La Femme Celte
encore bien mystérieuses,
des structures celtiques reconnaissables ; les îles Britanniques dans leur
totalité, enfin. Mais il est nécessaire de ne pas oublier l’ensemble alpin et
ses régions limitrophes qui ont été peuplées de Celtes, même de façon
sporadique.
On sait que les Celtes, comme tous les autres
indo-européens, venaient de la grande plaine centrale asiatique. Quelques
peuples appartenant à cette race indo-européenne primitive sont allés vers les
vallées de l’Indus et du Gange ou vers les hauts plateaux de l’Iran, et cela à
une époque très ancienne. À l’âge néolithique, une masse indo-européenne a
migré vers l’ouest en suivant la grande plaine de loess de l’Europe du Nord qui
prolongeait la plaine asiatique, et qui semble l’axe le plus caractéristique le
long duquel pouvait essaimer une population qui commençait à vivre de
l’agriculture et de l’élevage.
Et l’essaimage s’est produit à de multiples reprises, au fur
et à mesure que les conditions de vie s’amélioraient et que la population
augmentait. C’est ainsi que partant d’une base située vraisemblablement sur le
pourtour des Carpathes, une première vague d’Hellènes alla s’établir sur les
rives de la Mer Égée ce furent les fameux Achéens tant célébrés dans les poèmes
homériques. À la même époque, un autre groupe migra à la fois vers l’ouest et
le sud en passant par une base intermédiaire que l’on peut situer dans le Harz.
À l’ouest, ce furent les Goidels, ou Gaëls, que nous retrouvons très tôt en
Irlande, sans trop bien savoir en quels autres lieux ils auraient pu s’établir.
Au sud, ce furent les Italiotes, parmi lesquels les Osques, les Ombriens et les
Latins, qui allaient plus ou moins s’amalgamer aux populations étrusques déjà
installées dans la péninsule italienne.
Ces émigrations peuvent être datées des périodes moyenne et
finale de l’âge du bronze, c’est-à-dire de 1500 à 900 av. J.-C. Au point
de vue archéologique, cela concorde avec la civilisation dite des « Champs
d’Urnes », ainsi appelée parce qu’elle se caractérise par la coutume, de
l’incinération des morts et de l’utilisation des urnes funéraires. On voit que
parmi ces peuples indo-européens en pleine dislocation, les Celtes sont représentés
par les Gaëls, ces mystérieux Gaëls, que nous trouvons installés à l’extrême
occident de l’Europe. Mais la question se pose de savoir si cette première
vague celtique ne s’est pas établie ailleurs. Le bon sens, d’ailleurs, nous
obligerait à le prétendre, mais il n’y a aucune possibilité de le prouver dans
l’état actuel des choses. On peut seulement déduire de l’étude des langues
indo-européennes quelques constatations qui sont assez curieuses et qui
risqueraient de remettre en cause l’opinion établie quant à la proto-histoire
de l’Europe.
En effet, si l’on compare certains mots anciens provenant
d’une même racine indo-européenne contenant le son QU, on s’aperçoit qu’ils ont
gardé ce son QU chez certains peuples et que, chez d’autres, le son QU est
devenu P. On a tiré de cette constatation la ligne de partage entre Celtes dits
gaéliques (ayant gardé le QU) et Celtes dits brittoniques (chez lesquels QU est
devenu P). On en arrive à cette conclusion : les peuples qui ont gardé le
son QU se sont séparés très tôt de la masse indo-européenne, c’est-à-dire à
l’âge du bronze, tandis que ceux qui ont changé le QU en P ont accompli cette
transformation alors qu’ils se trouvaient encore confondus dans la masse
indo-européenne, et ont émigré après ,
c’est-à-dire à l’âge du fer. Ainsi les Hellènes Achéens qui parlaient une langue
archaïque, dont le ionien reste le souvenir, appartenaient-ils à la civilisation
du bronze et ont été défaits ensuite par une nouvelle vague d’Hellènes, les
Doriens, qui connaissaient le fer, et dont la langue avait subi la mutation du
QU en P. De même les Latins et les Gaëls, qui présentent une langue archaïsante
avec des sons en QU, sont-ils des émigrés de la première heure, tandis que
certains peuples italiotes (les Sabins particulièrement) et la plus grande
partie des Celtes (Gaulois, Belges et Bretons) font partie de la seconde vague
d’envahisseurs, possédant l’usage du fer et ayant subi la mutation du QU en P. L’exemple
le plus significatif est celui du nombre cinq ; il se dit πέντε
en grec,
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