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La fée Morgane

La fée Morgane

Titel: La fée Morgane Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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premier repas, Pwyll se leva et manifesta le désir d’aller se promener
sur le pré, devant la forteresse. Au bout du pré, il y avait une éminence qu’on
appelait le Tertre de la Jeunesse. C’est vers ce tertre qu’il dirigea ses pas.
« Seigneur, lui dit quelqu’un de la cour, le privilège de ce tertre, c’est
que tout noble qui s’y assoit ne puisse s’en aller sans avoir reçu des coups ou
des blessures, ou encore avoir été témoin d’un grand prodige. – Les coups et
les blessures, répondit-il, je ne les crains guère, d’autant plus que je suis
entouré d’une nombreuse troupe. Quant au prodige, je ne serais pas fâché de le
voir. Je vais donc aller m’asseoir sur le tertre et attendre ce qui arrivera. »
C’est ce qu’il fit.
    Comme il était assis au milieu de ses gens au sommet du
tertre, on vit venir, le long du grand chemin, une femme montée sur un cheval
blanc pâle, gros, très grand. La femme portait un habit doré et lustré et un
grand manteau noir. Le cheval paraissait avancer d’un pas lent et égal. Il
arriva à la hauteur du tertre. « Hommes ! demanda Pwyll, y a-t-il
parmi vous quelqu’un qui connaisse cette femme à cheval, là-bas ? »
Ils se regardèrent tous, mais aucun ne put rien répondre sur elle. « Eh
bien ! dit Pwyll, que quelqu’un aille à sa rencontre afin de lui demander
qui elle est. » L’un des vassaux de Pwyll se leva avec empressement et se
porta à la rencontre de la femme. Mais quand il arriva devant elle sur le
chemin, elle le dépassa. Il se mit à la poursuivre de son pas le plus rapide, mais
plus il se hâtait, plus elle s’éloignait de lui.
    Voyant qu’il ne servait à rien d’essayer de la rattraper, il
retourna auprès de Pwyll et lui dit : « Seigneur, il est impossible, à
n’importe quel homme à pied, le plus rapide soit-il, de rejoindre cette femme.
– Alors, dit Pwyll, va à la forteresse, prends le cheval le plus vigoureux que
tu trouveras et tâche donc de l’arrêter. » L’homme alla donc chercher le
cheval et se mit à poursuivre la cavalière. Arrivé sur un terrain uni, il
enfonça les éperons. Mais plus il excitait sa monture, plus la cavalière le
distançait, bien que son cheval parût avoir gardé la même allure. Son cheval, à
lui, donna bientôt des signes de fatigue et quand il vit que le pied lui
manquait, il retourna auprès de Pwyll.
    « Seigneur, dit-il, il est inutile à qui que ce soit de
poursuivre cette femme. Je ne connaissais pas auparavant de cheval plus rapide
que celui-ci dans tout le royaume, et pourtant je n’ai pas réussi à la
rejoindre. – Assurément, dit Pwyll, il y a là-dessous quelque histoire de
sorcellerie. Retournons à la cour. »
    Ils rentrèrent donc dans la forteresse et passèrent la
journée à festoyer. Le lendemain, après le premier repas, Pwyll dit :
« Nous allons retourner sur le sommet du tertre. » Puis il s’adressa
à un écuyer : « Amène le cheval le plus rapide que tu connaisses dans
le pré, à proximité du tertre. » Ainsi fut fait, et ils s’en allèrent
tandis que le cheval était amené dans le pré.
    Ils étaient à peine assis qu’ils aperçurent la femme sur le
même cheval, avec la même tenue que la veille, et suivant le même chemin. Pwyll
dit à l’écuyer : « Sois prêt à te lancer à sa poursuite afin de lui
demander qui elle est. – Volontiers, seigneur. » L’écuyer monta à cheval, mais
avant qu’il fût bien installé en selle, elle était passée à côté de lui en
laissant entre eux une certaine distance. Elle ne semblait pourtant pas se
presser plus que le jour précédent. L’écuyer mit son cheval au trot, pensant
que, si tranquille que fût son allure, il la rattraperait facilement. Mais
comme cela ne réussissait pas, il lança son cheval au galop, à toute allure, sans
pour autant gagner un pouce de terrain. Plus il frappait le cheval, plus elle
se trouvait loin de lui, et cependant elle ne paraissait pas aller d’une allure
plus rapide qu’auparavant. Voyant que sa poursuite ne donnait aucun résultat, il
fit demi-tour et s’en alla rejoindre Pwyll.
    « Seigneur, dit-il, le cheval ne peut pas faire plus
que ce que tu lui as vu faire. – Je le vois bien, répondit le roi. Il est impossible
de la poursuivre. Par Dieu tout-puissant, cette femme doit avoir un message à
transmettre à quelqu’un de cette plaine, mais elle ne se donne pas le temps de
l’exposer. Retournons à la cour. » Ils

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