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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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C’est le lieu où s’accomplit la
fusion mystérieuse des êtres, sous les rayons recréants du soleil. Ainsi dans la Courtise d’Étaine (J. M., L’Épopée celtique d’Irlande , p. 47), l’héroïne,
transformée en insecte par une sorcière, est recueillie par le dieu Oengus qui
l’emmène dans sa « chambre de soleil » pour qu’elle se réconforte et
reprenne vie. Dans le récit des Aventures d’Art fils
de Conn ( Ibid. , p. 189), le héros est reçu par la reine des
fées de l’Île Mystérieuse, « en sa chambre de cristal : belle était
l’apparence de cette chambre, avec ses portes de cristal et ses cuves
intarissables, car bien qu’elles ne fussent jamais remplies, elles étaient
toujours pleines ». De même Grainné, archétype d’Yseult, et dont le nom
est l’équivalent du soleil, raconte comment elle est tombée amoureuse de Diarmaid :
« Dans ma chambre à la belle vue, à travers mes fenêtres de verre bleu, je
t’ai aperçu et je t’ai admiré. Et je tournai la
lumière de mes yeux sur toi ce jour-là , et depuis je n’ai jamais donné
mon amour à un autre que toi et je ne le ferai jamais » ( Ibid. ,
p. 159). Dans La Navigation de Maelduin ( Ibid. ,
p. 199), les héros accèdent par un « pont de verre » à une
forteresse où une fée leur distribue une nourriture et un breuvage merveilleux.
Notons également que la fée Viviane enferme Merlin dans un château d’air ou de verre , et que dans toute la tradition brittonique,
l’Autre Monde est souvent appelé Kaer Wydr ( Castrum Vitreum ). Chrétien de Troyes qualifie le
pays de Méléagant, ce dieu de la mort qui ravit Guenièvre, de Royaume de Gorre ou de Voirre (verre), et dans son Érec et Énide il insiste
« Maheloas (= Maelwas-Méléagant), un haut baron, le sire de l’Île de
Verre. En cette île il n’hiverne ni ne fait trop chaud ; on n’y entend
jamais le tonnerre, on n’y voit foudre ni tempête, et bots et serpents n’y
séjournent. » La chambre de cristal où Tristan veut emmener Yseult est
évidemment l’image du Paradis, puisque l’amour de Tristan et Yseult vise
essentiellement à réactualiser la situation paradisiaque primitive.
    [363] D’après la version de Thomas. Dans les autres versions, il s’agit
d’une grotte qui est gardée par le géant Beliagog que Tristan a vaincu en combat
singulier et qui lui a juré fidélité. Par opposition à la « chambre de
Cristal », image d’un paradis céleste et solaire , la Salle ou la Grotte aux Images est une
sorte de paradis transitoire où Tristan s’efforce de recréer solitairement la
situation originelle, mais au lieu d’être céleste, cette salle est terrestre,
emprisonnée dans la matière. Néanmoins le motif est dans la lignée de la grotte
du Serpent Crêté et de la Caverne où Gottfried de Strasbourg fait se réfugier
les deux amants. Il y a aussi une salle aux images dans l’histoire de Lancelot
du Lac : celui-ci, prisonnier de Morgane, peint sur les murs de sa chambre
les souvenirs de ses amours avec Guenièvre ( La Mort
le Roi Artu ).
    [364] C’est là que Thomas intercale une réflexion intéressante quant aux
sources de la légende : il reproche à certains auteurs d’avoir inventé la
fin de l’histoire, « ils s’écartent ici de Bréri qui enregistre gestes et contes de tous les rois, de tous les comtes qui
vécurent en Bretagne ». Encore une fois nous butons sur une
difficulté : s’agit-il de l’île de Bretagne ou de la Bretagne
armoricaine ? Cependant, il est à peu près certain que Breri est un personnage authentique, car il y a de
nombreux témoignages sur son existence dans des textes différents, sous les
formes Breri, Bleri, Blédri, Bledhri et Bledhericus .
C’est un Gallois, Giraud de Cambrie, auteur du début du XIII e  siècle, qui se réfère à lui.
« Bledhericus, ille famosus fabulator » ( Descriptio
Cambriae , chap. XVII). Joseph Loth a démontré que «  Breri est sûrement le Bledhericus de Giraldus Cambrensis : il représente le nom bien gallois de Bled-ri,
avec un d spirant. La graphie de Giraldus
représente, en faisant abstraction de la terminaison analogique en icus , la prononciation galloise » ( Mab. I, 73). D’autre part, on trouve mention du personnage dans la Seconde Continuation de Perceval (version du mss. de
Londres) : « Comme le conte Bleheris qui fut né et élevé en Galles, dont je sais le conte, et qui le contait au
comte de Poitiers qui aimait

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