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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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sa vie le plus chèrement possible. En effet, il était évident pour lui que Pardaillan était reconnu. La salle commune était pleine de soldats. Sans aucun doute, la femme qui venait d’entrer les avait prévenus, tout ceci n’était qu’un jeu cruel, et dans quelques instants, l’attaque allait se produire. Charles, sa main crispée sur le manche de sa dague, se tourna à demi vers le jeune homme noir.
    « Dès que nous sommes attaqués, songea-t-il, celui-ci tombe mort. Mais dans quel guêpier sommes-nous tombés ? »
    Mais l’inconnu aux yeux pâles semblait plus que jamais méditer, et il paraissait même avoir complètement oublié où il se trouvait. Pardaillan, comme nous l’avons dit, s’était mis à rire.
    — Ah çà ! reprit-il, mais tout le monde
le
connaît donc ?…
    — N’est-ce pas que nous le connaissons, Pâquette ? fit la Roussotte.
    — Sans doute ! répondit Pâquette.
    — Eh bien ! comme je vous le disais, dépeignez-le-moi ! dit Pardaillan.
    — Si c’est pour gagner les cinq mille ducats, fit la Roussotte en secouant la tête, ne comptez pas sur moi !
    — Ni sur moi ! dit Pâquette.
    Cette fois l’étonnement de Pardaillan fut au comble.
    « Par Pilate ! grommela-t-il en lui-même, est-ce que vraiment la tête me tourne ? Est-ce que je rêve ? »
    — Voyons, ajouta-t-il brusquement, asseyez-vous là toutes deux. Je n’ai nulle envie de gagner les cinq mille ducats d’or. Et la preuve, en voici dix pour vous et dix pour vous…
    La Roussotte et Pâquette ouvrirent des yeux énormes. Cette générosité inouïe les fit pâlir. Vingt ducats !…
    — Ramassez donc, morbleu ! fit Pardaillan qui poussa les deux tas d’or. Mais, en revanche, racontez-moi comment vous connaissez le sire de Pardaillan. Une bonne histoire après dîner vaut bien vingt ducats.
    Les deux hôtesses se poussèrent du coude, s’interrogèrent du regard, puis raflèrent l’or et s’assirent ; Pardaillan était pour elles quelque prince courant la prétantaine, et elles flairèrent une excellente affaire.
    — Puisque Votre Altesse le désire, fit la Roussotte.
    — Oui ; Mon Altesse l’exige, même !
    — Mais nous ne dirons pas comment est fait le sire de Pardaillan…
    — C’est inutile.
    — Eh bien, donc, mon gentilhomme, vous n’êtes pas sans avoir remarqué que notre auberge est à l’enseigne du
Pressoir de fer
 ? Eh bien ! C’est en souvenir du chevalier de Pardaillan…
    — Ah ! ah ! il n’est que chevalier ! s’écria Pardaillan.
    — Oui ; mais pour le courage et le grand cœur, il mériterait d’être marquis, duc ou même prince, dit la Roussotte. Est-ce vrai, Pâquette ?…
    — Certes ! fit Pâquette.
    — La Roussotte ! Pâquette ! murmura Pardaillan en se prenant le front d’une main et en étudiant les deux femmes avec attention. Mais ni leur nom ni leur physionomie n’éveillaient en lui aucun souvenir.
    — La chose, reprit la Roussotte, se passa dans la nuit du 24 août 1572.
    — La nuit où on commença à exterminer les damnés huguenots, ajouta Pâquette.
    Pardaillan tressaillit et devint pâle.
    — A cette époque-là, nous connaissions une femme qui s’appelait Catho.
    Dans l’œil de Pardaillan s’alluma une singulière flamme d’attendrissement. La Roussotte continua :
    — Nous aimions Catho comme une sœur. Et Catho aimait le chevalier de Pardaillan, sans le lui avoir jamais dit. Pour Catho nous nous serions fait tuer. Et Catho se serait fait tuer pour le chevalier. La preuve, c’est qu’elle se fit tuer, comme vous allez voir…
    — Ah ! Elle se fit tuer ! murmura Pardaillan d’une voix rauque.
    — Oui, la pauvre fille !… Mais, pour en revenir au chevalier, lui et son père, un vieux que je vois encore, long, sec, maigre, le visage terrible… tous deux, donc, étaient enfermés au Temple et condamnés à un supplice dont vous n’avez pas idée. Il paraît qu’on les avait mis dans une cage de fer dont les parois devaient se rapprocher l’une de l’autre et les écraser.
    « Le pressoir de fer », murmura en lui-même Pardaillan qui devint livide, et sentit ses cheveux se hérisser sur sa tête.
    — Comment Catho apprit-elle la chose ? Nous l’ignorons !… Mais il faut que vous sachiez qu’elle ameuta toutes les ribaudes, depuis la rue Tirchappe et la rue Traînée jusqu’aux Blancs-Manteaux, jusqu’aux Francs-Bourgeois…
    Pardaillan ferma les yeux. Un profond soupir gonfla sa poitrine. Le

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