La Femme Celte
lui a
enseigné le chant et la harpe.
[380] Le thème est repris dans la version allemande de Gottfried de
Strasbourg qui fait d’une caverne le refuge de Tristan et Yseult, tandis que
les auteurs français les font aller dans la forêt de Morois. Mais ici, il ne
semble pas que l’union sexuelle de Diarmaid et Grainné soit consommée. C’est
dans une autre grotte, alors qu’ils seront vraiment des amants, qu’ils se
feront surprendre par Finn.
[381] Dans le Tristan de Béroul, Dieu
protège sans cesse les amants, comme s’ils n’étaient pas coupables. Ici, c’est
l’obligation du père nourricier envers son fils adoptif.
[382] Dans le Tristan de Béroul, c’est le
désespoir et la mélancolie qui saisissent Tristan et Yseult après le terme des
trois ans, durée d’action du philtre. Le texte de Béroul fait parler Tristan à
peu près comme Diarmaid (cf. Revue celtique , XXXIII, p. 54), et on
peut penser que la source est la même pour le poème irlandais du
« Reproche de Diarmaid » et pour le récit de l’auteur français.
[383] Anecdote qu’on retrouve telle que dans le Tristan de Thomas, à la seule différence que c’est Kaherdin, frère d’Yseult aux
Blanches Mains, qui marche à côté de celle-ci, et qui apprend ainsi que le
mariage de sa sœur et de Tristan n’a pas été consommé. Cette identité
d’épisodes n’est assurément pas une coïncidence.
[384] Une autre version dit que Diarmaid avait fait prisonnier Oisin et
l’avait emmené dans la grotte. Oisin avait, taillé des copeaux et les avait
lancés dans le ruisseau pour indiquer à Finn l’endroit où il était captif. De
toute façon le thème des copeaux ou des détritus dans l’eau du ruisseau est
encore un thème commun à la légende de Diarmaid et à celle de Tristan et
celui-ci se sert des copeaux jetés dans le ruisseau pour donner rendez-vous à
Yseult. Là encore, il est très difficile de parler de coïncidence.
[385] Aucun texte irlandais ne parle d’une interdiction selon laquelle Finn
ne pourrait pas tuer Diarmaid. Après tout, Diarmaid a rompu son serment de
fidélité envers son roi. Mais dans tous les textes, Finn tient à rester en
dehors de la mort de Diarmaid : il en arrive même à dire, après la mort de
Diarmaid, que cette mort n’est la faute d’aucun des Fiana ,
bien qu’Oengus puisse les en accuser. Il semble que seul l’épisode gallois du Tristan donne l’explication de cette attitude de
Finn. Il sait qu’il ne peut pas tuer lui-même Diarmaid sans risquer sa propre
vie. D’où la casuistique invraisemblable de ses raisonnements et de ses actions.
[386] C’est l’équivalent de l’épisode de Husdent dans la forêt de Morois,
d’après le Tristan de Béroul : lorsque
Tristan et Yseult sont cachés dans la forêt, le chien de chasse de Tristan,
Husdent, retrouve la trace de son maître et fait retentir les bois de ses cris.
Tristan se demande s’il ne va pas tuer l’animal qui risque de les trahir, mais
sur les conseils d’Yseult, il dresse Husdent à chasser sans aboyer. Même si les
circonstances sont différentes, le thème est le même, et ce n’est pas non plus
une coïncidence.
[387] Il y a identité entre la mort de Tristan, victime d’une blessure
empoisonnée reçue au cours d’une guerre qu’il n’a pas voulue mais où il a été
entraîné par suite d’un véritable geis (la menace sur l’honneur évoquée
par Tristan le Nain), et la mort de Diarmaid, conduit à cette chasse malgré
lui, sous la contrainte des geisa , et victime,
lui aussi, d’une blessure empoisonnée.
[388] Encore une identité entre Diarmaid et Tristan : la guérison
arrive trop tard. Pourtant Finn, comme Yseult, avait le pouvoir de guérir. La
mauvaise volonté de Finn fait pendant à la tempête et au calme plat qui
empêchent Yseult d’arriver à temps.
[389] C’est évidemment la version qui se rapproche le plus de Tristan , et la plus conforme à la logique de
l’histoire. Car comment admettre que Grainné, qui a manifesté sa haine contre
Finn et son amour pour Diarmaid au point de renoncer à tout, puissance,
richesse, tranquillité, puisse se réconcilier avec Finn et vivre avec
lui ?
[390] Voir la liste impressionnante des geisa de Conairé dans J. M., L’Épopée celtique d’Irlande , p. 177.
Voir aussi ibid ., p. 131-137, le récit de La Mort de Cûchulainn .
[391] Ces avertissements constituent d’ailleurs un véritable geis qui
engage la destinée de
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