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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Philomène, en essayant de rougir.
    Le bon Pardaillan, qui s’était déjà arrêté avant cette injonction palpitante, demeura interloqué. Charles d’Angoulême, à son tour, salua et dit :
    — Madame…
    — Ne me parlez pas ! interrompit la vieille femme avec un geste de pudeur outragée.
    — Mais, madame…
    — Que voulez-vous ? Qu’espérez-vous ? s’écria alors sœur Philomène. Dites ! Parlez ! Je lis vos intentions perverses sur vos visages. En vain vous feignez un respect qui n’est pas dans vos cœurs. Jour de Dieu, je vous préviens que si faible que je paraisse, je suis de taille à défendre ma vertu. Ainsi vous feriez mieux…
    — Madame, dit Charles, je vous jure bien que nous n’avons pas l’intention que vous nous prêtez…
    — De vous en aller ! poursuivit sœur Philomène après avoir repris du souffle. Allez ! jeune homme, vous devriez être honteux. Mais je suis bonne personne au fond, et je veux bien oublier…
    Ici Pardaillan fut pris d’un éclat de rire qui, malgré ses soucis, gagna aussitôt le jeune duc. Les deux laquais, voyant rire leurs maîtres, crurent de leur devoir de faire chorus. Picouic se mit à rire comme une porte qui grince et Croasse rit aussi, comme il riait, c’est-à-dire lugubrement. En présence de ces quatre éclats de rire, sœur Philomène s’arrêta court, ébahie, le flux de paroles fut enrayé. Et Pardaillan en profita.
    — Par tous les diables, dit-il, avons-nous l’air de Maures ou de Turcs ? Sommes-nous faits comme des gens qui viennent violenter la vertu de deux femmes d’apparence aussi vénérables ?… Non, madame, ne redoutez de nous aucune entre prise malséante. Notre vénération vous est acquise, vous y avez tous les droits…
    Sœur Philomène avala sa salive et d’une voix étranglée :
    — Ainsi, vous n’avez aucune intention perverse ?
    Pardaillan mit la main sur son cœur, s’inclina et répondit gravement :
    — Aucune ! Je vous le jure par le jour qui nous éclaire !
    Sœur Philomène poussa un soupir.
    — Cette vieille est encore en enfance, murmura le duc à l’oreille de Pardaillan.
    — Dites qu’elle y est déjà, répondit le chevalier. Madame, reprit-il tout haut, nous venons simplement vous prier de nous donner un renseignement. Et pour achever de vous rassurer, je vous dirai que mon ami que voici a eu un grand malheur… il aime une jeune fille — oh ! ne craignez rien, ce n’est pas une religieuse — et cette jeune fille a été enlevée.
    — Pauvre jeune homme ! murmura sœur Philomène en regardant le petit duc avec un intérêt qui eût fait rougir celui-ci, si les derniers mots du chevalier n’eussent ramené son esprit à sa triste préoccupation.
    — Or, continua Pardaillan, il y a ici une femme, une bohémienne, que j’ai mené moi-même jusqu’au porche du couvent, et à qui on a bien voulu donner l’hospitalité. Cette bohémienne peut nous être d’un précieux secours pour retrouver celle que nous cherchons… et nous voudrions la voir. Voilà tout le mystère.
    — J’ai vu la femme dont vous parlez, dit alors sœur Mariange, qui jusque-là avait rempli le rôle de personnage muet.
    — Une créature d’enfer ! grommela sœur Philomène.
    Charles fit vivement deux pas vers la sœur Mariange.
    — Madame, dit-il d’une voix émue, faites que je puisse voir la bohémienne, et vous n’aurez pas obligé un ingrat.
    — Par Notre-Dame ! grommela sœur Philomène, le bel homme !…
    Et en parlant ainsi, elle examinait l’un des deux laquais.
    Sœur Mariange tendit sa large main ouverte et nasilla :
    — La charité chrétienne nous fait un devoir d’obliger le prochain. Si seulement j’avais de quoi mettre quelques cierges à Notre-Dame des Anges, ma patronne…
    Le duc tira sa bourse et la mit dans la main de la vieille femme, qui l’ouvrit sans vergogne et en examina le contenu. Ses yeux brillèrent et ses grosses joues s’enflammèrent.
    — Vous voulez parler à la bohémienne ? dit-elle.
    — Nous sommes venus pour cela.
    — Eh bien, vous voyez ce vieux pavillon, là-bas, près de la brèche ?… Elle y est en ce moment : je l’ai vue y entrer. Allez, et que Dieu vous conduise, mon jeune seigneur…
    Pardaillan et Charles n’en écoutèrent pas davantage et se dirigèrent en toute hâte vers le pavillon signalé.
    — Voyons ? demanda sœur Philomène.
    Mariange ouvrit la bourse et dit :
    — Nous avons de quoi vivre trois mois, ma sœur. Trois mois

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