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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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trois hommes laissa voir un trou béant, où commençait un escalier de pierre moisie… Et dans ce trou, à la faible lueur du jour qui pénétrait par les planches de ce réduit, apparut la tête pâle, effarée, tragique et comique de Croasse…
    Dans le même instant, et avant que Croasse fût revenu de sa stupeur, les trois hommes se précipitaient dans le trou et couraient le long d’un boyau noir, Picouic entraînant Croasse qui osait à peine se demander ce qui lui arrivait. Dix minutes plus tard, ils atteignaient l’autre extrémité du souterrain qui aboutissait à la chapelle Saint-Roch. A ce moment même, les assiégeants trouvaient la dalle soulevée et commencèrent à descendre avec précaution l’escalier de pierre…
    L’existence de ce vieux souterrain était, sans aucun doute, ignorée des gens qui avaient habité le moulin. Il avait dû, probablement, servir plus d’une fois dans les guerres de religion d’autant mieux que quelques années auparavant le moulin était encore compris dans les dépendances de la chapelle. Quoi qu’il en soit, les quatre hommes aboutirent à la chapelle, ouvrirent la porte, en sortirent le plus paisiblement du monde et se mêlèrent à la foule qui tourbillonnait au pied de la butte, les yeux fixés sur le moulin. Ils passèrent inaperçus dans cette foule où personne ne les connaissait, et, en hâte, rentrèrent dans Paris, et atteignirent sans encombre la maison de la rue des Barrés.
    Là, Croasse fut interrogé sur les événements qui l’avaient amené à devenir un sauveur aussi imprévu.
    — Je venais de me battre dans la chapelle contre je ne sais combien d’ennemis que je mis en fuite, dit-il en commençant son récit, lorsque, saisi traîtreusement par sept ou huit forcenés, je fus précipité dans un trou noir où je fus laissé pour mort. Lorsque je m’éveillai, entendant des bruits de bataille, je résolus de me rapprocher de vous, messieurs, et alors…
    Longtemps, Croasse poursuivit le récit, de sa belle voix large et creuse. Et quand il eut fini, quand il eut reçu les félicitations de Charles, quand Pardaillan, avec un sourire qu’il ne comprit pas, lui eut déclaré :
    — Monsieur Croasse, vous êtes étonnant…
    Quand enfin, Picouic lui eut serré les mains avec émotion, Croasse demeura perplexe et se demanda :
    — Est-ce que vraiment je serais brave sans m’en douter. ? Malheur à moi, alors ! Il faudra que je me surveille !…
    q

Chapitre 21 L’ABBAYE DE MONTMARTRE
    U ne litière couverte à l’extérieur de simples rideaux de cuir, mais ornée à l’intérieur de coussins de soie et toute tendue de la même étoffe venait de franchir le pont Notre-Dame. Une dizaine de cavaliers vêtus d’un costume sombre et bien armés escortaient cette litière. En avant marchait l’un d’eux. Les autres suivaient par-derrière à dix pas. Les yeux fixés sur la litière, un homme de haute taille et de forte carrure, enveloppé soigneusement dans un manteau, suivait à distance.
    Cet homme, c’était maître Claude, l’ancien bourreau de Paris.
    Cette litière, c’était celle de la princesse Fausta.
    Elle traversa Paris, franchit la porte Montmartre et monta la côte raide par la route qui serpentait sous l’ombrage des hêtres séculaires. Enfin, elle s’arrêta devant le porche de l’abbaye des bénédictines. La princesse Fausta descendit de la litière et, comme si sa venue eût été attendue, la porte s’ouvrit aussitôt. Elle disparut dans l’intérieur de la vieille abbaye délabrée, presque en ruine.
    Maître Claude s’était arrêté derrière un arbre. Alors, il se retourna, inspecta avec impatience les pentes de la colline, et, apercevant enfin un homme qui montait lentement, lui fit signe d’approcher. L’homme rejoignit maître Claude, et soulevant alors par un geste machinal les bords du feutre sous lesquels il dissimulait à demi son visage, montra la figure pâle et immobile du prince cardinal Farnèse.
    Il portait un riche costume de velours violet, et, comme s’il eût dédaigné de se mettre en défense malgré le trouble des temps, malgré la position périlleuse où il s’était mis en engageant la lutte contre Fausta, il ne portait pour toute arme qu’une fine épée de parade à la poignée enrichie de diamants. Par une sorte de fatalisme, ou par un suprême dédain de la vie, issu de son désespoir, Farnèse se cachait à peine et ne prenait aucune précaution…
    — Elle est là ! dit

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