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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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touche est maudit… Mais mourir sans avoir frappé l’infernale Fausta !… O Claude ! Claude ! que fais-tu ?…
    Ce que faisait Claude ?… Il s’était élancé vers le point où il avait vu galoper Charles d’Angoulême emportant Violetta. Il passa en bondissant près de l’estrade.
    Fausta le vit sans doute !… Fausta devina ce qu’il allait faire !… Elle dit quelques mots à un homme qui se trouvait près d’elle, et cet homme se mit à courir comme courait Claude.
    Claude, l’un des premiers, saisit la bride de l’un de ces chevaux qui couraient en tous sens. Il sauta dessus et se trouva faire partie, pour ainsi dire, du peloton de cavaliers qui se lançait à la poursuite de Pardaillan. Seulement, lorsque Pardaillan tourna, Claude ne suivit pas le peloton. Il s’élança ventre à terre dans la même direction que Charles d’Angoulême qu’il voyait disparaître au loin, au tournant d’une rue. Ce tournant, il l’atteignit à temps pour voir Charles entrer dans la rue des Barrés. Il entra à son tour…
    Charles se croyait poursuivi.
    Lorsqu’il s’arrêta, haletant, devant son hôtel — l’hôtel de Marie Touchet — il sauta à terre, saisit Violetta dans ses bras, et heurta le marteau avec une telle frénésie que les serviteurs accoururent affolés ; la porte ouverte, Charles déposa dans l’antichambre Violetta évanouie… A ce moment, Claude arrivait à fond de train et s’arrêtait devant la porte. Charles s’élança au dehors et braqua son pistolet sur Claude. Claude, haletant, hagard, en cet état où l’homme ne dirige plus ses pensées, obéit à des impulsions nerveuses, Claude se dit qu’il allait être tué là par ce jeune homme, et l’idée ne lui vint pas de faire un seul mouvement pour se défendre. Charles fit feu… A l’instant même où il tirait, son bras dévia ; la balle se perdit dans les airs ; Charles se sentit étreint par deux bras de femme, et une voix mourante balbutiait à son oreille :
    — Mon père ! C’est mon père que vous tuez !…
    Le jeune duc poussa un cri et jeta un regard de terreur sur Claude. Et, le voyant debout, tout pâle dans la fumée, il s’élança, lui saisit ses deux mains :
    — Vous ai-je blessé ?…
    — Non ! non !…
    — Entrez… entrez, ô vous qu’elle appelle son père… pardonnez… j’ai cru que vous nous poursuiviez… Si vous saviez comme je l’aime… J’étais fou… j’eusse tout tué…
    Quelques instants plus tard, Charles d’Angoulême et Violetta, réunis dans les bras de Claude, mêlaient leurs sourires et leurs larmes. Le bourreau sanglotait doucement.
    Ce fut pour ces trois êtres une minute de bonheur très pur. Pour Violetta, c’était l’extase infinie d’un beau rêve soudain réalisé. Pour les deux hommes, c’était cet étonnement ravi qui saisit les âmes les mieux trempées lorsque du danger on passe tout à coup à la sécurité, et du désespoir à une certitude de bonheur. Ils se connaissaient à peine. Et il leur semblait qu’ils avaient toujours vécu ensemble. Claude murmura à l’oreille de Violetta :
    — C’est donc ce jeune seigneur que j’allai chercher à l’auberge de l’
Espérance
et que je ne trouvai pas ?
    — C’est lui ! dit Violetta palpitante.
    — Monsieur, fit alors le jeune homme tandis qu’il souriait à Violetta, votre situation est bien simple : j’aime cet ange dont vous avez le bonheur d’être le père. Il faut donc que vous sachiez qui je suis. Je m’appelle Charles, duc d’Angoulême. Ma mère s’appelle M me  Marie Touchet, et mon père s’appelait Charles IX…
    — Le fils du roi ! murmura Violetta ravie.
    Et dans son âme naïve de pauvre petite bohémienne, il y eut comme un orgueil très doux, pareil à l’orgueil de ces petites Cendrillons qu’une fée bienfaisante donne pour épouses à quelque prince Charmant. Son rêve avait été radieux. La réalité était inouïe. Ce seigneur qu’elle avait adoré en secret, qui en ce moment la tenait par la main, et qui l’aimait, et, qui le disait, c’était un fils de roi…
    Au fond de cette rue paisible, les clameurs mortelles n’arrivaient pas. Dans cette salle aux beaux meubles luisants, aux tapisseries anciennes régnait un calme infini, comme si la douce amante de Charles IX y eût laissé l’empreinte de son amour profond et tranquille. La tête appuyée sur la poitrine de Claude, la main dans la main de Charles, Violetta eût souhaité mourir

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