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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tout ce qui vit hors la société, hors la loi, hors la foi, hors le lieu et le feu, hors tout honnête besoin, excepté le besoin de vivre coûte que coûte.
    Les truands de la place de Grève eussent donc foncé uniquement pour le plaisir, même s’ils n’eussent pas reconnu Pardaillan, même si la ribaude Loïson, courant de l’un à l’autre, n’eût pas murmuré aux principaux, aux chefs, aux « terreurs » de ces bandes :
    — Sauve cet homme, ou tu ne me verras jamais plus dans ton lit !…
    Ceux qui ne reçurent pas ce singulier mot d’ordre, ceux qui ne connaissaient pas le chevalier suivirent l’exemple et se ruèrent sans savoir pourquoi. En quelques instants, une centaine de ces malandrins, surgis de toutes parts, s’étaient massés derrière le chevalier, adoptant aussitôt le cri de ralliement, ce cri de bataille de ceux qui le reconnaissaient :
    — Pardaillan ! Pardaillan !
    Un choc se produisit. Cette masse, emportée comme une trombe, cette masse hérissée de poignards, fit la trouée à travers la foule culbutée, refoulée, fuyant à gauche et à droite avec de terribles cris de malédiction, et se heurta soudain aux gardes, piques croisées.
    Le choc fut effroyable, et dans le même instant, une vingtaine d’hommes, gardes ou truands, tombèrent, morts ou blessés ; les plaintes, les imprécations, les cris stridents des femmes qui s’évanouissaient, les clameurs des bourgeois affolés qui hurlaient aux armes, ces milliers de voix se croisèrent et formèrent dans les airs un grondement sinistre. Alors, ceux qui dans cette mêlée conservèrent assez de sang-froid pour regarder autour d’eux purent voir un spectacle fantastique…
    Pardaillan, les habits déchirés par les coups de pique, sanglant, hérissé, formidable dans le flamboiement de ses yeux que démentait l’étrange et froide ironie du sourire, Pardaillan franchit comme un boulet les rangs des archers.
    — Arrière ! hurlèrent les deux gardes qui maintenaient Violetta.
    La rapière du chevalier se leva, tourbillonna, le pommeau de fer atteignit l’un des gardes à la tempe ; il tomba comme une masse ; l’autre recula ; au même instant, le chevalier saisit dans ses bras Violetta expirante et, se retournant, il apparut à ceux de l’estrade…
    — Tuez-le ! tuez-le ! vociférait Guise.
    — Je suis vaincue ! Je suis maudite ! gronda Fausta.
    La mêlée entre les gardes et les truands se faisait plus violente ; des gentilshommes dévalaient de l’estrade et couraient sur Pardaillan, la dague levée. Pardaillan jeta la jeune fille dans les bras de Charles, et d’une voix intraduisible, dit :
    — Voici votre fiancée…
    Charles d’Angoulême, déchiré lui-même, en lambeaux, délirant, croyant vivre un rêve fabuleux, ses forces centuplées par la frénésie de cette minute, reçut Violetta qui à ce moment ouvrit les yeux, ses doux yeux de violette, d’où tout effroi avait disparu…
    Il y eut entre eux un regard qui eut la durée d’un éclair… Et ce fut dans le tumulte déchaîné, dans le bondissement des démons tout autour d’eux dans la fumée qui montait du bûcher de Madeleine, dans la lueur des flammes, ce fut la confirmation de leur amour, comme un baiser très doux dans un majestueux et terrible décor d’enfer.
    — En avant ! rugit Pardaillan.
    Et suivi de Charles qui, ayant jeté son épée, portait dans ses bras Violetta, il marcha. Où allait-il ?… Vers quel point de cette place que les flots démontés du peuple battaient de leurs tourbillons ? Allait-il au hasard ?…
    Non !… il avait vu d’un coup d’œil la ligne de retraite possible… Possible ?… Impossible à concevoir !… Mais il avait conçu cela, lui !… Et ce qu’il avait conçu, rêve ou réalité, simple geste ou prodige, il l’exécutait !… Il l’exécutait avec son sourire railleur, une pointe de moquerie aux lèvres… Que voulait-il, tandis qu’autour de lui l’effroyable mêlée des truands lui formait comme une carapace humaine, une ceinture d’aciers qui fulguraient avec des lueurs rouges ?…
    — Les chevaux ! dit-il en désignant à Charles les montures de l’escorte massées près de l’estrade.
    C’est aux chevaux qu’il marcha.
    — Meurs donc, démon ! hurla quelqu’un devant lui.
    En même temps, ce quelqu’un tomba assommé, mort peut-être.
    — Tiens, c’est M. de Maineville, fit Pardaillan.
    Et cette fois, il saisit sa rapière par la poignée. Et il

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