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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Loïse !… Mon père !… Nous sommes sauvés !…
    Les arquebusiers et le geôlier remontaient avec plus de précipitation qu’ils n’étaient descendus.
    — Plus haut ! plus haut ! vociférait Leclerc. Jusque dans la cour !
    Quand il n’entendit plus rien, il rentra dans le cachot et, comme il avait fait d’abord, referma la porte et raccrocha au clou le falot et le trousseau de clefs. Aussitôt il dégaina.
    — Mort de ma mère ! gronda-t-il à voix basse. Tant pis pour le bourreau. Tu ne mourras que de ma main !…
    Il attaqua.
    Oh ! cette fois, il ne s’agissait plus d’une passe d’armes ! Cette fois, il ne s’immobilisait plus, selon ses propres conventions. Cette fois, il voulait tuer… Il bondissait à droite, à gauche, rompait, avançait… et l’autre, enchaîné, le tenait haletant à la même distance…
    Le cachot noir s’éclairait des vagues clartés du falot. L’épée de Bussi jetait dans cette obscurité de brusques éclairs d’acier. Et cet homme qui rugissait de rage, qui écumait, qui se reculait pour respirer, qui se lançait à l’assaut… et Pardaillan qui ne faisait pas un pas, un geste, qui se couvrait seulement de sa pointe, oui, dans ces ténèbres, au fond de ce trou, c’était un spectacle de délire…
    Un moment vint où Leclerc, épuisé, s’accota à la porte.
    — Oh ! murmura-t-il, pourquoi lui ai-je donné un fer !
    Il en était à ce point où la fureur détraque un cerveau, où la rage se fait folie, où tous les moyens, les plus hideux, les plus lâches deviennent de bons moyens !… Et cette unique pensée battait dans son esprit :
    « Il faut que je le tue !… Si je n’ai pas la joie de me tremper dans son sang, que je crève !… »
    Reposé, il se rua. Dans le silence effroyable, il n’y eut que le battement bref des fers, et le halètement du fauve qui voulait du sang. Et cette fois, Pardaillan recula, se renfonça dans son angle !…
    — Je le tiens ! gronda Leclerc de cette voix rauque qu’ont les tigres en abattant leur griffe sur la proie.
    Il avança de deux pas, pour le corps-à-corps final, et rugit :
    — Je te tiens ! Je te cloue au mur !
    « Au même instant, il eut une sorte de râle, et voulut jeter une clameur d’appel, mais sa gorge ne rendit plus aucun son, sinon ce râle de bête qu’on étrangle…
    On l’étranglait en effet !…
    Bussi-Leclerc, en se jetant en avant, ivre, les yeux injectés, se sentit saisi par deux bras puissants ; il pantela, puis un souffle léger entrouvrit ses lèvres, puis sa tête retomba sur son épaule. Alors Pardaillan desserra l’étreinte… Il laissa glisser Leclerc sur le sol et, se baissant, le toucha au cœur :
    — Bon, dit-il, pas mort ! Ma foi, j’en eusse eu regret… Il en reviendra, et quand il en sera revenu, eh bien, je serai son homme, s’il lui convient de recommencer…
    Pardaillan se redressa alors, s’avança aussi loin qu’il put, allongea la main, et atteignit le trousseau de clefs. En un instant, il eut ouvert les énormes cadenas des anneaux qui encerclaient ses chevilles.
    Alors il voulut s’élancer. Et une sorte de désespoir furieux descendit dans son âme : Pardaillan ne pouvait plus marcher ! Il pouvait à peine se soutenir… Il sentait la faiblesse l’envahir… Il comprenait qu’il allait tomber près de Bussi-Leclerc. Dans quelques minutes, Leclerc reviendrait à lui… et alors…
    Pardaillan tomba sur ses genoux… D’un geste tout instinctif, il saisit la dague de son adversaire évanoui, et la serra, l’incrusta à son poing. Et il attendit…
    Ce fut une minute longue comme une heure, une minute où il connut tout le désespoir, l’angoisse ; où tout ce qu’il avait en lui de force, de pensée, d’énergie, toute son âme, fut employé à repousser l’évanouissement et à ramener une réaction… Cette réaction se produisit. Pardaillan trempa ses mains dans l’eau qui croupissait dans les flaques du sol. Et cette fraîcheur acheva de le ranimer. Alors, il se releva.
    — Je veux, dit-il, les dents serrées par l’effort de la volonté… Je veux ! donc, je peux !… Je veux marcher ! Je veux sortir !… Je veux vivre !…
    Et ce miracle naturel de l’action violente opérée par une âme sur un corps s’accomplissait !… Pardaillan épuisé par la perte du sang, Pardaillan à qui on avait oublié de descendre un morceau de pain, Pardaillan se levait, il marchait… il saisissait le falot et le

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