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La Femme Celte

La Femme Celte

Titel: La Femme Celte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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signifiant « ours », est représentée assise devant un
gros ours près d’un arbre aux branches courtes, avec, à côté d’elle, sur une
petite colonne, un panier rempli de fruits. On s’est posé la question de savoir
si cette divinité était ou une protectrice des chasseurs d’ours, ou bien une
protectrice des ours. Faux problème, répétons-le, car les divinités, comme les
saints du christianisme, ont commencé par être des « signifiants ».
D’ailleurs, le fait que cette déesse Artio soit assise à côté d’un panier de
fruits, et que l’ours soit à égalité, semble-t-il, avec elle, nous indique
qu’il s’agit plutôt d’une déesse de l’abondance, c’est-à-dire une déesse mère
de toute vie et de toute nourriture. C’est encore une Notre-Dame de la Nuit.
    En fait la déesse à l’ours est aussi rare dans la mythologie
littéraire que dans l’iconographie des Celtes [108] .
Il est probable qu’elle a été très tôt remplacée par un« dieu-ours ».
On notera en particulier certains surnoms de Mercure dit « Artaios ».
Mais une figure mythologique célèbre, tardive il est vrai, doit retenir notre
attention, celle du roi Arthur, dont l’Europe médiévale a fait si grand usage
dans sa littérature courtoise. Le nom d’Arthur peut provenir de la racine
indo-européenne ar , « labourer », ou
bien du mot gaulois signifiant « ours », comme la déesse Artio (bret.
arm. arz ). On a proposé une origine romaine à
ce nom d’Arthur, dont la forme primitive aurait été arctus ou Arcturus. Mais arctus désigne la petite et la grande Ourse, et Arcturus est le nom de l’étoile du Bouvier : tout cela nous ramène à la racine
signifiant « ours ». Étant donné que le roi Arthur de nos légendes
est un roi cocu et bafoué, et que selon la conception celtique, la véritable
souveraineté est symbolisée par son épouse Guenièvre ( Gwenhwyfar dans les textes gallois, c’est-à-dire
« blanc fantôme ») et que la dite Guenièvre lui est souvent ravie –
en permanence par Lancelot du Lac, amant de la Reine, et parfois par Méléagant,
roi de l’Autre Monde, ou par Mordret neveu et fils d’Arthur –, on est en droit
de se demander si Arthur n’est pas une transcription tardive et paternaliste d’une ancienne notion de divinité
féminine à l’ours, ou tout simplement de déesse-ourse.
    Il n’en reste pas moins vrai que la figure d’Arthur est à
peu près inexplicable. Beaucoup d’interpolations et de mélanges l’ont rendue
complexe et l’ont altérée. Disons simplement qu’il devait y avoir une
déesse-ourse, et que celle-ci s’est estompée dans la mémoire des Celtes,
laissant place à d’autres notions plus confuses.
DANS LA PORCHERIE
    Par contre, le thème du sanglier va nous permettre de rencontrer
un des aspects de Notre-Dame de la Nuit qui, jusqu’ici, n’a jamais été compris
par les mythologues. Le sanglier est souvent représenté dans la statuaire
gallo-romaine et même gauloise. Les monnaies gauloises de diverses provenances
abondent en figurations de sangliers. Les emblèmes des guerriers sont souvent
des sangliers. Il y a des inscriptions en l’honneur de Mercure Moccus , où nous retrouvons le nom gaulois du
sanglier ou du porc (bret. arm. moc’h ). Il y a
surtout une statuette de la déesse Arduinna, dont le nom évoque
irrésistiblement les Ardennes où elle a d’ailleurs été découverte, et qui
représente une femme, sous les traits de Diane chasseresse, chevauchant un
sanglier. Le nom d’Arduinna semble à première vue se référer à Artos l’ours, mais la figuration ne laisse aucun
doute. Et il est intéressant de constater que la déesse est figurée sous les
traits de Diane, qui est, nous le verrons, la déesse-mère antique des
Indo-Européens. Or si nous comparons les images d’Épona montée sur un cheval et
assimilée plus ou moins à une Jument avec cette image d’Arduinna, force nous
est de conclure que cette déesse au sanglier a
dû être aussi une déesse-sanglier, ou plutôt une déesse-laie. Des traditions
archaïques, voire préhistoriques, disséminées dans des textes gallois vont nous
le confirmer.
     
    La Naissance de
Kulhwch (Pays de Galles) : « Kilydd, fils du prince Kelyddon,
voulut une femme pour partager sa vie. Son choix tomba sur Goleuddydd (= jour
brillant), fille du prince Anllawd. Quand ils furent sous le même toit, le pays
se mit à prier pour qu’ils eussent un héritier, et,

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