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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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la cuisine de la
Devinière
, persuadé que ses innombrables ennemis étaient en fuite. Et en effet, le silence qui s’établit dans la rue lorsque le duc fut parti pouvait lui faire croire très justement que le calme était revenu.
    Les domestiques de l’auberge, mâles et femelles, qui s’étaient précipités dehors pour voir ce qui se passait et n’avaient pu rentrer puisque Pardaillan avait alors tout barricadé, les domestiques, donc, réintégrèrent la
Devinière
, aussitôt que le chevalier eut été emmené. Leur premier soin fut de s’assurer que la maîtresse de céans n’avait été ni tuée ni blessée par le terrible truand ou huguenot ; ils ne savaient au juste qui venait d’être arrêté.
    Mais Huguette leur assura qu’elle n’avait eu d’autre mal que la peur. Aussitôt, elle monta à sa chambre et se revêtit de ses atours du dimanche. Huguette avait son idée. Remettant donc son auberge à la garde de ses domestiques, elle sortit sans dire où elle allait, ni à quelle heure elle serait rentrée.
    Il y eut alors parmi les servantes et garçons force exclamations de pitié à voir le triste état où se trouvait l’auberge. La vaisselle était brisée. Presque tous les meubles étaient déplacés et quelques-uns démolis.
    La première heure se passa donc à tout remettre en ordre, ou à peu près. Puis les domestiques, s’inquiétant de préparer le dîner du soir, voulurent entrer dans la cuisine. Ils la trouvèrent barricadée. Ils s’empressèrent de repousser les tables et escabeaux que Pardaillan avait entassés là, et étant entrés dans la cuisine, ils virent le gigantesque Croasse qui, ses longues jambes allongées, le dos appuyé à la cloison, digérait sa victoire et son dîner.
    — Qui êtes-vous ? demanda le maître-coq.
    — Et que faites-vous céans ? ajouta le sommelier.
    — Et comment y êtes-vous entré ? reprit la laveuse de vaisselle, les poings sur les hanches.
    Ces trois questions menaçantes furent appuyées par une attitude plus menaçante encore, et Croasse constata avec un frémissement de douleur qu’il avait devant lui une lardoire, une broche, et plusieurs balais levés en une position qui ne pouvait lui laisser aucun doute sur l’usage qui allait être fait de ces ustensiles. En même temps le maître-coq, chef naturel de la bande, fit un pas en avant.
    Croasse se redressa tout d’une pièce, et l’apparition de ce corps tout fluet, mais dont le front touchait presque aux jambons pendus aux solives du plafond, amena un soudain recul de stupeur dans l’armée envahissante. Ce recul donna à Croasse une haute idée de la terreur qu’il inspirait et lui rappela qu’il était brave.
    — Maroufles ! dit-il, oseriez-vous bien porter la main sur l’homme qui a gagné trois batailles !
    Ces paroles n’intimidèrent nullement les assaillants. Mais la voix, le son de la voix, cette voix extraordinaire dont la nature avait doté l’ancien chantre et qui lui avait valu le nom aussi glorieux que métaphorique de Croasse, cette voix produisit dans la troupe un effet bizarre. La laveuse demeura bouche bée. Le sommelier, stupéfait, recula. Les servantes éclatèrent d’un rire fou. Croasse voulut achever de frapper l’ennemi d’un salutaire effroi.
    — Ne savez-vous pas, ajouta-t-il, que j’ai mis en fuite des adversaires autrement redoutables que vous, et que j’en ai nettoyé votre auberge, et que notamment j’ai jeté par la fenêtre tous ceux qui se trouvaient dans la chambre, là-haut !…
    — Ah ! ah ! c’est donc vous qui avez précipité dans la rue tout ce qu’il y avait dans la chambre ? s’écria le maître-coq.
    — C’est moi ! dit modestement Croasse.
    — C’est toi, truand ! C’est toi qui as précipité bahut, tables, fauteuils, horloge ! A la rescousse ! Au pillard ! Au truand !
    — Quel bahut ? quelle horloge ? vociféra Croasse.
    Mais déjà on ne l’écoutait plus. Pour toute réponse, il reçut sur les épaules et sur les bras quelques coups de manche à balai appliqués d’abord avec une certaine hésitation.
    Croasse eut le sourire amer de l’homme qui renonce à la lutte contre la mauvaise chance. Mais comme les coups qu’il parait de son mieux se faisaient plus rudes, ce sourire se changea en grimace, et cette grimace devint aussitôt un hurlement de douleur. Voyant que le pauvre diable, pour toute défense, se contentait d’agiter ses grands bras et de proférer des malédictions, la

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