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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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les
textes littéraires, nous portent à croire qu’il s’agissait essentiellement du butin de guerre , mais pas tellement de la terre [44] .
    Par conséquent, même à l’époque féodale, nous trouvons dans
les sociétés celtiques, un contrat basé sur le cheptel. À dire vrai, à
l’origine, le contrat féodal, qui est, sur le continent, vraisemblablement
d’importation germanique, ne pouvait pas être autre chose que ce contrat de
cheptel. C’est encore l’étude des mots qui nous l’indique. Le mot français fief , en effet, provient du bas-latin feuum , lequel mot est une simple déformation du vieux
germanique * fehu , gothique faihu , allemand moderne vieh ,
signifiant « bétail », strict équivalent du latin pecus (voir l’anglais fee ,
« fief, propriété, salaire »).
    Dans ces sociétés celtiques, qui présentent un état
antérieur par rapport aux autres sociétés indo-européennes contemporaines, le
système est évidemment patriarcal. Même si son rôle est souvent plus moral que
réel, c’est un homme qui est roi du tuath . Il
y a cependant quelques exemples historiques où la royauté a été l’affaire des
femmes : la reine des Iceni , Bodicea,
qui, battue de verges par les Romains, ayant vu ses filles violées par les
légionnaires, apôtres de la civilisation, déclencha la grande révolte bretonne
de 61, qui groupait tous les peuples de l’île, après le carnage des druides de
Môn par l’armée de Suetonius Paulinus ; ou encore la reine des Brigantes , Cartismandua, qui, traître à son peuple,
livra Caratacos, chef de la résistance bretonne, aux Romains [45] .
    Mais si la royauté est masculine, la reine joue cependant un
rôle important. Les Lois galloises précisent que la Reine doit recevoir un
tiers du butin de guerre, pour son compte personnel, ainsi que le tiers des
amendes infligées au nom du code pénal en vigueur qui fixait les réparations
par des sommes d’argent ou par tout autre équivalent en bijoux ou en tête de
bétail. Quant à la tradition légendaire, il suffit de penser à la reine Medbh à
qui appartient la réalité du pouvoir sur le Connaught, ou aux nombreuses
figurations féminines de la souveraineté dans les textes épiques irlandais ou
gallois, ainsi qu’aux reines idéales de l’Autre Monde, symboles d’une structure
mentale que le patriarcat ne pouvait arracher de l’esprit celtique archaïque.
    Revenons à la famille, la fine .
Là encore la supériorité masculine paraît évidente. Le cenn-fine est un homme, le plus ancien des membres
de la famille. Au pays de Galles, c’est le tiern (mot provenant d’un ancien celtique tigernos ,
chef de la maison, où nous retrouvons ti ,
maison, et la racine d’un mot ayant donné kern ,
« sommet », en breton. Cf . latin cerno , je vois, je décide, et cernuo , je tombe la tête en avant). Lorsque les
Bretons s’installeront en Armorique, c’est par familles entières et sous la
conduite d’un tiern , qu’ils franchiront la
Manche pour fonder de nouvelles paroisses (les plou )
qui, telle Ploufragan (Côtes du Nord), porteront parfois le nom de ce tiern fondateur, plus ou moins béatifié. Dans la
péninsule, le tiern deviendra le machtiern , à peu près l’équivalent d’un comte, et on
sait qu’il y a eu des femmes ayant occupé les fonctions de machtiern .
    Cela nous indique que la supériorité masculine est en fait
une apparence, dans le domaine familial, et comme la base de la famille est le
couple, étudions les conditions dans lesquelles se forme et évolue le couple
celtique.
    Il ressort d’un grand nombre de témoignages, en particulier
d’auteurs latins et grecs, que la femme avait, en principe, le droit de choisir
son mari, et mieux encore qu’elle ne pouvait être mariée sans son propre
consentement, ce qui, comparé à la législation romaine, était une situation
fort enviable. « Quand il y avait une fille à marier, on organisait un
grand festin auquel étaient conviés tous les jeunes gens. La fille choisissait
elle-même, en offrant de l’eau pour laver les mains à celui qui était élu »
(Fulgose, livre II). Dans la tradition légendaire irlandaise, nous verrons que
ce choix de l’homme aimé par la femme est un acte presque magique qui a une
portée assez surprenante.
    D’après les plus anciennes lois galloises, celles de
Gwynedd, les filles pouvaient être mariées à l’âge de douze ans [46] .
    Mais ce choix fait par la fille ne veut pas dire

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