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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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trousseau de clefs… il sortait de sa tombe !… Et ayant refermé la porte à triple tour, la porte du cachot où gisait Leclerc évanoui, il eut un soupir qui exprimait un monde, et, flamboyant d’espérance, d’un pas souple, nerveux, agile, il se mit à monter…
    Là-haut, dans la cour, attendaient les quatre arquebusiers. Le geôlier Comtois, penché sur le trou de l’escalier, écoutait… Pardaillan s’arrêta au premier sous-sol. Il était devant la porte du cachot de Charles — du moins, selon ce que lui avait dit Maurevert. Avec ce calme effrayant qui préside aux actes de tout homme à la suprême minute où sa vie dépend d’un faux geste, Pardaillan se mit à essayer les clefs et à tirer les verrous, ce qui ne se fit pas sans grincements. De l’autre côté de la porte, Pardaillan entendait une sorte de halètement furieux…
    A ce moment, de l’étage inférieur, montèrent des clameurs étouffées, des coups sourds comme si on eût ébranlé une porte à coups de bélier : c’était Bussi-Leclerc qui, revenu de son évanouissement, et constatant qu’il se trouvait enfermé, poussait des hurlements de rage, et essayait de démolir à coups de pied l’épais panneau de chêne.
    — J’aurais dû l’étrangler tout à fait, grommela Pardaillan. Bah !… pauvre diable de gouverneur !… je lui dois une revanche, après tout…
    Comme il parlait ainsi, la porte sur laquelle il s’escrimait s’ouvrit. Il entra vivement et la repoussa derrière lui. Le cachot s’éclaira de la faible lueur du falot qu’il tenait à la main. Et cette lumière lui montra quelqu’un qu’il ne reconnut pas d’abord, un jeune homme en lambeaux, couvert de sang, des yeux hagards, une bouche convulsée dans un visage livide, fou de désespoir…
    Cet être fit un bond terrible, et Pardaillan se sentit enlacé, étreint par deux bras furieux ; un souffle rauque le frappa au visage, deux mains convulsées se crispèrent à sa gorge, et une voix à peine distincte gronda :
    — J’en tiens un ! Meurs, misérable !…
    — Charles ! Mon enfant ! haleta Pardaillan… Silence ! silence ! ou nous sommes perdus !…
    — O Violetta ! rugit Charles avec un effroyable sanglot, pardonne-moi de ne pouvoir n’en tuer qu’un pour venger ta mort !…
    Dans ces demi-ténèbres, tandis qu’en bas résonnaient sourdement les appels de Leclerc, ce fut une lutte atroce : Charles employait toutes ses forces à étouffer… à serrer… à tuer ! Tuer qui !… Pardaillan !… Et Pardaillan ne voulait ni tuer, ni blesser le jeune homme ! Et il comprenait que s’il ne le blessait pas, il allait mourir !… Et, en haut, sans aucun doute, les geôliers écoutaient ces bruits, et malgré la défense du gouverneur allaient se décider à descendre !…
    L’instant fut effroyable. Et le redoutable événement prévu se réalisa ! Le geôlier Comtois et les arquebusiers descendaient !… Pardaillan entendit leurs pas qui heurtaient les pierres dans les ténèbres… Alors, il cessa de se défendre. Il eut un rire étrange, et comme les mains de Charles, libres enfin, s’incrustaient à sa gorge, il prononça :
    — Ce sera beau que Pardaillan ait été tué par le fils de Marie Touchet !
    Charles entendit ce rire. Il entendit ces mots… Il ne les comprit pas ! Mais ce rire… ce rire inoubliable qui déjà plus d’une fois l’avait fait frissonner… oui, ce fut ce rire qu’il reconnut !… Il bondit en arrière et, de ses yeux exorbités par un indicible étonnement, considéra celui qu’il avait voulu tuer… Et alors, il le reconnut !… Il tomba à genoux…
    Il voulut jeter un cri, une clameur traduisant la détestation de sa folie, sa joie éperdue, le fabuleux étonnement qui transformait la réalité de cette scène en un rêve insensé… Prompt comme la foudre, Pardaillan se pencha et lui colla la main sur la bouche : Comtois et les arquebusiers passaient devant la porte !… Leurs pas, dans les ténèbres, tâtonnaient !
    — A moi ! A moi ! hurlait la voix d’en bas.
    — Nous voici, monseigneur ! cria Comtois.
    Ils passèrent !… Ils descendirent vers le deuxième sous-sol. Pardaillan, sans prendre le temps d’essuyer la sueur d’angoisse qui ruisselait sur son visage, saisit Charles par les épaules, le releva et haleta :
    — Silence !… Au nom de Violetta vivante, silence !…
    Violetta vivante ! Dans la suprême recommandation, il trouvait moyen de glisser une

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