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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Montmartre ! rugit-il… Et je n’y ai pas songé !…
    — Eh bien, oui, l’abbaye des bénédictines ! Et après ?
    — Après ? Il y a que nous sommes sauvés !…
    — Pauvre Croasse ! La faim t’a tourné la cervelle. Tu n’es pas le premier. J’ai vu maintes fois des gens qui, pour avoir jeûné, se mettaient à dire des extravagances.
    — Je ne suis pas fou, Picouic ! Je dis que nous sommes sauvés, parce que dans l’abbaye de Montmartre il y a Philomène ! Comprends-tu ?…
    — Que trop, hélas !… Tu délires !
    — Non, de par saint Benoît ! mugit Croasse. Sais-tu ce que c’est que Philomène ?… Philomène !… Ah ! Philomène !…
    Picouic, d’un coup d’œil, s’assura qu’il pourrait grimper au chêne, dans le cas où son ami deviendrait furieux.
    — Philomène ! continua Croasse, c’est une gaillarde, une rusée, une belle et forte fille, très capable de sustenter deux hommes comme nous, et de leur fournir le gîte, le boire et le manger !… Viens ; allons trouver Philomène !…
    — Et pourquoi, par les tripes du diable ! Philomène nous donnerait-elle la niche et la pâtée ? s’écria Picouic.
    Croasse se redressa et laissa tomber ces mots :
    — Parce qu’elle m’aime !…
    Ayant dit, il se mit en route, à grandes enjambées, vers le pied de la colline.
    « Ne le contrarions pas ! » songea Picouic qui rejoignit son compagnon.
    Une demi-heure plus tard, les deux compères arrivaient ensemble à l’abbaye des bénédictines et, ayant contourné l’enceinte, s’arrêtaient devant la brèche par où, déjà, ils étaient entrés…
    q

Chapitre 53 LE PALAIS FAUSTA
    N ous laisserons ces deux compagnons d’infortune pénétrer ensemble dans l’abbaye, où ils espèrent trouver le vivre et le couvert grâce à la passion et à l’admiration que Croasse prétend avoir inspirées à une vieille sœur bénédictine appelée Philomène, et nous reviendrons à l’auberge du
Pressoir de fer
, au moment où le moine Jacques Clément venait de faire à la Roussotte et à Pâquette un signe de reconnaissance, en leur disant :
    — Allons, conduisez-moi à la porte de communication !
    Les deux hôtesses s’empressèrent d’obéir. Elles introduisirent le jeune homme dans une grande salle ornée de meubles luxueux, et aménagée avec une somptuosité que rien ne laissait prévoir dans l’accorte, mais pauvre auberge. Cette salle, Jacques Clément la reconnut.
    Il frémit en se rappelant l’orgie à laquelle il avait été attiré. Cette fois, il ne s’agissait pas d’orgie ! Il s’agissait pour lui d’aller prendre les ordres de Dieu pour le grand acte qui se préparait.
    Jacques Clément eût pu s’étonner. C’était la deuxième fois qu’il venait à l’auberge du
Pressoir de fer
. La première, il y avait été attiré pour une orgie ; la deuxième, qui était celle-ci, il y était envoyé par la duchesse de Montpensier pour discuter du suprême intérêt de la religion. Le moine eût donc pu s’étonner que cette auberge servît à des fins si diverses. Mais Jacques Clément ne pensait pas, c’était une force en marche.
    Dans la salle aux orgies, il dut répéter le signe de reconnaissance.
    — Est-ce tout ? demanda la Roussotte.
    — C’est tout pour avoir le droit de venir jusqu’ici, dit le moine, mais comme je veux aller plus loin, regardez…
    Et il traça en l’air, du bout du doigt, une sorte de triangle. C’était le deuxième signe qui permettait d’« aller plus loin ».
    Alors la Roussotte, soulevant une tapisserie, découvrit une porte en disant :
    — C’est ici. Vous savez comme il faut frapper ?
    — Je sais, dit le moine.
    Les deux hôtesses disparurent de la salle, et Jacques Clément frappa d’une façon spéciale à la porte qui lui avait été indiquée. Comme s’il eût été attendu, cette porte s’ouvrit aussitôt. Jacques Clément entra, et se vit alors dans une pièce éclairée par la lumière d’une lampe, bien qu’il fît grand jour au-dehors. C’est que sans doute la lumière du jour n’arrivait pas jusque-là. Une femme vêtue de blanc, assise dans un grand fauteuil, presque dans l’ombre, lui fit signe d’approcher.
    — Vous êtes messire Jacques Clément ? demanda-t-elle.
    — Oui, madame. Je suis celui que vous dites.
    — Vous dites bien : Jacques Clément, du couvent des jacobins ?
    — Oui, madame. Et si j’ai pris l’habit cavalier pour venir ici, c’est que cela

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