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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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échapper une sorte de gémissement.
    — Voyons, dit sérieusement Leclerc, vous êtes bien, il me semble…
    — Oh ! monsieur ! terriblement gêné, au contraire !
    — Bah ! bah ! pourvu que je sois dans la même position, nous sommes à armes égales. Vous ne pourrez pas rompre, je ne romprai pas ; je m’engage sur l’honneur à ne pas me servir un instant de mes jambes ; je ne suis donc ici qu’un bras armé d’une épée ; vous aussi… de quoi vous plaignez-vous ?
    — Je ne me plains pas, dit Pardaillan.
    Mais, de toute évidence, il avait peur !… Bussi-Leclerc poussa un large soupir, se mit à rire sans savoir pourquoi, et fit deux appels du pied.
    — Allons ! gronda-t-il, y sommes-nous ?
    — M’y voici ! dit Pardaillan.
    Du même coup, les fers s’engagèrent, battirent, et Pardaillan exécuta le coup par lequel il avait désarmé Leclerc au moulin de Saint-Roch. L’épée de Leclerc demeura ferme dans sa main.
    — Malheur ! murmura-t-il. Il a appris la passe !…
    — Ha ! ha ! éclata de rire Bussi triomphant. Qu’en pensez-vous, mon maître ?… Oui, je l’ai apprise, la damnée passe. Et j’en ai appris une autre que je veux vous enseigner !
    Il avait abaissé la pointe de son épée. Pardaillan l’imita et répéta :
    — Malheur sur moi !…
    Bussi-Leclerc riait terriblement. Cette minute-là fut l’une des plus heureuses de sa vie. La première partie de sa revanche était gagnée, puisque le coup de Pardaillan n’avait pas réussi. Peut-être s’il eût été de sang-froid eût-il pu remarquer que son adversaire y avait mis une étrange maladresse. Mais Bussi-Leclerc n’en pensait pas si long : il riait avec délices, voilà tout. Et alors, il se mit à dire :
    — Je vais maintenant vous désarmer, sire de Pardaillan, comme vous m’avez désarmé, et nous serons presque quittes. Seulement, comme il faut que je prouve à tous que je vous ai vaincu, et que nul ne peut se mesurer avec moi, je vous rendrai votre épée. Puis, je vous blesserai… Voyons, réfléchit-il en appuyant la pointe de sa rapière sur le sol, où pourrais-je bien vous blesser ?… Il m’est défendu de vous tuer… sans quoi ce serait déjà fait… tenez, je vais vous toucher au milieu du front… Est-ce dit ?… Oui ?… En garde !… Deux appels !… Un battement prime !… Un coup droit !… Pan !… Ah ! démon d’enfer !…
    Ces derniers mots furent un véritable hurlement de rage et d’étonnement. A mesure qu’il avait parlé, Bussi avait exécuté. D’un froissement auquel peu d’épées eussent résisté, il avait abattu la lame de son adversaire, et, espérant le surprendre au front après lui avoir annoncé qu’il allait d’abord essayer de le désarmer, il s’était fendu à fond ; en même temps, son épée sauta !…
    Pour la deuxième fois, Bussi-Leclerc, l’invincible, était vaincu, désarmé !… Son hurlement de rage roula dans les sous-sols avec de ces sourds échos qui ressemblent à des cris de damnés. Pardaillan n’avait pas bougé. Appuyé de la main gauche au mur, il restait en garde et disait avec cette terrible froideur qui chez lui révélait de surhumaines émotions :
    — Ramassez votre épée, monsieur. Vous le pouvez, puisque je suis enchaîné…
    Cette effrayante émotion de Pardaillan venait de ce qu’il pensait. Et ce qu’il pensait, le voici :
    « Idiot ! Trois fois stupide ! Je n’ai pu résister au plaisir de donner une leçon à ce spadassin !… Tout est perdu ! Les voilà qui descendent !… Il va s’en aller !… Ah ! misérable que je suis !… »
    En effet, au hurlement de Leclerc, des voix effarées avaient répondu dans l’escalier. Comtois et les arquebusiers, s’imaginant qu’on égorgeait le gouverneur de la Bastille, accouraient… Bussi-Leclerc, ivre de honte, la face apoplectique, ramassa vivement son épée, la rengaina et ouvrit la porte. Pardaillan se mordit le poing.
    — Marauds ! hurla Bussi-Leclerc. Chiens ! Suppôts de potence ! Viande à bourreau ! Qui vous a appelés !…
    — Monseigneur !… balbutia le geôlier Comtois.
    — Que venez-vous espionner ici ? Arrière, gibier d’estrapade ! Qu’on remonte à l’instant l Et le premier qui descend, je l’étripe, et je fais manger sa carcasse aux quatre autres !…
    Pardaillan fut secoué d’un tressaillement de joie frénétique et, haletant, appuyé à son mur avec un sourire intraduisible, balbutia :
    —

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