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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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vis-à-vis de moi et que le moment est justement venu où je dois exiger de vous le même dévouement, que je ne vous ai pas marchandé !
    — Parlez donc, chevalier… je suis prêt.
    — Morbleu ! vous êtes prêt à vous tuer, voilà tout ! Traqué, serré dans un filet tendu autour de moi, je viens vous crier au secours ! Et tranquillement, vous me répondez : « Ami, débrouille-toi comme tu peux ; quant à moi, la vie m’est insupportable et je n’ai que tout juste le temps de me tuer… » Grand merci !
    — Qu’exigez-vous de moi ?
    — Rien, ou presque rien : d’attendre à demain pour me faire les adieux en question.
    Charles reposa sur la table le pistolet qu’il avait saisi. Pardaillan s’en empara aussitôt.
    — Chevalier, dit le duc d’Angoulême, je comprends l’effort suprême que tente votre amitié. Vous espérez, en gagnant du temps, me rattacher à la vie. Détrompez-vous, Pardaillan, j’aimais Violetta…
    Ici un sanglot déchira la gorge du jeune homme.
    — J’aimais Violetta, reprit-il avec une exaltation croissante, vous ne pouvez savoir ce que cela signifie, vous qui n’avez pas les sentiments de tout le monde, et qui peut-être n’avez jamais aimé… Cela signifie, Pardaillan, que j’avais transposé ma pensée, mon âme, toute ma vie hors de moi-même, en elle… Me comprenez-vous ? Je n’étais plus en moi, j’étais en elle. Sa mort est donc ma mort. Je vous disais que je souffre. C’est faux. La vérité est que je ne vis plus. Les pulsations de mon cœur m’étonnent, comme elles m’étonneraient à les surprendre dans un cadavre. Voyez-vous ce qu’il y a d’affreux dans ma situation ?… Et vous me proposez de prolonger cela de quelques heures. Non, chevalier, c’est tout de suite que je dois mourir.
    Pardaillan saisit les poignets du jeune homme. Une violente émotion s’emparait de lui.
    Il comprenait que Charles, arrivé au paroxysme de la douleur, allait se tuer. Cœur faible, d’une exquise faiblesse, si tendre et si pur dans cette toute première jeunesse, plus fragile qu’une fleur, Charles succombait au premier coup du malheur. Pardaillan le vit perdu et que rien ne pourrait le sauver.
    — Mon ami, murmura-t-il d’une voix tremblante, mon enfant, vivez pour moi qui ne suis plus attaché à la vie que par une vieille haine et qui, depuis que je vous connais, ai fait ce rêve de m’y rattacher encore pour une affection !
    Charles secoua la tête et son regard morne se fixe sur le pistolet.
    — Il le faut donc ! fit Pardaillan.
    Les deux hommes se regardèrent, haletants. Tout était fini…
    Pardaillan était une nature trop absolument éprise d’indépendance, un ami trop sûr, une conscience trop libre, un esprit trop large : l’idée ne pouvait lui venir de s’opposer par la force au geste suprême qui allait délivrer son ami. Eperdument, il cherchait la raison convaincante, l’argument qui pouvait désarmer Charles. Et il ne les trouvait pas.
    — Adieu, Pardaillan, dit Charles d’une voix ferme.
    Pardaillan déposa le pistolet sur la table. A ce moment, à cet instant tragique où les deux amis vraiment dignes l’un de l’autre échangeaient un regard où flottaient des pensées surhumaines, à cette seconde, la porte s’ouvrit, Picouic entra et cria :
    — Monseigneur, il est retrouvé ! Il est revenu ! Il est là !…
    — Qui ça ? hurla Pardaillan dans la détente de son désespoir, et avec cette pensée soudaine et rapide qu’un incident quelconque, si minime qu’il fût, pouvait faire dévier la volonté de Charles. Qui est revenu ? Qui est là ?…
    — Moi ! fit une voix large, grasse, burlesque et lugubre.
    Et Croasse apparut, tandis que Pardaillan faisait un geste découragé, son espoir déçu…
    — Moi, continua Croasse en se courbant et en croassant plus que jamais, moi qui au prix de mille dangers ai découvert le secret de l’abbaye de Montmartre, moi qui ai vu, cette nuit, malgré ma résistance acharnée, enlever la pauvre petite Violetta, et qui…
    Le croassement s’arrêta net dans la gorge de Croasse. Un double cri délirant retentit. Pardaillan et Charles bondirent ensemble sur Croasse et l’entraînèrent dans l’intérieur de la chambre, tandis que l’infortuné, suffoqué par cette double étreinte, persuadé qu’il allait recevoir une raclée nui ferait le pendant de celle que lui avait administrée Belgodère, essayait vainement de crier grâce.
    — Qu’as-tu dit ? haleta

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