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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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papier. A peine le sergent y eut-il jeté un coup d’œil qu’il regarda Belgodère avec stupéfaction, puis s’inclina.
    — C’est pour le moins un prince déguisé, songea-t-il.
    Et tout haut :
    — Monseigneur daignera pardonner la façon dont je l’ai reçu tantôt. La consigne était rigoureuse.
    Belgodère regarda autour de lui avec effarement. Force lui fut de constater que « monseigneur » c’était lui.
    — Ouvre ! se contenta-t-il de dire d’un ton très bref en se redressant.
    — A l’instant ! dit le sergent, convaincu par ce ton et cette attitude qu’il avait affaire à un gros personnage.
    Et il ajouta :
    — Ce ne sera pas long ; le pont-levis vient d’être baissé pour quelqu’un, et on n’a pas eu le temps encore de le relever.
    Belgodère ne fit pas attention à ces paroles. Dès que la porte lui eut été ouverte, il se précipita au dehors, franchit le pont et s’élança vers l’abbaye. Tout en montant au pas de course, il ruminait :
    — Comment vais-je lui apprendre la chose ? Elle croit qu’elle s’appelle Jeanne Fourcaud. Pas du tout. Elle s’appelle Stella. C’est ma fille. Me croira-t-elle seulement ? Pourvu qu’elle me croie !… Bah ! Elle me croira… Ce serait fameux, par exemple, que je n’arrive pas à lui prouver que je suis son père !…
    Telles étaient les pensées du bohémien, ce qui prouve une fois de plus que chez les êtres les plus pervers en apparence, la nature a laissé son indélébile empreinte.
    — Elle me croira, c’est sûr ! continua Belgodère. Et puis, que ferons-nous ?… Nous partirons. Claude, assommé, râle quelque part, à moins qu’il ne soit mort… S’il n’est pas mort, il n’en vaut guère mieux. Je n’ai plus rien à faire à Paris, moi. Alors, c’est bien simple. J’emmène ma fille, ma petite Stella…
    Il riait nerveusement en grommelant ainsi, et il avait une effrayante figure.
    Il atteignit l’abbaye et trouva plus expéditif de passer par la brèche. Là, il s’arrêta, tout pâle. Ce sacripant tremblait à l’idée de revoir son enfant.
    — Que je me repose un peu, gronda-t-il comme pour s’excuser de sa propre faiblesse. Si je lui apparaissais ainsi tout hors de moi, je serais capable de l’effrayer. Effrayer Stella, moi !
    Il se mit enfin en marche vers l’enclos, et quand il n’en fut plus qu’à cent pas, il vit que la porte en planches était ouverte. Belgodère fronça les sourcils, mais aussitôt il songea :
    — C’est moi qui l’aurai laissée ouverte cette nuit…
    Il se mit à courir, et quand il fut dans l’enclos, une sueur froide pointa à ses cheveux : non seulement la porte de la palissade était ouverte, mais celle du pavillon l’était également.
    — Qu’est-ce que cela veut dire ?…
    D’un bond, il fut dans le logis, et alors un rugissement gronda dans sa poitrine ; une troisième porte ouverte béait devant lui, et c’était celle de la pièce où il avait enfermé Jeanne Fourcaud… sa fille !
    — Stella ! hurla-t-il, oubliant que même si sa fille eût été là, elle n’eût pas répondu à ce nom qu’elle ne connaissait pas.
    Il se rua dans la pièce qui avait servi de prison à Violetta, puis à Stella. Elle était vide…
    — Stella ! Stella ! rugit-il. C’est moi ! C’est ton père ! N’aie pas peur ! Où es-tu ?…
    Il se mit à courir comme un insensé, appelant, sanglotant et mêlant ses appels de tendresse de jurons terribles. Quand il fut bien sûr que Stella n’était plus ni dans le pavillon ni dans l’enclos, il courut au monastère, monta l’escalier en bousculant un homme qui à ce moment le redescendait, et frappa violemment à la porte de l’abbesse.
    — Stella ! où est Stella ? gronda-t-il lorsqu’il se trouva en présence de M me  de Beauvilliers.
    — Stella ! fit Claudine d’un ton de surprise.
    — Je veux dire la prisonnière. Voyons, où est-elle ?
    — Ne l’avez-vous pas emmenée ? conduite à la Bastille ?
    — Je ne parle pas de Violetta. Je veux dire celle que j’ai ramenée…
    — Ah ! vous aviez donc ramené une autre prisonnière ?
    Belgodère saisit sa rude chevelure à deux mains. Il se rappelait maintenant qu’il n’avait prévenu personne. A mots entrecoupés, il fit le récit de ce qui s’était passé pendant la nuit, et comment ayant conduit Violetta à la Bastille, il avait ramené Jeanne Fourcaud.
    — Vous disiez qu’elle s’appelle Stella ? observa Claudine.
    —

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