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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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indo-européenne,
comparable à celle que nous observons dans les cités grecques ou à Rome. Cela
comprend, chez les anciens Bretons, tous les parents jusqu’au neuvième degré,
placés sous une autorité équivalente à celle du pater-familias latin. Cette famille s’appelle la fine chez
les anciens Gaëls, et l’on remarquera que ce nom procède de la même racine que Gwynedd , nom du nord-ouest du Pays de Galles, et que
le mot Veneti , nom du peuple gaulois qui
habitait le pays de Vannes, Gwened en
breton-armoricain [37] . Lorsque cette famille
est complète, en Irlande, elle prend le nom de deirbhfine ,
et elle comprend quatre générations, du père, qu’on appelle cenn-fine (tête ou chef de famille), à
l’arrière-neveu. Au-delà, il y a essaimage et constitution d’une autre famille,
avec un partage obligatoire des biens auparavant communs [38] .
    Plusieurs fine se groupent
dans une tribu, le tuath , qui est la cellule
politique de base en Irlande. Le tuath a ceci
de particulier qu’il se suffit à lui-même : il possède sa hiérarchie
sociale bien déterminée, allant du chef, ou roi ( ri ),
aux esclaves, ses biens communautaires, ses règlements, ses dieux mêmes [39] .
La conséquence de cette quasi-autarcie du tuath sur le plan de l’histoire des Celtes est assez remarquable, car cela explique
l’impossibilité d’unification politique qui a été le trait dominant des
Gaulois, des Bretons et des Irlandais, pour ne pas parler des Écossais
traditionnellement attachés à leurs clans. Les Celtes ne se sont jamais senti
le besoin de se grouper dans des complexes politiques étendus, puisque le tuath était un tout, pouvait tout régler par lui-même,
et si on a accusé les peuples celtiques de faiblesse politique, c’est qu’on ne
connaissait pas cette particularité. Les Celtes n’ont pas la notion d’état
comme nous pouvons l’avoir, au XX e  siècle,
surtout après des périodes de jacobinisme à la Rousseau. Ils ne l’avaient pas
non plus en face des Romains pour qui la notion d’état – presque totalitaire –
représentait la base de toute pensée et de toute activité. Bien entendu, sur le
plan pratique, cela a conduit les Celtes à des catastrophes dont la plus grave
a été leur disparition dans le jeu politique européen.
    Dans cette vaste compilation appelée le Livre des droits , écrite sur l’ordre de Cormac mac
Cuilennain, roi-évêque de Cashel, et qui fut tué en 903, nous comprenons
facilement l’origine de tels usages. Tout se passa comme si les Gaëls avaient
rêvé une société idéale et avaient essayé de l’appliquer sur une terre de
pâturages peu propice à la culture.
    Car tout est là : la situation particulière du droit
irlandais, plus primitif que le droit gallois, et par conséquent représentant
l’état antérieur du droit celtique, vient du fait que l’Irlande est une terre
pauvre par rapport à la Gaule ou même à l’île de Bretagne. On serait tenté de
dire que la société gaélique est une société pastorale et non pas une société
agricole. Pourtant, le terme n’est pas entièrement juste, car qui dit
« pastoral » dit « nomade ». Ce n’est pas le cas : les
Gaëls sont des sédentaires, solidement implantés dans les différentes régions
de l’Irlande. Seules les frontières entre les différents tuatha sont mouvantes, ce qui ne va pas sans
déclencher des guerres inexpiables, mais ce qui témoigne aussi d’une certaine
répugnance à assigner des limites fixes à un domaine relevant davantage de la
puissance morale du roi que de sa puissance réelle basée sur la force [40] .
    À la différence de la société romaine basée sur la
possession de la terre par un ou plusieurs titulaires, la société celtique, surtout
chez les Gaëls, est basée sur la possession commune de la terre, ce qui est
l’indice d’une organisation entièrement tournée vers l’élevage des troupeaux.
Comme chez les Germains et les Latins, la plus ancienne monnaie était le
bétail, considéré par conséquent comme la seule richesse de base. Si le terme
latin pecunia , de pecus ,
troupeau, désigne toujours la monnaie, au temps de César, il y a longtemps
qu’on évalue les richesses en terres, dans la Rome républicaine. Il n’en est
donc pas de même chez les Gaëls, et cela durera presque jusqu’à la conquête de
l’Irlande par les Anglo-Normands.
    En effet, le contrat féodal-type, que nous rencontrons en Irlande,
est un contrat

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