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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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tu vas
le savoir : c’est l’homme à qui l’on voulait me donner, Gaul, fils de Klut,
un chef très riche et très orgueilleux. Mais puisque tu as prononcé des paroles
imprudentes, il faut que je me résigne. Donne-moi à cet homme pour éviter la
honte. – Princesse, tu es injuste. Je ne sais pas quelle réponse est au fond de
ton âme, mais je ne pourrai jamais prendre sur moi de dire ce que tu me
conseilles. » Rhiannon entraîna Pwyll un peu à l’écart des autres. « Donne-moi
à lui, dit-elle, car tu ne peux faire autrement. Mais si tu suis bien mes
conseils, je ferai en sorte qu’il ne me possède jamais. – Comment cela ? »
répondit Pwyll avec étonnement.
    Rhiannon parla à voix basse : « Je te mettrai dans
la main un petit sac. Garde-le bien précieusement. Gaul va également te
réclamer le festin et tous ses préparatifs et approvisionnements. Or, ils ne t’appartiennent
pas puisqu’ils sont à moi. Je les répartirai entre les troupes et la famille. Tu
lui répondras dans ce sens. En ce qui me concerne, je lui fixerai un délai de
quatorze nuits, à partir de ce soir, avant de coucher avec lui. Le quinzième
soir, je ferai préparer pour lui un grand festin ici même. Il faudra que tu
viennes, en compagnie de tes fidèles, dans le verger qui est sur la hauteur. Lorsque
le festin battra son plein, tu entreras tout seul dans la salle, sans que
personne puisse te reconnaître. Il faudra que tu sois revêtu d’habits de
mendiant et que ton visage soit maculé de boue. Tu laisseras tes guerriers dans
le verger après leur avoir dit qu’ils accourent dès qu’ils t’entendront sonner
de la trompe. Car tu dissimuleras une trompe sous tes loques. Tu tiendras le
sac que je vais te donner à la main et tu demanderas seulement qu’on te le
remplisse de victuailles. Bien sûr, on ne te le refusera pas. Mais quand même
on fourrerait dans ce sac tout ce qu’il y a de nourriture et de boisson dans
tous tes États, je ferai en sorte qu’il ne soit jamais plein. Alors, quand il s’apercevra
que rien ne peut remplir le sac, Gaul demandera des explications. Tu lui répondras
que ce sac ne sera jamais plein si un noble très puissant ne se lève et ne
tasse lui-même le sac avec ses pieds en disant : « On en a assez mis ».
C’est à lui que je demanderai d’aller fouler la nourriture. Une fois qu’il aura
mis les pieds dans le sac, déplie les bords et relève-les jusqu’au-dessus de sa
tête. Tu le lieras alors avec les courroies du sac et tu sonneras du cor afin
que tes gens accourent. N’oublie pas mes instructions et agis exactement comme
je viens de te le dire. »
    Cependant Gaul s’impatientait. « Roi Pwyll, dit-il, je
voudrais bien connaître ta réponse. Serais-tu assez lâche pour ne pas respecter
la parole donnée ? – Tout ce que tu m’as demandé et qui est en ma
possession, tu l’auras », répondit Pwyll. Gaul ne se tint plus de joie.
« Tu n’as donc plus qu’à t’en aller, maintenant », s’exclama-t-il à l’adresse
de Pwyll. Rhiannon prit la parole : « Certes, il s’en ira. Mais il y
a quelque chose que tu ignores : le festin et ses approvisionnements sont
à moi, et le roi Pwyll ne peut te les donner. Je désire en disposer en faveur
des hommes de Dyved, de ma famille et de la compagnie qui est ici. Telle est ma
volonté et tu ne peux rien contre. Je te dois cependant une compensation :
le quinzième soir qui suivra ce jour, un festin sera préparé pour toi dans
cette salle. Jusqu’à ce moment-là je désire rester seule, et je ne coucherai
avec toi que lorsque tu seras venu au festin. » Ainsi dit-elle. Gaul
retourna sur ses terres, Pwyll en Dyved, et ils y passèrent les quatorze nuits
qui les séparaient de la rencontre dans la forteresse d’Heveid le Vieux.
    Gaul, fils de Klut, se rendit donc, le moment venu, au
festin préparé pour lui. Il entra dans la cour et y reçut un bon accueil de la
part des serviteurs, des chevaliers et de Rhiannon elle-même. Quant à Pwyll, il
se rendit secrètement au verger que lui avait désigné Rhiannon, muni de son sac
et entouré d’une centaine d’hommes. Il revêtit de sordides haillons et mit de
grosses chaussures. Lorsqu’il sut que le repas se terminait et qu’on commençait
à boire, il quitta le verger et marcha droit vers la salle du festin. Arrivé à
l’entrée, il salua Gaul et ses compagnons, hommes et femmes. « Dieu te
donne biens et bonheur, dit Gaul. Sois le bienvenu dans

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