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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fut plus visible. Alors il se baissa, ramassa les deux tronçons d’épée et les examina.
    — Peste ! murmura-t-il, une lame des ateliers de Milan, si j’en crois cette marque !… C’est que cette damnée princesse en jouait très joliment. Elle pourrait donner des leçons à maître Leclerc lui-même… Maigre trophée ! La place de Grève, à dix heures… que diable a-t-elle voulu dire ?
    A ce moment, le jour était tout à fait venu. Pardaillan alla frapper à la porte de la
Devinière
encore fermée et, étant entré dans l’hôtellerie, se dirigea vers la chambre qu’occupait le duc d’Angoulême.
    — Il nous faut déménager, dit-il ; si nous avons trouvé hier que le séjour de notre hôtel n’était pas trop sûr, il se trouve maintenant que cette auberge est encore moins sûre. Mais quoi ! déjà levé, mon prince ?… ou plutôt… vous ne vous êtes pas couché ?… Votre lit n’est pas défait. Pourtant, je vous assure que les lits de la
Devinière
sont excellents ; je les connais de longue date… Hein ?… Que vois-je ?… un pistolet tout chargé sur cette table ?…
    Charles mit la main sur le pistolet.
    Il était pâle et avait les yeux rouges. Il était évident que non seulement il ne s’était pas couché, mais qu’il avait passé la nuit à pleurer.
    — Vous voulez mourir ? dit Pardaillan.
    — Oui ! répondit Charles simplement.
    — Voilà une idée qui ne me fût jamais venue, reprit le chevalier. Et pourquoi mourir ? Ah ! oui… parce qu’elle est morte, elle !… Je connais une femme, là-bas à Orléans, une pauvre femme qui a longuement souffert…
    — Ma mère ! murmura Charles en tressaillant.
    — Madame votre mère, continua le chevalier, ne s’attend guère à la nouvelle que je devrai lui porter. Car il faudra que ce soit moi qui aille lui dire : « Madame, vous avez beaucoup pleuré dans votre vie ; vous aimiez un homme que bien des gens ont maudit. Simple, douce, dévouée, vous avez consacré votre jeunesse à consoler le malheureux roi… non, l’homme qui, à vingt ans, se mourait de terreur à force de vivre au milieu des trahisons. Cet homme, vous l’avez vu dépérir lentement ; de royaux bandits l’ont tué presque dans vos bras. Ah ! oui, madame, vous avez souffert, rudement, et si vous étiez ma mère, je voudrais passer ma vie à essayer de vous faire sourire, après vous avoir tant vue pleurer… »
    — Pardaillan ! haleta le jeune duc.
    — Heureusement, madame, continua le chevalier, une suprême consolation vous était réservée. Vous aviez un fils… un fils au cœur aussi tendre que le vôtre, à l’âme fière. Il était votre espoir et votre orgueil. Votre espoir parce que vous vous disiez qu’avec un fils pareil, une vieillesse consolée vous était assurée. Votre orgueil, parce que vous pensiez qu’un jour le fils de Charles IX viendrait vous annoncer le châtiment des assassins de son père…
    — Pardaillan ! Pardaillan ! répéta sourdement Charles.
    — Hélas madame, tout cela n’est plus. Vous qui avez pleuré dans votre jeunesse, vous passerez votre vieillesse à pleurer encore. Consolation, espoir, orgueil, tout cela n’est plus. Mgr le duc d’Angoulême n’a pas voulu vivre pour vous ; le premier chagrin auquel il s’est heurté l’a brisé. Parce qu’une jeune fille est morte, votre fils s’est tué !
    — Oh ! éclata Charles en serrant convulsivement la crosse du pistolet, croyez-vous donc que je n’ai pas songé à ma mère ? Pardaillan, si j’ai hésité toute la nuit, toute cette infernale nuit, c’est que l’image désespérée de ma mère se mettait entre moi et ce pistolet. Mais je souffre trop, chevalier. La vie, en de pareilles conditions, n’est pas supportable. Et c’est pourquoi je la quitte. Qui pourrait m’en faire un crime, même si je sais que ma mère en mourra de chagrin ?
    — C’est donc chez vous une résolution ?
    — Irrévocable, dit Charles d’une voix ferme et sombre ; Pardaillan, recevez ici mes adieux. :
    — Je veux bien, dit Pardaillan, en surveillant étroitement tous les mouvements du jeune homme, je veux bien recevoir vos adieux. Mais, que diable, est-ce donc une chose si pressée que de vous loger une balle dans la tête ou dans le cœur ? Je crois avoir été pour vous un ami fidèle… Et si à mon tour j’ai besoin de vous ?… Si je viens faire appel à votre amitié ! Si je viens vous dire que vous avez contracté une dette

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