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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Charles, plus livide devant cette espérance qu’il ne l’avait été devant la mort.
    — Que tu as vu Violetta cette nuit ? rugit Pardaillan.
    — Oui ! fit Croasse avec un rauque soupir. Grâce, messeigneurs ! Ce n’est pas ma faute si…
    — Vivante ? interrogea Charles qui se sentait mourir.
    — Mais oui, vivante ! fit Croasse étonné.
    Charles chancela. Un soupir de terrible angoisse souleva sa poitrine. Son regard mourant se tourna vers Pardaillan. Il était à bout de forces. Le chevalier saisit le pistolet, l’appuya sur la tempe de Croasse qui verdit et flageola sur ses jambes.
    — Ecoute bien, dit Pardaillan avec un calme terrible, tâche de dire la vérité, tâche de ne pas te tromper, sans quoi je te brûle la cervelle. Tu soutiens que tu as vu Violetta ? la petite chanteuse ? C’est bien elle que tu as vue cette nuit ?
    — Cette nuit, je le jure ! Il y a quelques heures à peine !
    — Vivante ?
    — Très vivante !
    — Tu ne trompes pas ? Tu n’as pas été abusé par une ressemblance ? C’était bien Violetta ?
    — Parbleu ! voilà assez longtemps que je la connais, je pense !
    Pardaillan jeta le pistolet dans un coin et se retourna vers Charles. Un ineffable sourire transfigura le jeune homme. Il ouvrit les bras, poussa un soupir, râla quelques mots confus et tomba à la renverse, évanoui. Il paraît que la joie tue quelquefois. En cette circonstance, elle fut clémente. Charles revint promptement à lui. Alors, Croasse fut accablé de questions. De l’ensemble de ses réponses, il résulta que Violetta avait été enlevée de l’abbaye de Montmartre et conduite dans une autre prison.
    Charles, suspendu aux lèvres de Croasse, l’écoutait comme il eût écouté un messie. Pour la centième fois, Croasse raconta comment il avait vu des gens de mauvaise mine se glisser vers l’enclos de l’abbaye, comment il avait été intrigué et, n’écoutant que son courage, les avait suivis ; puis comment, étant parvenu à monter sur le toit de la maisonnette, il avait réussi à se glisser dans une soupente d’où il avait vu l’intérieur, et dans cet intérieur, Violetta prisonnière, gardée à vue par sept ou huit hommes armés jusqu’aux dents.
    — Alors, poursuivit-il, j’ai attendu la nuit. J’avais mon idée. Je voulais absolument sauver Violetta.
    — Brave Croasse ! fit Charles. Tiens, prends cette bourse…
    — Merci, monseigneur. Donc, quand j’ai vu les gardes de Violetta endormis, succombant aux libations, car ces misérables ont vidé je ne sais combien de bouteilles tandis que je mourais de soif dans ma soupente, je suis descendu et me suis dirigé vers la porte de la pièce où était enfermée Violetta. Mais juste comme j’allais ouvrir, cinq ou six nouveaux sbires sont entrés subitement et ont réveillé les premiers en leur disant qu’il fallait transférer la prisonnière dans un lieu qu’ils n’ont pas nommé. J’ai voulu me cacher ; trop tard ! Ils m’avaient vu, et tous ensemble sont tombés sur moi avec leurs épées ; j’en porte les marques, voyez !
    Et Croasse, relevant ses manches, montra en effet des taches noirâtres qui les marbraient.
    — Mais, fit Pardaillan, ce ne sont pas là des coups d’épée ?
    — Vous croyez, monsieur le chevalier ?
    — J’en suis sûr. On dirait des coups de trique…
    Croasse eut une grimace intraduisible en songeant au gourdin de Belgodère. Mais reprenant tout son aplomb :
    — Je vais vous dire : grâce à ma présence d’esprit, ces sacripants n’ont pu me toucher de leurs épées ; mais en me défendant je me cognais aux meubles et aux murs… Alors, vous comprenez ?
    — Oui, dit froidement le chevalier, tu as été assommé à coups de muraille, voilà l’explication.
    — Voilà bien l’explication fit Croasse enchanté. Cependant, succombant sous le nombre, je fus forcé de battre en retraite, et tandis qu’une partie des sacripants s’acharnait sur moi, l’autre entraînait Violetta.
    — Et pourquoi n’es-tu pas venu nous prévenir aussitôt ?
    — Songez, monsieur le chevalier, que jusqu’au jour je me suis battu sur les pentes de Montmartre ; j’ai dû en tuer quelques-uns. Bref, ce n’est qu’après mainte escarmouche, tantôt attaqué, tantôt attaquant, que j’ai pu mettre en fuite les deux derniers de mes ennemis. Alors j’ai couru à la rue des Barrés et, ne vous y trouvant pas, je suis venu ici.
    La vérité comme on s’en doute était

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