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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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d’un furieux et double coup d’éperon. La bête hennit de douleur et bondit, enfilant une ruelle étroite dans laquelle se précipitèrent les poursuivants.
    — Bon ! grommela le chevalier, les voilà dépistés.
    Il songeait à Violetta et à Charles. Il galopait furieusement, les quatre fers de son cheval jetaient des étincelles ; derrière lui la rumeur de mort grondait : après une ruelle, une autre ; il franchissait d’un bond la rue Saint-Antoine, renversait des gens ; des clameurs saluaient au passage l’infernale cavalcade… et il songeait : « Pauvre petit duc ! C’est qu’il voulait se tuer !… Comme ils s’aiment !… Allons, ils seront heureux et auront beaucoup d’enfants… C’est la grâce que je leur souhaite, à ces gentils amoureux… »
    — Arrête ! Arrête ! hurlaient les poursuivants.
    — A la hart ! Au truand ! vociféraient les bourgeois qui voyaient passer avec épouvante la fantastique chevauchée.
    « Maintenant, ils sont en sûreté, songeait Pardaillan. Si le petit duc a deux liards d’esprit, dès ce soir, il ira trouver un prêtre qui bénira son union… puis il sortira de Paris et s’en ira à Orléans… — Madame ma mère j’étais parti pour chercher une vengeance, et je ramène l’amour… Je chasse de race, madame ! Pourquoi m’avez-vous fait un cœur aussi tendre ?… Il me semble que je l’entends ! » acheva Pardaillan avec un sourire.
    — A mort ! A mort ! grondait derrière lui la clameur.
    Les premiers des poursuivants étaient sur lui ; il entendait le souffle rauque des bêtes épuisées ; il courait, labourant les flancs de son cheval quand il faiblissait et lui demandant un suprême effort… Où allait-il ? L’instinct seul le guidait à ce moment… Il avait d’abord couru jusqu’à une porte et avait vu la porte fermée, les gardes rangés, la pique croisée…
    — Les portes de Paris fermées, avait-il pensé en se jetant à gauche par une brusque volte.
    Et il était rentré au cœur de Paris… Mais la meute avait volté, elle aussi. Plusieurs étaient tombés en route. Mais ils étaient encore une trentaine…
    Que voulait Pardaillan ? Espérait-il les épuiser, les semer en route, et se retournant à la fin, demander son salut à quelque tentative insensée ?… Mais il voyait bien que dès qu’il s’arrêterait, la foule se ruerait sur lui… Dans les rues qu’il parcourait, un effroyable tumulte se déchaînait. Les imprécations, les malédictions éclataient contre cet homme qui était poursuivi…
    Un homme poursuivi a toujours la foule contre lui : les vieux instincts de l’animal carnassier et chasseur se réveillent dès que quelqu’un est traqué ; et si la bête tombe, chacun veut prendre part à la curée. Pardaillan le savait parfaitement. Il n’avait donc d’espoir que dans la vitesse et la force du cheval qu’il montait. Si les poursuivants étaient mieux montés que lui, il était perdu.
    Il fallait pourtant que vînt la minute de la catastrophe. Pardaillan était pris dans Paris comme dans une vaste souricière. Il ne pouvait sortir. Partout où il apparaissait, les cris de mort s’élevaient, parce que derrière lui des gentilshommes hurlaient la mort.
    Où aller ?… Son cheval faiblissait ; il rendait du sang par les naseaux ; ses flancs ruisselaient de sang. Et lui-même, tout sanglant, tout déchiré, sa rapière nue en travers de la selle, ses yeux flamboyants, penché sur l’encolure écumante, il passait comme une foudroyante vision…
    Nul ne tentait d’ailleurs de l’arrêter… Sur le passage de cette troupe exorbitante, les gens fuyaient, se collaient aux murs, se terraient sous les auvents, et il semblait que Paris tout entier hurlât à la mort contre un seul homme…
    Où allait-il ?… Où aboutirait-il ?… Il ne savait pas !… Maintenant, la pensée même s’éteignait en lui. Il n’y avait plus de vivante au fond de son âme harassée que la haine… la haine qui seule lui avait donné le courage de vivre après la mort de l’adorée…
    Mourir !… mourir sans avoir frappé Maurevert !…
    Pardaillan jeta autour de lui des yeux hagards où pourtant, même en cette tragique seconde, il y avait encore une ironie… Il allait mourir ! Et Maurevert pour qui il avait vécu, Maurevert qu’il avait poursuivi dans le monde, Maurevert qu’il traquait depuis quinze ans, Maurevert qu’il espérait tenir à Paris, Maurevert l’assassin de Loise…, oui,

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