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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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malgré le mépris et la haine des gens de Paris, lorsqu’un soir le bruit se répandit que des scélérats avaient pénétré nuitamment dans une église et volé les vases d’or qui servent aux prêtres chrétiens pour accomplir leurs rites. L’Eglise s’appelait Saint-Eustache. Nous en étions voisins. Et comme des truands ou des francs-bourgeois, si méchants qu’ils soient n’en sont pas moins chrétiens et incapables d’un tel forfait, ce fut nous qu’on accusa. Un matin, une quinzaine de ma tribu, hommes, femmes et enfants, tout fut arrêté et conduit vers une prison. En route, je parvins à m’échapper des mains des gardes. Peut-être aurais-je mieux fait de me laisser pendre comme les autres. Car il y eut cinq hommes et six femmes pendus. Parmi les femmes se trouvait Magda. Pauvre Magda ! Même au pied de la potence, elle souriait encore de son air mystérieux, comme elle souriait jadis quand j’avais coupé le nez ou les oreilles de ses amoureux.
    Belgodère, d’une rasade, acheva son cinquième flacon qui fut aussitôt remplacé par un sixième. Il était pâle d’une pâleur livide, et de grosses gouttes de sueur coulaient sur son visage qu’il essuyait d’un revers de main.
    — La veille du jour où Magda et les autres devaient être conduits à Montfaucon, reprit-il, j’allais trouver le bourreau. Depuis deux mois que durait le procès, j’avais ramassé de l’or, beaucoup d’or, soit en vendant tout ce qui nous avait appartenu, soit en me mettant la nuit à l’affût du bourgeois dans les rues écartées. J’allai donc trouver le bourreau…
    — Où demeurait-il ? demanda Fausta.
    — Rue Calandre, dans la Cité, dit sourdement Belgodère.
    — Et comment s’appelait-il ?
    — Claude ! répondit Belgodère d’une voix plus sourde encore. Pourquoi m’obligez-vous à prononcer ce nom, puisque vous le saviez ?
    — Continue ! dit simplement Fausta.
    — Donc, j’allai chez lui. Je lui offris l’or. Je me mis à genoux. Je pleurai. Je suppliai. Je lui demandais pourtant une chose bien simple. C’était de mettre une corde usée au cou de Magda. La corde se fût brisée : c’est un cas de grâce. Et quant à la tirer ensuite de prison, j’en faisais mon affaire…
    — Et que fit Claude ?…
    — Il prit le sac d’or et le jeta dans la rue. Puis il m’empoigna moi-même par les épaules, et me jeta dans la rue, comme le sac. Puis il ferma sa porte et se verrouilla. Je m’assis alors dans le terrain vague au fond duquel on a bâti le marché neuf et, la tête sur mes genoux, je pleurai toute la nuit. Au point du jour, je vis sortir le bourreau. Je le suivis… je le suivis jusqu’à Montfaucon. Vingt minutes plus tard, je vis Magda qui se balançait au bout d’une corde parmi les autres cadavres, tandis que le peuple poussait des cris de joie tels que je les ai encore dans l’oreille…
    Et le bohémien, avec un geste de terreur, porta en effet les mains à ses oreilles, comme si réellement il eût entendu les clameurs de la foule tourbillonnant autour du gibet où se balançait la femme qu’il avait aimée…
    — Et tes enfants ? demanda Fausta. Que devinrent tes enfants ?
    Belgodère tressaillit. Il serra ses poings énormes, et son regard vacillant eut des lueurs d’acier ensanglanté.
    — Eh bien ? reprit-elle, Stella ? Flora ?… furent-elles donc pendues aussi ?
    — Non, râla Belgodère, elles ne furent pas pendues : elles furent baptisées !…
    — Eh bien, tu en as été quitte pour les débaptiser, sans doute ?
    — Je n’ai jamais su ce qu’elles sont devenues, gronda Belgodère, je ne les ai jamais revues. Sont-elles mortes ? vivantes ? Je ne le sais pas et ne le saurai jamais… Je vous ai dit que le soir de l’arrestation, on avait tout emmené, hommes, femmes et enfants. Les enfants étaient au nombre de cinq, parmi lesquels Flora et Stella. Le lendemain de la scène de Montfaucon, j’appris que par les soins du bourreau, les enfants avaient été remis à des familles charitables qui acceptaient de les élever. Pendant trois mois, je cherchai partout. Je fouillai Paris. De mes deux filles, je n’en eus aucune nouvelle.
    — Et que fis-tu alors ?
    — Au bout de trois mois, j’allai retrouver le bourreau et je lui dis : « Tu as tué celle que j’aimais. Et moi j’ai juré de te tuer à ton tour. Mais si tu veux me répondre, je te pardonnerai. Je te donnerai l’or que j’avais ramassé comme rançon de Magda. Je

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