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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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morte. Il sera donc dit que tout aura été folie dans la vie de mon cœur !… Folie, soit ! Mais, est-ce ma faute si je ne puis l’oublier, si je la vois toujours près de moi, me souriant, et me parlant, et me répétant que nous sommes unis jusqu’à la mort !… Non, ce n’est pas ma faute, puisque j’ai essayé de l’oublier, et que je n’ai pas pu. Jusqu’à la mort !… Puisqu’elle est morte, je l’aimerai donc jusqu’à ce que je meure : voilà. C’est bien simple et je n’y puis rien… »
    En parlant ainsi, Pardaillan pleurait doucement. Cette fidélité inouïe, cette étrange fidélité à la mort ne l’étonnait pas. Il n’en tirait ni orgueil d’âme, ni vanité de cœur. Comme il disait avec son admirable simplicité, il n’y pouvait rien, et c’était tout. Il continua :
    « Cette vipère (il pensait à Maurevert) m’a tout de même octroyé quelques morsures qui m’ont fait souffrir la male mort. Claude ! Qui est ce Claude qu’il dit de mes amis ?… Et Farnèse !… Pourquoi ces deux noms ?… Mais Violetta ! mais Charles !… Pauvre petit duc qui avait une si belle confiance en moi et croyait qu’au besoin j’eusse, comme Josué, arrêté le soleil ! Pris ! Enchaîné comme moi ! Et ces plaintes qui descendent parfois jusqu’à moi, ce sont ses plaintes !… »
    Et un rugissement lui échappa, à lui ! Il secoua ses chaînes et essaya de faire un ou deux pas. Il murmura :
    — Pour Loïse assassinée, pour mon père assassiné, pour Charles qu’on assassine, pour Violetta qu’on assassine, pour tant de souffrances répandues sur la terre et concentrées ici, dans ce cachot, qu’est-ce que je demande ? De
pouvoir
un jour dire deux mots à l’assassin et à celle qui jadis fournit l’arme. O bonne Catherine, dire que je n’avais pas songé à toi !…
    Il était livide. Il y avait dans son regard un tel flamboiement qu’il lui semblait parfois que le cachot s’en éclairait. Et il répéta ces noms étrangement assemblés :
    — Loïse… Maurevert… Médicis… Guise.… Viendra-t-il ou ne viendra-t-il pas ?… Non ! Il ne viendra pas…
    A ce moment, il dressa l’oreille. Un bruit lointain venait de le frapper. Rapidement, le bruit se rapprocha, la porte s’ouvrit. Pardaillan eut un profond tressaillement qui l’agita jusqu’au fond de l’être. Et de sa pensée, dans un flot de joie terrible, rugit ce seul mot :
    — Il est venu !…
    q

Chapitre 48 LA BASTILLE
    V ous m’attendiez  ? dit Bussi-Leclerc, lorsque Pardaillan, d’une voix très paisible, eut répondu au petit discours qu’il venait de débiter et qu’il avait mis un quart d’heure à préparer.
    — Ma foi, oui, monsieur. Aussi vrai que je vous le dis, je vous attendais !
    Bussi-Leclerc jeta autour de lui un regard de défiance et grommela :
    — J’ai peut-être eu tort de laisser mes hommes là-haut. Si je les faisais descendre ? Oui, mais si je n’arrive pas à le désarmer ?… Double honte !…
    Pardaillan suivait avec une prodigieuse intensité d’attention ce qu’il pouvait lire de pensée sur le visage de son visiteur. Il comprit que, même enchaîné, même dans l’état de faiblesse où il était, il semblait encore redoutable, et il trembla de voir Bussi-Leclerc s’éloigner.
    — Je vous attendais, reprit-il ; ne m’avez-vous pas annoncé que je dois être questionné ? Puisque vous voilà, je suppose que le bourreau n’est pas loin…
    — Ah ! bon ! fit Leclerc. Eh bien, non, mon cher monsieur, ce n’est pas pour cette nuit. C’est, comme je vous le disais, pour demain, au jour levant.
    — Il ne fait donc pas jour ?…
    — Non. Rassurez-vous. Vous avez encore quelques heures devant vous… Venons-en donc à ce que je vous disais. Vous avez entendu ma proposition. Acceptez-vous de me donner ma revanche ?
    — Je vous ferai observer, monsieur, dit Pardaillan qui tremblait de joie maintenant, que je suis dans une position d’infériorité complète.
    « Parbleu ! songea Bussi-Leclerc, c’est bien là-dessus que je compte. »
    Bussi-Leclerc avait tressailli de joie. Cette simple remarque, si juste et si naturelle de Pardaillan, lui semblait un aveu.
    « Il a peur !… Il est perdu !… »
    Se reculant de quatre pas, il prit le champ nécessaire à ce duel fantastique.
    Pardaillan se plaça sur ses deux jambes aussi commodément que les chaînes pouvaient le lui permettre. Et ayant pris la position de garde, il laissa

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