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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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bientôt prise d’assaut par la multitude furieuse, et qu’elle ne succombât sous les coups. La bonne hôtesse s’oubliait. Pardaillan la considéra un instant avec une admiration attendrie.
    — Vous savez bien, ma chère hôtesse, qu’à la
Devinière
, il ne m’est jamais rien arrivé de fâcheux, reprit le chevalier.
    — Ecoutez ! écoutez ! s’écria Huguette.
    Un étrange tumulte éclatait dans la rue, à ce moment. Et ce n’était pas le tumulte d’une attaque ; des bruits sourds résonnaient, et ce n’étaient pas les bruits d’une porte qu’on essaye de défoncer. Ce tumulte, c’était celui d’une foule qui s’écarte précipitamment. Ces bruits, c’étaient, eût-on dit, ceux de meubles qui, tombant de très haut ; se brisaient à grand fracas sur le perron et sur la chaussée. En même temps, de rauques vociférations descendaient du haut d’une fenêtre, comme une pluie d’imprécations. Dehors Maurevert s’écriait :
    — Je le savais bien que le damné Pardaillan avait rassemblé ici son armée de truands !
    Et Pardaillan disait à Huguette :
    — Ah ça, mais nous avons donc des défenseurs ?
    Il s’élança vers les étages supérieurs et, guidé par le bruit formidable, atteignit le deuxième et dernier étage. Là, il constata que les vociférations venaient de la chambre où il avait dormi la nuit précédente… la chambre qu’il avait occupée jadis quand il logeait à la
Devinière
.
    « Ils sont au moins quinze là-dedans, songea-t-il. A la bonne heure ! Je commence à croire qu’on va pouvoir donner du fil à retordre à messieurs les guisards. »
    Et il ouvrit la porte en criant :
    — Holà, camarades, ne jetez pas tout à la fois ! De la méthode, que diable ! Organisons une défense, et…
    Il s’arrêta court, ébahi par le spectacle imprévu qui s’offrait à ses yeux.
    Dans sa chambre, il n’y avait plus de meubles : les chaises, les deux fauteuils, la table, le bahut, le lit lui-même, démonté sans doute pièce à pièce, avaient été précipites par la fenêtre grande ouverte. Il n’y avait plus qu’une horloge, une de ces hautes horloges enfermées dans une gaine de bois sculpté.
    Or, cette horloge, pour l’instant, semblait s’être animée d’une vie surnaturelle et fantastique. Elle dansait, se balançait, se cognait aux murs, avec des gémissements sonores et de brusques appels de sa sonnerie détraquée. Pardaillan qui ne s’étonnait de rien en demeurait muet de stupéfaction.
    Cette horloge se battait !… Elle se battait contre un grand diable presque aussi haut et sûrement aussi maigre qu’elle, un être aux jambes d’échassier, aux bras démesurés, au long buste surmonté d’un seul cou, que surmontait enfin une petite tête à bec d’oiseau, à cheveux noirs aplatis sur le front plat.
    C’était cet homme qui avait précipité tous les meubles par la fenêtre. C’était lui qui, empoignant l’horloge à bras-le-corps, l’entraînait aussi vers la fenêtre. C’était lui qui hurlait et vociférait d’une voix grasse, large, basse et profonde ! Il ruisselait de sueur. Il était blême d’épouvante, insensé de fureur. Il assénait à l’horloge de terribles coups de pied et la serrait dans ses bras, d’une étreinte frénétique.
    — Ah ! misérables ! comme à la chapelle Saint-Roch ; comme à l’abbaye ! Vingt contre un ! Ah ! Par la fenêtre ! Tous par la fenêtre ! Quelle bataille !… Toi aussi, tu y passeras ! Nous y sommes !… Ouf !…
    L’horloge, dans un dernier effort du fou — fou de peur et de rage — venait enfin de basculer sur l’appui de la fenêtre. L’homme se pencha avec un grand éclat de rire. L’horloge tomba dans le vide et alla se fracasser sur la chaussée, d’où monta la furieuse imprécation de la foule. Alors le fantastique lutteur, les yeux hagards, le visage couvert de sueur, se retourna en croassant d’un air satisfait :
    — Tous en déroute !… Le dernier est mort !
    Et Pardaillan reconnut Croasse.
    q

Chapitre 36 BELGODERE
    B elgodère, on l’a vu, s’était élancé vers la porte Montmartre pour courir à l’abbaye. Il trouva la porte fermée : sur l’ordre du duc de Guise, nul ne pouvait sortir de Paris. Belgodère ne fit aucune objection aux gens d’armes qui lui crièrent de passer au large. Il s’écarta et, à deux cents pas de la porte, monta sur le rempart en grognant :
    — A cette heure, dit-il, la fille de Claude doit être

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