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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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une heure au repos, étendu sur son lit, ruminant et grommelant parfois :
    — Il ne faut pas qu’il meure avant…
    Il était un peu plus de minuit lorsqu’il s’habilla de vêtements légers et souples. Il se sentait fort comme Samson. Entraîné par les assauts d’armes de la journée, sa force décuplée par l’orgueil de ces victoires, nerveux et calme à la fois, il comprenait, il sentait qu’à ce moment il n’y avait pas au monde d’adversaire capable de lui tenir tête.
    Il s’enveloppa de son manteau et, sous ce manteau, cacha deux épées. Alors, il descendit, appela Comtois le geôlier de la tour du Nord et, suivi comme la veille de quatre arquebusiers, il se dirigea vers le cachot de Pardaillan.
    Au premier sous-sol, il laissa les gardes et le geôlier, leur ordonnant de l’attendre là. Puis, prenant le falot, il descendit, entra dans le cachot, referma la porte derrière lui, accrocha la lanterne à son clou, jeta bas son manteau, et tendant une épée à Pardaillan :
    — Monsieur, dit-il, par un coup de traîtrise, vous m’avez désarmé une fois. Je pourrais vous tuer. Mais M. de Guise qui veut absolument vous questionner serait capable de m’en vouloir. Vous êtes enchaîné par les pieds, c’est vrai ; mais vos chaînes ont assez de jeu pour que vous puissiez vous mettre en garde. De mon côté, je vous jure bien que je ne romprai pas, ni en arrière, ni par les flancs. Nous sommes donc à égalité. Voici une épée. Vous m’avez désarmé : je vous désarmerai. Et quand j’aurai fait constater que je suis votre maître, je serai à votre disposition, monsieur, pour toutes commissions que vous voudriez faire exécuter après votre mort qui doit advenir demain au jour levant. Je pense, monsieur, que vous serez assez galant homme pour ne pas refuser ma revanche.
    — Monsieur de Bussi-Leclerc, dit Pardaillan, d’une voix qui malgré lui frémit d’une joie puissante, j’étais sûr qu’un homme tel que vous ne voudrait pas rester sous le coup d’une défaite aussi affreuse. Aussi, vous voyez, je ne dormais pas… JE VOUS ATTENDAIS !…
    q

Chapitre 47 MONOLOGUE DE PARDAILLAN
    N ’ayez pas peur, lecteur, il sera bref. Voici ce que se racontait à lui-même le chevalier de Pardaillan, dans l’heure même où le sire de Bussi-Leclerc se préparait à descendre à son cachot :
    « Viendra-t-il ? Ou ne viendra-t-il pas ? Ai-je bien lu sur ce visage de spadassin la vanité incurable, la vanité têtue, la vanité qui saigne, souffre, enrage et pleure ? Ai-je bien vu dans ces attitudes la bienheureuse haine qu’il me porte ? Dois-je espérer que j’ai assez exaspéré cette vanité, que j’ai assez fourragé dans cette plaie, que j’ai assez envenimé cette haine ?… Seigneur Dieu, si vous existez, faites seulement que M. de Bussi-Leclerc ait bien la dose de vanité que je lui suppose ; le reste me regarde !
    « Pouvais-je ne pas me rendre ?… Seul, j’eusse tenté quelque coup de folie. Et en cela, je ne suis pas si fou que j’en ai l’air. En effet, combien de fois n’ai-je pas remarqué que la folie est encore ce qu’il y a de plus raisonnable sur cette terre. M. de Pardaillan, mon digne père, avait coutume de ne s’étonner de rien, et cela lui a permis de franchir plus d’un mauvais pas où un homme raisonnable eût laissé ses os et sa peau. Donc, si j’avais été seul, je crois vraiment qu’à force de folie j’eusse été assez sage pour me tirer de la
Devinière
. Mais voilà, il y avait Huguette !… Huguette étant là, j’ai dû être sage, ce qui fut la plus insigne folie de ma vie…
    « Pauvre Huguette ! Est-ce que je ne lui devais pas cela ?… Pour tant d’amour silencieux, humble et dévoué, pour seize ans de tendresse inavouée, je pouvais bien lui donner cette minute de joie… de ne pas mourir sous ses yeux. Car rien ne prouve que je ne fusse pas mort. Et puis… parmi tant de coups que j’eusse reçus, il s’en fût bien égaré quelques-uns sur elle !… Allons, j’ai bien fait de me rendre !… C’est ma réponse à l’amour d’Huguette…
    « L’amour d’Huguette ! reprit Pardaillan en fronçant les sourcils. Ma réponse à cet amour est-elle une trahison à l’amour que je cache en moi ?… Eh quoi, Loïse ! Je t’aime donc toujours ?… J’aime une morte ! Morte depuis seize ans, morte dans mes bras, en me jetant son dernier regard si doux que j’en sens encore la douceur… J’aime une

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