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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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celle qui, à mon sens, était bien la fille du procureur Fourcaud, cette Jeanne enfin n’était pas une prisonnière. Il était de notre intérêt de la garder quelque temps, afin que nul ne connût la substitution qui s’est opérée à la Bastille, voilà tout. Puisqu’elle est partie, bon voyage !
    — C’est ça, bon voyage ! dit le bohémien.
    — Nous la retrouverons, d’ailleurs, sois tranquille. Tu peux donc te retirer en paix, Belgodère, non toutefois sans m’avoir rendu le sauf-conduit que je t’ai confié.
    — Ce papier ! s’exclama le bohémien en se fouillant vivement. Par le diable, où est-il ?… Je ne l’ai plus…
    — Tu l’as perdu ?…
    — Oui, dit Belgodère en regardant fixement Fausta, j’ai dû le perdre…
    — Cela n’a pas d’importance, après tout. Va, Belgodère, et attends mes ordres. A moins que tu ne veuilles quitter mon service, auquel cas je t’enverrais à mon trésorier. Parle… Veux-tu quitter mon service ?
    — A moins que vous ne me chassiez, dit le bohémien, je préfère rester. Il me semble que je n’en ai pas fini avec votre illustre seigneurie.
    — C’est bien aussi ce qu’il me semble, à moi, dit Fausta.
    Et elle accompagna d’un sourire aigu le bohémien qui, après une humble salutation, se retirait. Belgodère grondait en lui-même :
    — Maintenant, je suis tout à fait sûr que c’est elle qui a fait enlever Stella. Par l’enfer, signora mia, non seulement je n’en ai pas fini avec vous, mais cela ne fait que commencer !…
    q

Chapitre 37 CLAUDE
    L e prince Farnèse, en s’appuyant à la fenêtre du logis de la place de Grève, assista, pétrifié par l’horreur et l’admiration, au terrible spectacle que nous avons essayé de peindre, sans espoir d’en pouvoir rendre la tragique grandeur.
    Farnèse vit Claude qui, après avoir sauté, se relevait, le poignard à la main, et se ruait sur la foule. Mais déjà, avant que Claude ne fût parvenu jusqu’à l’estrade, le prince vit Pardaillan saisir Violetta et l’arracher aux gardes. Puis après un inappréciable instant où tout disparut dans un vaste remous, il revit sa fille près de Charles d’Angoulême ; puis eut lieu la terrible chevauchée qui coûta la vie à plus de vingt personnes et en blessa deux cents autres.
    Le prince cardinal, avec une délirante angoisse, suivit les phases de ce rêve vivant sous ses yeux… Violetta était sauvée !… Violetta avait disparu, emportée au galop par ses sauveurs !…
    Ces sauveurs, Farnèse les avaient reconnus. C’étaient ces hommes à qui il avait parlé dans les vieux pavillons de l’abbaye de Montmartre, lorsque la subtile et perverse diplomatie de Fausta l’avait si soudainement remis en présence de la bohémienne Saïzuma… de Léonore de Montaigues… de celle qu’il croyait morte… de la femme, enfin, qu’il avait adorée vivante et qu’il regrettait de toute sa passion éperdue.
    Lorsque Farnèse vit que sa fille était sauvée, il poussa un rauque soupir de joie surhumaine, et, pour la première fois depuis les seize mortelles années qu’il venait de vivre, un rayon d’espoir tomba dans ce cœur damné. Et cette joie, c’était le cri d’un égoïsme effroyable.
    Cet espoir, ce n’était pas à Violetta qu’il allait, c’était encore, toujours à Léonore ! Oui, Farnèse aimait sa fille ! Oui, il l’avait ardemment cherchée ! Oui, il avait subi une vraie torture lorsque, l’ayant presque retrouvée, il avait cru que Fausta l’avait tuée ! Oui, à ce moment, sa haine contre celle qu’il appelait Sainteté avait été pure et sans mélange ! Mais depuis qu’il avait revu Léonore, Farnèse ne songeait plus à sa fille que comme un moyen de reconquérir l’adorée.
    Léonore était folle : c’était par Violetta qu’il pouvait lui rendre la raison. Léonore rendue à la raison devait le haïr, c’était par Violetta qu’il pouvait essayer de toucher son cœur.
    Donc il faut le dire : Farnèse, en voyant Violetta sauvée, eut ce moment de joie d’un terrible égoïsme que nous avons signalé, et il rugit :
    — Maintenant, je puis me retrouver face à face avec Léonore.
    En quelques secondes, son plan s’échafauda dans son esprit. Par les sauveurs, retrouver Léonore, et, en lui ramenant Violetta… sa fille… se faire pardonner le formidable passé !…
    Il revoyait Léonore telle qu’il l’avait vue à l’abbaye, belle dans sa folie, d’une étrange beauté, qui

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