La Femme Celte
mais
aussi en Écosse, pays celtisé par les Gaëls et qui conserve encore aujourd’hui
sa langue gaélique [33] , dans l’Île de Man qui
réapprend la langue gaélique, dans la Bretagne armoricaine, le plus important
pays celtophone contemporain, qui malheureusement ne possède pas de littérature
écrite très ancienne, mais qui se révèle d’une richesse incroyable en contes,
en poèmes et en coutumes. Enfin, dans toute l’Europe occidentale, et plus
particulièrement en France, en Belgique wallonne et en Angleterre, combien n’y
a-t-il pas de souvenirs remontant aux époques celtiques ?
Car cette tradition ne s’est pas perdue. Elle s’est mêlée
aux éléments dominateurs et il s’est produit une synthèse, souvent fructueuse.
L’exemple du christianisme celtique est là pour nous le prouver, des écrivains
français nourris de Bretagne, comme Chateaubriand, également, et aussi tous ces
auteurs anglo-irlandais, Yeats, Synge et autres, qui ont réactualisé la
tradition celtique dans une langue accessible à un large public. « Les invasions,
dans l’histoire de l’Irlande, ont empêché effectivement la réalisation d’une
civilisation intégrale en Irlande celtique, une civilisation complètement
gaélique. Mais d’un autre côté, ces invasions n’ont jamais été complètes… Par
conséquent, nous avons en Irlande deux traditions, deux civilisations, deux
langues, deux lois. Et c’est la tâche de notre politique d’essayer de
réintégrer, de réunifier ces deux traditions du passé [34] . »
Ce qui est vrai pour l’Irlande l’est aussi pour le Pays de
Galles, synthèse de culture bretonne et de culture saxonne, et pour la Bretagne
armoricaine, creuset où se sont fondues la culture bretonne celtique et la
culture française latine, pays bilingue où
aucune des deux traditions ne peut nuire à l’autre, mais au contraire permettre
un développement intellectuel plus grand [35] . Ce pourrait être
également, dans une moindre mesure, vrai pour tous les pays qui portent encore
la marque celtique, car il n’y a rien de plus tenace que les traditions, rien
de plus indéracinable que les anciennes croyances, les anciens systèmes de
pensée, lorsqu’ils se cachent sous des aspects rénovés. Les Mythes ne meurent
jamais. Ils se réactualisent constamment sous des formes nouvelles et diverses,
et il est parfois surprenant de les découvrir là où on ne s’y attendait pas.
C’est donc là le domaine de nos investigations. Aucun élément
ne doit être négligé pour expliquer le rôle qu’a tenu la Femme dans le monde
occidental depuis l’aube de l’histoire et même la nuit de la Préhistoire. Voilà
pourquoi il importait de préciser ce domaine que nous qualifions de celtique . Il est à peu près inexploré, et de grandes
surprises nous attendent.
CHAPITRE II -
Le cadre juridique
À première vue, la société celtique ne se différencie pas
des autres sociétés indo-européennes contemporaines, surtout si l’on se borne à
lire ce que les auteurs grecs et latins ont écrit sur la famille gauloise. Mais
il se trouve que nous sommes très bien renseignés sur le droit celtique, tant
irlandais que gallois ou breton, beaucoup mieux que sur l’histoire ou la
mythologie. Nous possédons en effet des codes et recueils de lois galloises et
irlandaises remontant au Haut Moyen Âge, et qui, même dans un contexte
chrétien, font preuve d’une grande originalité par rapport aux institutions des
pays de droit romain [36] .
Il faut d’abord séparer la Gaule des autres pays celtiques,
et cela pour deux raisons : d’abord parce que les Gaulois ont été
romanisés très tôt et que les institutions et coutumes gallo-romaines
appartiennent davantage au droit romain ; ensuite parce que l’état
agricole de la Gaule avait déjà fait évoluer le droit gaulois primitif, le
rapprochant du type romain basé essentiellement sur la possession de la terre.
D’autre part, c’est ce droit gaulois primitif que nous connaissons le moins
bien, les quelques remarques de César, pourtant bien informé, de Dion Cassius,
de Strabon et de Diodore de Sicile, n’étant pas suffisantes pour tracer un
panorama complet. Il est donc indispensable de prendre comme point de départ
les recueils de lois irlandaises et galloises qui traduisent mieux l’état
d’esprit celtique originel.
La base de la société celtique est la famille au sens large
du mot, c’est-à-dire la gens
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