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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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garde d’une femme nommée Simonne. Pour que cette femme ne pût me dénoncer, je m’en emparai également. Puis je les fis partir dans la direction de la Bourgogne. Quant à moi, je demeurai à Paris pour juger du coup que j’avais porté. Il était terrible. En un moment, je craignais que Claude n’en mourût. Il se rétablit heureusement et, le laissant cuver sa douleur, je rejoignis ma troupe. J’avais mon idée sur Violetta.
    — Que voulais-tu donc en faire ? demanda Fausta.
    — Quelque chose comme une ribaude que j’eusse un jour livrée à quelque seigneur. Alors, je me fusse présenté devant Claude pour lui dire. »Tu m’as volé mes filles, j’ai volé la tienne. Tu as fait de Flora et de Stella des chrétiennes, j’ai fait de Violetta une ribaude. » Et alors, je l’eusse tué… Le hasard a semblé favoriser ce plan ; lorsque Violetta me parut à point dans son âge et sa beauté pour être livrée, je revins sur Paris. A Orléans, où je m’arrêtai assez longtemps, je vis qu’un puissant et beau seigneur rôdait autour de la petite. Je m’informai. J’appris que cet homme, c’était le duc de Guise, c’est-à-dire quelque chose de formidable dans ce pays. Celui-là ne lâcherait pas sa proie quand il la tiendrait !… Je vins donc à Paris, et ma bonne étoile voulut que je rencontrasse le duc aux portes de la ville. Je le vis plus amoureux que jamais : je convins d’un bon prix, ce qui ne gâtait rien dans mon affaire, et je livrai Violetta… Seulement, à partir de ce moment, les choses s’embrouillent : croyant conduire la petite au duc de Guise, c’est à vous que je l’amène !…
    — Le regrettes-tu ?…
    — Je ne sais, dit Belgodère avec une hésitation ; mon plan était bien combiné. A cette heure, tout me paraît remis en question. Voilà mon histoire, madame. A vous de tenir parole. Vous m’avez promis une belle vengeance…
    — Violetta est au fond d’un cachot. Est-ce que cela ne te suffit pas ?
    — C’est comme si vous me demandiez si un verre d’eau me suffit pour étancher ma soif, alors qu’il me faut une bonne pinte de vin aux épices, bien rude au gosier, et coulant dans ma gorge comme du feu.
    — Eh bien, que dirais-tu si je faisais pendre Violetta sous les yeux de Claude comme ta Magda fut pendue sous tes yeux ?…
    Un terrible sourire balafra le visage du bohémien.
    — Pendue et brûlée ! insista Fausta.
    — Oh ! oh ! Et Claude verra la chose ?…
    — Il la verra.
    — Et je serai près de Claude ?
    — Tu seras, près de lui !
    — Et je pourrai lui parler ? le forcer à regarder ? lui dire que c’est moi qui ai pris son enfant et qui la livre au bûcher ?
    — Tu seras près de lui et tu lui diras ce que tu voudras.
    — Par l’enfer, je n’eusse pas imaginé une aussi belle vengeance ! gronda Belgodère avec un souffle de fauve flairant sa proie.
    — Eh bien, écoute-moi ; demain matin à dix heures, en place de Grève, seront pendues deux jeunes filles, pendues et brûlées. Leur crime, c’est d’être les filles d’un père qui autrefois était de la religion romaine et qui s’est mis ensuite d’une autre religion. Mais peu importe. Cet homme s’appelait Fourcaud. Il est mort en prison. Demain, le peuple pendra et brûlera ses deux filles qu’on nomme les deux Fourcaudes. Or, sais-tu ce que nous avons été faire tout à l’heure à la Bastille ? Nous avons fait sortir l’une des Fourcaudes…
    — Celle que j’ai conduite à l’abbaye, dit Belgodère haletant.
    — Oui, et à sa place, pour être pendue et brûlée, nous avons…
    — Laissé Violetta ! rugit Belgodère. Enfer ! C’est magnifique, cela !… Ah ! bien m’a pris d’entrer à votre service !…
    Et Belgodère, se renversant, contempla Fausta avec une admiration qui la fit frissonner de dégoût.
    — Ainsi donc, reprit-il avec son sourire effroyable, demain matin, à dix heures, en place de Grève, seront pendues… comment ?…
    — Les deux damnées, les deux hérétiques protestantes.
    — Peu m’importe leur religion, dit le bohémien d’une voix sombre. Violetta sera brûlée devant son père, voilà l’essentiel…
    — Oui ! devant son père ! murmura Fausta qui tressaillit.
    — Vous dites Violetta et une autre… qui est l’autre ?
    — Madeleine Fourcaud et Jeanne Fourcaud. Voilà celles qu’on doit jeter au bûcher. Madeleine y sera bien. Seulement, à la place de Jeanne, ce sera Violetta.
    Belgodère se

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