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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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autres peuples indo-européens, il semble que la
femme joue le rôle essentiel et que l’homme sorte de l’épreuve beaucoup plus
transformé. C’est ce qui ressort du très vieux mythe de Circé, déjà récupéré
dans L’ Odyssée , au profit d’une société
paternaliste qui en tire des arguments contre les femmes en montrant le
redoutable pouvoir qu’elles possèdent, pouvoir qui ne peut être que négatif
dans cette optique faussée. Il est bien dit que Circé transforme ses amants en
animaux qu’elle garde dans une sorte de musée. Après tout cela vaut mieux
qu’Antinéa qui faisait momifier ses amants, ou que Dahud-Ahès qui les faisait
jeter dans un gouffre, ou encore Marguerite de Bourgogne qui s’en débarrassait
dans la Seine, pourtant déjà fortement polluée à cette époque. Bien entendu le
rusé Ulysse, type parfait de la société paternaliste (ne cherche-t-il pas à
retrouver son père à Ithaque, son père qui est le symbole de la permanence du
pouvoir, celui-ci étant représenté par Pénélope), Ulysse, donc, ne succombe pas
aux charmes de Circé : au contraire il la combat et parvient à délivrer
tous ceux qui s’étaient laissés prendre au piège. Il fait donc machine arrière.
Il refuse à la femme, symbolisée par Circé, déesse et magicienne, le don de
création, le pouvoir de transformer l’être humain. Cette idée réactionnaire a fait son chemin. On le retrouve partout
dans des histoires concernant les « mauvaises fées », les
« sorcières » et autres créatures du diable. En voici la version
bretonne-armoricaine [440]  :
     
    La Groac’h de l’île du
Lock (Bretagne armoricaine) : Le Léonard Houarn Pogamm, avant
d’épouser Bellah Postik, a décidé de chercher fortune. Il quitte sa fiancée qui
lui remet deux reliques (= objets magiques), la clochette de Saint-Koledok qui
se fait entendre, quelle que soit la distance, à tous les amis de celui qui la
porte lorsqu’il est en danger, ainsi que le couteau de Saint-Korentin qui rompt
tous les enchantements. Bellah conserve pour elle-même la troisième relique, le
bâton de Saint-Vouga, qui peut conduire son possesseur où il le désire. Houarn
s’en va à l’île du Lok où se trouve une sorcière, la Groac’h, qui garde de
fabuleux trésors. Elle habite dans le lac qui occupe l’intérieur de l’île, et
on parvient dans son palais merveilleux en embarquant sur un bateau en forme de
cygne. Houarn se trouve donc en face de la Groac’h qui l’accueille aimablement,
le fait boire et lui propose de l’épouser. Houarn est sur le point d’accepter
quand il entend les poissons que la Groac’h vient de mettre dans la poêle pour
les frire murmurer des choses incompréhensibles, et comme il les touche avec
son couteau magique, il les transforme en hommes qui lui disent avoir été
enchantés par la sorcière après l’avoir épousée. À ce moment, la Groac’h
revient et lance son filet d’acier sur Houarn qui est métamorphosé en
grenouille. Mais la clochette de Saint-Koledok sonne jusqu’aux oreilles de
Bellah qui, vêtue en jeune garçon, arrive très vite, grâce au bâton de
Saint-Vouga. La Groac’h, qui ne devine pas le déguisement, manifeste le désir
d’épouser Bellah, mais celle-ci, avant de répondre, demande à capturer un des
poissons qui s’ébattent dans le vivier avec le filet que porte la Groac’h à sa
ceinture. Et Bellah lance le filet sur la Groac’h qui se transforme en hideuse
reine des champignons et elle va la jeter dans un puits. Après quoi, grâce au
couteau de Saint-Korentin, elle rend leur forme et leur liberté à Houarn et à
tous les malheureux époux de la Groac’h. Enfin, Houarn et elle s’emparent des
trésors qui étaient entreposés dans le palais merveilleux de la Groac’h (E. Souvestre, Le Foyer breton , réédité dans Gwenc’hlan le
Scouëzec, Histoires et Légendes de la Bretagne
mystérieuse , p. 131-143.).
     
    Dans cette légende, les éléments du décor sont entièrement
empruntés à la mythologie. La Groac’h (étymologiquement vieille femme, donc
sorcière) est une fée des Eaux, vivant dans un palais qui se trouve sous un
lac, dans une île. La situation géographique est éloquente : la femme au
milieu des eaux représente la mère, la déesse-mère, qui reprend ses enfants et
les transforme, leur donnant ainsi une nouvelle vie. Mais si la Groac’h
représente la Mère, elle signifie aussi la puissance maternelle ancienne,
autrement

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