbécile… puisqu’il y en a !… Tiens, bois et prends des forces… Tu n’as pas peur au moins ?…
    — Heu !… Ce n’est pas précisément que j’aie peur… mais…
    — Mais tu trembles, poltron ! Que n’es-tu aussi brave que ton ami Croasse !
    — Le fait est que Croasse est très brave, dit Picouic avec la générosité d’un ami fidèle.
    — Ainsi, Pardaillan, dit le duc d’Angoulême, vous pensez que cette Saïzuma en sait plus long qu’elle n’a voulu d’abord vous en dire ?…
    — J’en suis sûr, dit Pardaillan. Et voilà maître Picouic qui, ayant vécu avec elle, vous dira… tiens ! tiens.’
    Ces derniers mots, le chevalier les avait prononcés au moment où il se renversait sur le dossier de son siège pour examiner à la lumière la couleur du vin qu’il allait boire. Dans ce mouvement, sa tête s’était levée, et ses yeux avaient rencontré, au haut de l’escalier de bois, Maineville et Bussi-Leclerc, qui stupéfaits contemplaient ce spectacle. Pardaillan se mit à rire et désigna les deux hommes à Charles, qui bondit sur son épée tandis que Picouic saisissait un pistolet.
    — Messieurs, dit Pardaillan, si le cœur vous en dit, je vous invite !…
    Maineville et Bussi-Leclerc étaient braves, nous l’avons dit ; ils se consultèrent du regard ; ils n’avaient devant eux que trois hommes ; la même idée leur vint : s’emparer de Pardaillan et de ses deux compagnons, les amener pieds et poings liés au duc de Guise et lui dire :
    — Monseigneur, voici toute la garnison prisonnière : le moulin est libre !…
    Quel joli coup d’audace ! Et quel beau coup de fortune !… Ils se levèrent, saluèrent, et Maineville, le chapeau à la main, dit poliment :
    — Monsieur de Pardaillan, ce sera avec plaisir que nous trinquerons avec vous si vous voulez porter la santé de M. le duc de Guise et nous accompagner ensuite auprès de lui.
    Charles eut un mouvement comme pour s’élancer. Mais Pardaillan le retint.
    — Monsieur de Maineville, dit-il, ce serait avec plaisir que je porterais la santé de votre maître si je ne craignais de désobliger M. d’Angoulême que voici, et qui, je ne sais pourquoi, ne peut souffrir les Lorrains ; quant à vous accompagner auprès de M. de Guise, c’est encore plus impossible, vu que nous n’avons pas fini de dîner.
    — C’est avec désespoir que nous interrompons votre dîner, dit alors Bussi-Leclerc, mais, par la mort-dieu, morts ou vifs, vous nous suivrez ! En avant, Maineville !…
    A ces mots les deux hommes, l’épée à la main, se précipitèrent. En quelques bonds, ils furent en bas de l’escalier, et Bussi-Leclerc porta sur le crâne de Picouic un tel coup de pommeau que le pauvre tomba évanoui. Entraînés par l’élan, ils se trouvèrent ainsi au milieu de la salle. Pardaillan se jeta au pied de l’escalier, leur coupant ainsi toute retraite. La porte était barricadée, comme nous croyons l’avoir dit.
    Tout cela s’était passé en quelques secondes : Maineville se trouva en garde devant le duc d’Angoulême, Pardaillan devant Bussi-Leclerc… Au même instant, les épées s’engagèrent. Bussi-Leclerc porta coup sur coup deux ou trois de ses meilleures bottes : à son étonnement, elles furent parées par le chevalier, qui, tout en ferraillant, surveillait du coin de l’œil le duc d’Angoulême.
    L’étonnement du fameux duelliste devint alors de la rage. Quoi !… il rencontrait donc un adversaire qui non seulement le tenait à distance, mais encore paraissait ne même pas regarder son jeu, et n’avait de regards que pour le duel voisin, comme s’il eût été simple spectateur !…
    — A vous, monsieur, je vous tue ! rugit-il en se fendant à fond par un coup droit.
    — Bravo, mon prince, dit Pardaillan qui, dédaignant de lui répondre, avait vivement paré. Poussez… c’est cela… fendez-vous… touché !
    Maineville, touché au bras, saisit son épée de la main gauche et murmurant :
    — Je crois que nous nous sommes fourvoyés !…
    Et furieusement, il attaqua Charles, tandis que Bussi-Leclerc, ivre de rage devant le dédain de son adversaire, portait de son côté à Pardaillan des coups jusqu’ici réputés mortels.
    — Allons, allons ! il faiblit ! disait Pardaillan comme si Bussi-Leclerc n’eût pas existé… Ne le

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