Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
assommait. Le pommeau de fer frappait à coups sourds, et des hommes tombaient, à droite, à gauche… La foule s’ouvrait, éventrée… ceux qui étaient devant lui, se retournant aux cris de douleur et d’épouvante, fuyaient à gauche, fuyaient à droite. Des remous formidables entraînaient des paquets d’hommes… des vociférations, des insultes, des hurlements éclataient… et Pardaillan passait, flamboyant comme un météore, effrayant à voir avec son terrible sourire figé au coin de la lèvre tremblotante, sous la moustache hérissée… En un instant inappréciable, il y eut un large espace vide entre Pardaillan et les archers qui entraînaient Violetta.
    Violetta, dans cet instant où hagarde, folle d’horreur, elle avait la hideuse vison du bûcher enflammé au-dessus duquel se balançait le corps de Madeleine, dans cette effroyable seconde où les clameurs de mort l’affolaient, où le vertige de la mort s’emparait d’elle, aperçut Pardaillan qui accourait comme une trombe… et aussitôt près de lui, elle vit Charles. Elle tendit les bras. Un ineffable sourire d’extase illumina son visage.
    Charles, sans un cri, la tête perdue, pantelant, se jeta en avant. Alors les gardes croisèrent leurs armes et Violetta apparut derrière une ceinture de hallebardes et de piques. Alors aussi, la foule, un moment affolée, se ressaisissait… l’espace vide se remplissait d’ombres furieuses… et de là-haut, de l’estrade, tombaient des vociférations :
    — Tue ! tue !…
    — A mort ! A mort !…
    Un immense rugissement de la multitude roula la clameur mortelle comme un tonnerre. La foule d’une part, les gardes de l’autre, se resserrèrent comme les dents d’un étau formidable entre lesquelles Pardaillan et Charles allaient être écrasés, aplatis, déchiquetés… A ce moment, dix, quinze, vingt hommes à la figure sinistre se ruèrent, le poignard à la main ; des gens tombèrent, la fuite recommença, les remous tourbillonnèrent, et ces inconnus hurlèrent :
    – Pardaillan ! Pardaillan !
    Pardaillan ne se demanda pas d’où lui venait ce secours, qui étaient ces gens qui vociféraient son nom comme un cri de suprême bataille. Dans ces minutes indescriptibles où il tentait de ces coups de folie, il ne pensait plus, il n’était plus lui, il n’était plus qu’un tourbillon humain qui se hérissait d’acier…
    Pourquoi faut-il que l’écriture soit si lente en de tels récits !… Moins de vingt secondes s’étaient écoulées depuis que Pardaillan, abattant sa main sur l’épaule de Charles, avait prononcé, montrant Violetta :
    — C’est là ! c’est là qu’il faut regarder !…
    Devant la soudaine, la fantastique ruée des truands ameutés par Loïson, la foule refluait, éperdue de cette épouvante spéciale qui est la panique des multitudes, électricité de terreur qui se répand d’homme à homme, qui entraîne des armées entières dans des débâcles incompréhensibles…
    — Pardaillan ! Pardaillan ! hurlaient les truands, bondissant, le poignard haut levé, pareils à des démons que l’enfer eût vomis.
    Guise debout rugissait de rage. Maineville, Bussi, cent autres s’élançaient, l’épée au poing… Fausta, flamboyante de fureur, levait sur le ciel un regard chargé d’imprécations, et quand ce regard retombait sur Pardaillan, il était chargé d’une admiration surhumaine… Car surhumaine était en ce moment l’épique ruée de Pardaillan…
    Voici ce qui se passait : tout ce que Paris comptait de coupe-bourse avait été attiré sur la Grève par la certitude de fructueuses opérations dans une multitude trop occupée de crier à la hart et à la mort pour surveiller ses poches. Les truands, plus forts que les plus zélés ligueurs, criaient : « Vive le pilier de l’église ! » et « A mort les hérétiques ! ». Et pour crier si fort, ils n’en perdaient pas un coup de dent, au contraire. Bien entendu, ils fourmillaient surtout autour des bûchers, à l’endroit où la foule était plus compacte.
    Ceux d’entre eux qui avaient vu le chevalier à l’auberge de l’
Espérance
et en avaient gardé un souvenir de terreur et d’admiration le reconnurent dès l’instant où il s’élança sur les archers. Foncer sur des archers, sur le guet, sur la maréchaussée, enfin sur des agents de l’autorité, a toujours été un délicat plaisir pour la tourbe des gens de sac et de corde, malandrins, tire-laine,

Weitere Kostenlose Bücher