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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de chien, nous l’ignorons. Si de crier plus fort que le chien cela le fait taire, nous n’en avons pas fait l’expérience. Mais ce qui est Sûr, c’est qu’un silence de mort suivit l’apostrophe de Pardaillan.
    Evidemment, les enfermés étaient au comble de l’effarement.
    — Que voulez-vous ? reprit Pardaillan.
    — Eh ! par la mort-dieu, nous voulons sortir ! Nous sommes enfermés là, et M. le gouverneur aussi, sans trop savoir ni comment, ni par qui, ni pourquoi. Qui que vous soyez, allez prévenir le poste à l’instant !
    C’était le geôlier Comtois qui venait de parler ainsi. En effet, le digne Comtois n’avait pu imaginer ce qui se passait. Aux appels de Bussi-Leclerc, il était descendu jusqu’au deuxième sous-sol ; mais à ses demandes, le gouverneur n’avait répondu que par des menaces de l’étriper s’il n’ouvrait à l’instant.
    Comtois s’était alors précipité pour aller chercher des clefs puisque son trousseau était enfermé avec le gouverneur. Et, avec les quatre gardes, effaré, épouvanté, il s’était heurté à la porte de la tour, verrouillée à l’extérieur.
    — Ainsi, reprit Pardaillan, vous ne savez pas qui vous a enfermés ?
    — Non ! A moins que ce ne soit Satan en personne…
    — Et vous ne savez pas qui a enfermé M. de Bussi-Leclerc ?
    — Non, par la mort de tous les diables ! Courez donc…
    — Je vais vous dire : c’est moi qui ai enfermé M. le gouverneur ; c’est moi qui vous ai enfermés…
    — Qui, vous ? hurla Comtois.
    — Moi, Pardaillan, dit le chevalier, paisible.
    On entendit un hurlement de désespoir, suivi de quelques secondes de silence que probablement Comtois passa à s’arracher les cheveux. Puis le geôlier fit entendre une série de jurons entrecoupés de lamentations. La situation était en effet assez affreuse. Quoiqu’il n’eût fait en somme qu’obéir aux ordres du gouverneur, il ne pouvait s’en tirer à moins d’une bonne accusation de connivence avec le prisonnier.
    — Mon compte est bon, rugissait-il tout en martelant la porte ; demain, au point du jour, je suis sûr d’être guindé la hart au col ! Demain soir, mon corps servira de pâture aux corbeaux de la tour du Nord.
    — Rassurez-vous, mon digne geôlier, dit alors Pardaillan, vous ne serez pas pendu…
    — Comment cela ? haleta Comtois en arrêtant un moment son tapage.
    — Pas pendu de votre vivant, du moins ! Quant à être pendu une fois mort, que vous importe, à vous et à vos hommes ?
    — Hein ? que dit-il ? s’écrièrent les quatre arquebusiers qui, se croyant à l’abri quoi qu’il advînt, n’avaient encore rien dit et, au contraire, étaient enchantés de la mésaventure survenue à leur gouverneur.
    — Je dis, reprit froidement le chevalier, que la tour du Nord est bien loin des postes, et que personne ne peut vous entendre. Je dis que je vais être hors de la Bastille dans une heure. Je dis que je ferai alors prévenir le chef du poste que M. le gouverneur a dû partir subitement en voyage escorté d’un geôlier et d’arquebusiers. Je dis que nul n’aurait l’idée de venir voir ce que vous devenez, puisqu’on vous croira en voyage. Je dis donc que je vais simplement vous laisser mourir dans cet escalier.
    A ces mots, il y eut derrière la porte un concert d’imprécations. Charles d’Angoulême frissonnait. Pardaillan écoutait. C’était une de ces scènes où le burlesque devient tragique, où le tragique provoque de nerveux éclats de rire.
    Lorsque Pardaillan eut compris, au diapason des gémissements, que la terreur des malheureux confinait à la folie, il frappa du poing pour signifier qu’on eût à l’écouter. Le silence se fit à l’instant même.
    — Vous me faites pitié, dit alors le chevalier.
    — Grâce ! monseigneur, laissez nous sortir, hurlèrent les quatre soldats.
    Le geôlier ne dit rien.
    — Je veux bien vous laisser vivre, continua Pardaillan, à une condition.
    — Cent conditions ! protestèrent les arquebusiers.
    — Une seule, et la voici : vous rendez-vous à moi ? J’ouvre. Sinon, je m’en vais. Je vous donne une minute pour réfléchir à cette honorable capitulation.
    — Nous nous rendons ! crièrent tout d’une voix les quatre affolés.
    Pardaillan tressaillit de joie.
    — Je ne me rends pas, moi ! vociféra le geôlier. Vous êtes des lâches, et la peur vous rend stupides. Cet homme ne peut pas sortir de la Bastille. Et quant à nous, nous

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