Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
idolâtre qui lui formait une autre cour telle que jamais roi n’en avait eue et lui crier :
    — Duc, tu as accepté mon défi sur cette même place de Grève ! Dégaine donc et défends-toi à l’instant si tu ne veux pas que je te proclame à la face de Paris deux fois lâche et deux fois félon !…
    Ce fut à ce moment, disons-nous, que la ribaude Loïson se haussant sur la pointe des pieds pour voir, elle aussi, les condamnées, vit venir Madeleine… La ribaude esquissa le signe de croix, car elle était bonne catholique. Mais sa main s’arrêta soudain dans le geste qu’elle commençait. A cet instant même elle venait d’apercevoir la deuxième condamnée… celle qu’on appelait Jeanne Fourcaud…
    — Oh ! murmura-t-elle, voilà qui est étrange !
    Pardaillan, lui aussi, venait d’apercevoir la condamnée. Pardaillan n’avait jamais vu Violetta. Pardaillan ne connaissait pas Violetta. Mais il tressaillit. Mille fois, le duc d’Angoulême lui avait détaillé le portrait de Violetta, ses cheveux de soie d’or, ses yeux d’un bleu si bleu qu’ils en étaient violets, son visage d’une si belle harmonie de grâce et de fierté…
    Pardaillan jeta un rapide regard du côté de Charles. Les paroles de Fausta résonnèrent à ses oreilles… ce rendez-vous sur la Grève à dix heures… Dix heures sonnaient à la grande horloge de l’hôtel des prévôts. Les acclamations et les clameurs de mort se croisaient, rugissaient dans un véritable remous… Et ce fut dans cette seconde où un doute effroyable traversait l’esprit de Pardaillan que la ribaude Loïson murmura :
    — Oh ! voici qui est vraiment étrange !… Je connais cette jeune fille !…
    — Tu la connais ! haleta Pardaillan qui saisit le bras de Loïson. Tu connais cette Fourcaude ?…
    — Certes !… Elle était à l’auberge de l’
Espérance
avec le bohémien, avec les deux grands escogriffes, avec la diseuse de bonne aventure que vous avez emmenée… ils l’appelaient Violetta…
    Le visage de Pardaillan se transfigura. Un sombre désespoir le convulsa. D’un rapide regard circulaire, il embrassa la Grève, l’estrade chargée de gentilshommes armés, les rangs d’archers et de hallebardiers, et cette foule énorme, pareille à un océan démonté. Et ce regard s’emplit d’une immense pitié lorsqu’il se posa sur Charles d’Angoulême.
    — Allons, dit-il presque à haute voix, tentons l’impossible… Et s’il faut mourir ici, après tout, ce sera une fin digne de moi !
    Loïson avait suivi pour ainsi dire la pensée du chevalier. Elle entendit ces paroles. Elle vit Pardaillan s’élancer vers le duc d’Angoulême. Et avec la rapidité d’intuition qui, en ces circonstances, dépassait la rapidité de l’éclair, elle eut cette pensée jaillie du choc des paroles et des attitudes de Pardaillan :
    — Il aime la condamnée ! C’est elle qu’il venait chercher à l’
Espérance
 ! Il va mourir pour elle !…
    Et à son tour, dans le même instant, Loïson s’élança, fonça à travers les groupes de bourgeois, si haletante, si furieuse et si échevelée qu’on s’écartait avec des cris d’effroi et d’étonnement. Pardaillan atteignit Charles. L’instant était suprême, et il fallait risquer tout pour tout.
    — Que regardez-vous ? demanda-t-il.
    Charles se retourna et vit le chevalier tout blanc, la paupière plissée laissant filtrer un regard aigu comme une lame d’acier, la lèvre tremblante et la moustache hérissée, tel qu’il l’avait vu une fois déjà. Il n’eut pas le temps de répondre. Pardaillan étendait le bras vers la condamnée… Jeanne Fourcaud… qui à ce moment n’était plus qu’à vingt pas du bûcher et d’une voix étrange dont le calme éveillait des échos terribles, Pardaillan disait :
    — C’est là qu’il faut regarder !…
    Charles eut ce chancellement soudain. Un cri farouche, un cri qui domina les clameurs de la foule, un cri qui fut entendu de toute l’estrade et attira violemment l’attention de Guise, de Fausta, de Maineville, de Bussi-Leclerc, de Maurevert, de tous !…
    En même temps, Charles s’élança, suivant Pardaillan qui se ruait dans un élan furieux. Pardaillan avait tiré sa puissante rapière. Il la tenait par la lame et se servait de la lourde garde de fer comme d’une massue.
    — Oui ! oui ! râla Charles, mourir ici ! Pour elle ! Avec elle !…
    Pardaillan bondissait. Si on ne s’écartait pas, il

Weitere Kostenlose Bücher